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Les Ukrainiens célèbrent la libération de Kherson sur fond de déminage

Un homme et une femme s'embrassent avec, autour de leurs épaules, un drapeau ukrainien.

Des résidents de Kherson qui s'étaient réfugiés dans la ville d'Odessa célèbrent la libération de leur ville, annexée à la Russie en septembre.

Photo : Reuters / STRINGER

Agence France-Presse

Au lendemain de la reprise de la ville de Kherson par les Ukrainiens, la police était sur place samedi pour déminer et documenter des « crimes » imputables à Moscou. La perte de la grande ville du sud du pays constitue un revers de taille pour le Kremlin.

Pour Kiev, l'Occident est sur la voie d'une victoire commune sur la Russie après la reprise de Kherson, où l'hymne national ukrainien a retenti vendredi après le retrait des troupes russes.

Kherson, annexée fin septembre par Moscou, avait été la première grande ville à tomber après l'invasion russe déclenchée fin février.

Sur des images diffusées par les forces armées de Kiev, on voit au loin, dans l'obscurité, des Ukrainiens dansant une ronde autour d'un feu, au rythme de Chervona Kalyna, un chant patriotique.

À l'extérieur de Kherson, dans le village de Pravdyné, les habitants de retour serrent leurs voisins dans leurs bras. Certains ne peuvent retenir leurs larmes.

Une femme dans les bras d'un soldat avec un bouquet de fleurs.

Valentyna Buhaiova, résidente de Kherson, enlace un soldat après que l'armée ukrainienne eut repris le contrôle de la ville, annexée par la Russie en septembre.

Photo : Reuters / VALENTYN OGIRENKO

La victoire, enfin! dit Svitlana Galak à l'Agence France-Presse (AFP). Merci mon Dieu, nous sommes enfin libérés et désormais, tout va retrouver sa place, poursuit cette femme de 43 ans qui a perdu son fils aîné au combat.

Nous sommes l'Ukraine, renchérit son mari, Vikor, 44 ans.

Déminer et documenter les « crimes » russes

Nous sommes tous fous de joie, a déclaré samedi le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, qui a aussi fait état d'importantes destructions dans la région.

Avant de fuir Kherson, les occupants ont détruit toutes les infrastructures essentielles – communication, fourniture d'eau, de chauffage, électricité, a-t-il ajouté, précisant en outre que 2000 engins explosifs avaient été neutralisés.

Selon lui, les forces armées ukrainiennes ont repris le contrôle de près de 60 localités dans la région de Kherson.

Après huit mois d'occupation par les forces russes, les émissions de la télévision nationale sont de nouveau diffusées à Kherson. Et le fournisseur d'énergie de la région a annoncé qu'il travaillait à rétablir l'approvisionnement en électricité.

Quelque 200 policiers ont également été déployés à Kherson pour mettre en place des barrages et documenter les crimes des occupants russes, a annoncé le chef de la police nationale, Igor Klymenko, dans un communiqué.

Il a également recommandé aux habitants de la ville de se déplacer avec précaution en raison de la présence d'engins explosifs laissés par les forces russes. Selon M. Klymenko, un policier a été blessé lors d'une opération de déminage dans un bâtiment à Kherson.

Une femme et deux enfants ont été blessés par une explosion près de leur voiture dans le village de Mylove, dans la région de Kherson, selon la police, qui a aussi fait état de bombardements russes sur le district de Berislav.

Une « victoire extraordinaire »

Très peu de gens croyaient que l'Ukraine survivrait, a déclaré le chef de la diplomatie ukrainienne, Dmytro Kouleba, lors d'une rencontre avec le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, en marge d'un sommet de l'Asie du Sud-Est à Phnom Penh.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba.

Le ministre ukrainien des Affaires étrangères, Dmytro Kouleba, lors d'une conférence de presse au sommet de l'Association des nations de l'Asie du Sud-Est (ASEAN) à Phnom Penh.

Photo : Getty Images / TANG CHHIN SOTHY

« Ce n'est qu'ensemble que nous pourrons l'emporter et chasser la Russie d'Ukraine. Nous sommes sur la bonne voie, et notre victoire sera notre victoire commune. »

— Une citation de  Dmytro Kouleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères

Le retrait russe de Kherson marque un nouvel échec stratégique de la part de Moscou, s'est réjoui le ministre de la Défense britannique, Ben Wallace, dans un communiqué samedi.

Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président américain, Joe Biden, a qualifié de victoire extraordinaire, tout à fait remarquable, la reprise de la ville par l'armée de Kiev.

Ce repli russe est le troisième d'ampleur depuis le début de l'invasion le 24 février, la Russie ayant dû renoncer au printemps à prendre Kiev face à la résistance acharnée des Ukrainiens, avant d'être chassée de la quasi-totalité de la région de Kharkiv en septembre.

Notre     dossier Guerre en Ukraine

Enfin ma ville libre

Vendredi soir, sur l'emblématique place Maïdan de Kiev, des habitants de Kherson réfugiés depuis des mois dans la capitale ont fêté la nouvelle dans la liesse.

Enfin ma ville libre, celle où je suis née, où j'ai vécu toute ma vie, disait les larmes aux yeux Nastia Stepenska, les couleurs nationales peintes sur les joues. Quand ils [les Russes] sont arrivés, c'était l'horreur, on ne savait pas ce qu'il se passerait le jour d'après si on restait en vie, a témoigné la lycéenne de 17 ans, qui confiait être en état de choc.

Plus tôt vendredi, le ministère russe de la Défense avait annoncé avoir achevé le redéploiement de ses unités de la rive droite (occidentale) du Dniepr, sur laquelle se trouve Kherson, vers la rive gauche, assurant n'avoir subi aucune perte ni abandonné de matériel militaire.

Un militaire tire avec un canon automatique.

Un militaire ukrainien tire avec un canon automatique antiaérien sur une ligne de front dans la région de Kharkiv, le 11 novembre 2022.

Photo : Getty Images / STRINGER

Selon Moscou, plus de 30 000 soldats russes et près de 5000 unités d'armements et de véhicules militaires ont été retirés de la rive occidentale du Dniepr.

Ce repli a toutefois tout d'un camouflet, Vladimir Poutine ayant revendiqué fin septembre l'annexion de quatre régions ukrainiennes, dont celle de Kherson.

Samedi, le président russe s'est entretenu avec son homologue iranien, Ebrahim Raïssi, au moment où Téhéran apparaît comme un allié majeur de Moscou dans son intervention en Ukraine.

Les deux dirigeants ont mis l'accent sur une intensification de la coopération dans les domaines politique, économique et commercial, a mentionné le Kremlin.

De son côté, l'ancien président russe Dmitri Medvedev a agité la menace de l'arme nucléaire.

Pour des raisons qui sont évidentes pour tous les gens raisonnables, la Russie n'a pas encore fait usage de tout son arsenal de moyens de destruction possibles, a-t-il écrit sur Telegram, en précisant : Il y a un temps pour tout.

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