Femmes en position de pouvoir : « il faut un tremblement de terre »
La première mairesse de Winnipeg, Susan Thompson, est « d'humeur révolutionnaire ».

« Dans mon cas, il s’agissait d’une vocation, d’un appel du destin, affirme l'ancienne mairesse de Winnipeg, Susan Thompson. C’était mon destin. »
Photo : Radio-Canada / Warren Kay
Élue à deux reprises comme mairesse de Winnipeg, de 1992 à 1998, Susan Thompson est la première et seule femme à avoir occupé ce poste dans l’histoire de la capitale manitobaine.
Afin de souligner le 30e anniversaire de son arrivée au pouvoir, des amis et des supporters ont lancé un fonds de bourses d'études en son nom, récoltant 300 000 $ jusqu’ici.
On souhaite aider les femmes en quête de positions de leadership à accéder à l’université
, explique Susan Thompson.
Que ce soit pour un organisme à but non lucratif, un parti politique, peu importe! Si vous êtes une femme inspirée par le leadership, on va vous aider à aller à l’université.
« On dit que le changement survient graduellement ou à partir d’une révolution. Je suis d’humeur révolutionnaire ces temps-ci. Il nous faut un tremblement de terre. »
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Les élections municipales de 2022 au Manitoba ont vu 22 femmes élues à la tête des conseils municipaux. Il s’agit d’un record historique pour la province, mais Winnipeg n’a pas participé à cette percée.
Dans la capitale manitobaine, le maire Scott Gillingham a nommé Destiny Watt au poste de cheffe de cabinet.
Je n’ai clairement pas brisé le plafond de verre. Je l’ai à peine fissuré
, observe l’ancienne mairesse.
Barrières systémiques
L’arrivée au pouvoir de Susan Thompson a visiblement déplu dans la scène politique manitobaine.
Un animateur radio réputé lui a déjà demandé qui serait son chaperon dans le contexte de ses engagements publics.
J’ai dit que j'allais voir si Tom Selleck était libre.
Lors de son assermentation, les membres du corps de cornemuse ont refusé de l’accompagner jusqu’au conseil. Un seul cornemuseur s’est manifesté.
Deux membres du conseil ont refusé de la rencontrer pour un dîner, à ses frais, prétextant qu’il s’agissait d’un pot-de-vin.
Les conseillers voulaient rendre ma vie si misérable que je démissionnerai avant la fin de mon premier mandat
, relate Susan Thompson. Mission non accomplie.
Une triste réalité
Beaucoup de femmes ne veulent pas exposer leurs familles et leurs enfants aux flots de critiques virtuelles sur les réseaux sociaux, selon l’ancienne mairesse.
Professeure agrégée en études politiques et en études de genre à l’Université de Brandon, Kelly Saunders cite notamment l’agression verbale subie par Chrystia Freeland, au mois d’août, ou le triste record détenu par Rachel Notley, la politicienne ayant reçu le plus grand nombre de menaces alors qu’elle était au pouvoir.
Conseillère municipale à Old Kildonan depuis 2010, Devi Sharma a rencontré Susan Thompson en 1995, alors qu’elle était adjointe à l’hôtel de ville. Elle a immédiatement été inspirée
par la mairesse.
« Elle a frayé un chemin pour les femmes comme moi. »
Politicienne d’expérience, Devi Sharma reconnaît les barrières systémiques de type boys club
qu’ont dû subir des femmes comme Susan Thompson.
Il nous reste beaucoup de chemin à parcourir. Nous avons besoin de plus de femmes issues de la diversité au sein des instances décisionnelles.