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Oui au chauffage au bois, à condition de ne pas faire n’importe quoi

Les foyers au bois génèrent une source importante de contaminants dans l’atmosphère.

Les foyers au bois génèrent une source importante de contaminants dans l’atmosphère.

Photo : iStock

Sous ses apparences de charme et de réconfort, le chauffage au bois résidentiel cache un enjeu environnemental et de santé publique aux effets potentiellement mortels et souvent méconnus du grand public. Il existe pourtant des gestes simples à poser qui permettent de se chauffer en toute sécurité, sans mettre sa santé et celle d’autrui en danger.

Au Québec, le chauffage au bois résidentiel demeure année après année la principale source d’émission de particules fines attribuables aux activités humaines.

Pas étonnant dans ce cas qu’il soit aussi responsable de la plupart des épisodes de smog à survenir en hiver. C’est la période de l’année où les appareils de chauffage au bois sont les plus sollicités.

Effets sur la santé

Les poêles et chaudières au bois émettent dans l’atmosphère des contaminants dommageables pour la santé. Lorsque leur concentration dans l’air est trop élevée, les particules fines issues de la fumée de bois sont associées à une irritation des voies pulmonaires, à une aggravation des maladies cardiorespiratoires et à une mortalité hâtive.

Ces émissions de particules sont des irritants absolument très, très dommageables et très incapacitants pour les gens qui, par exemple, ont des maladies pulmonaires ou souffrent de maladies cardiaques, indique en entrevue à Radio-Canada le président de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), André Bélisle.

Portrait d’André Bélisle.

André Bélisle insiste sur l’importance d’utiliser un appareil de chauffage au bois certifié et de ne pas s’en servir lorsqu’un avertissement de smog est en vigueur (archives).

Photo : Claude Bouchard, photographe.

En hiver, certains phénomènes météorologiques nuisent à la dispersion de ces polluants dans l’atmosphère. C’est particulièrement le cas des inversions thermiques, dont les effets se font surtout ressentir à basse altitude.

On parle d’inversion thermique lorsque l’air le plus chaud, normalement plus près du sol, grimpe en altitude et se retrouve au-dessus d’une couche d’air froid.

Risques de la fumée de bois sur la santé

La fumée de bois peut entraîner :

  • des nausées
  • des étourdissements
  • des maux de tête
  • une irritation des yeux, du nez ou de la gorge

Elle peut aussi aggraver l'asthme et d'autres problèmes respiratoires.

Source : Santé Canada

L’air froid étant plus dense, donc plus lourd, ne monte pas en altitude. Il empêche ainsi la dispersion verticale des particules fines générées au sol, que ce soit par le chauffage au bois, le trafic automobile ou les activités industrielles.

La fumée reste trappée

Avec le réchauffement de la planète, l'air se réchauffe en haute altitude et, régulièrement, l'hiver va [contenir] l’air froid et la pollution de l'air causée par la combustion du bois et autres [sources] en basse altitude, explique André Bélisle.

« Lorsqu'il y a des inversions thermiques, la fumée reste trappée, vraiment, à la hauteur du nez, si on veut. »

— Une citation de  André Bélisle, président, AQLPA

Les effets du chauffage au bois sur la pollution atmosphérique ont amené le gouvernement du Québec, à l’instar d’autres juridictions, à imposer des certifications environnementales aux fabricants d’appareils.

Depuis le 1er septembre 2009, tous les appareils neufs de chauffage au bois vendus au Québec sont certifiés.

En fonction de l’année de construction, un poêle à bois certifié peut émettre aussi peu que 2,5 grammes de particules fines à l’heure, tandis qu’un poêle non certifié peut générer entre 60 et 100 grammes, si l’on se fie aux taux d’émissions publiés sur le site Internet de la Ville de Québec (Nouvelle fenêtre).

Interdits les jours de smog

Au cours des dernières années, la Ville de Québec a adopté différents règlements visant à réduire les conséquences du chauffage au bois résidentiel sur la pollution atmosphérique. Depuis le 1er septembre 2021, l’utilisation de tout appareil de chauffage à combustible solide, même certifié, est interdite à Québec lorsqu’un avertissement de smog est en vigueur.

De plus, à compter du 1er septembre 2026, tous les appareils de chauffage au bois situés sur le territoire de la Ville de Québec ne détenant pas la certification CSA (Canadian Standards Association) ou EPA (Environmental Protection Agency) devront être remplacés.

Le quartier Limoilou photographié depuis la Haute-Ville de Québec lors d’une journée d’hiver au cours de laquelle un avertissement de smog est en vigueur.

Neuf des quinze jours de smog recensés à Québec en 2021 sont survenus en période hivernale (archives).

Photo : Radio-Canada / Cimon Leblanc

Ce type d'initiative contribue à améliorer la qualité de l’air, croit André Bélisle

Les vieux poêles à bois à combustion lente, les poêles des années 90, sont les pires poêles. Ils brûlent lentement parce qu'ils brûlent mal. Ils brûlent mal le bois et ça fait qu'il y a beaucoup plus d'émissions de particules, donc c'est pour ça qu'on vise à éliminer tous les poêles à combustion lente et à interdire le chauffage au bois lors des épisodes de smog, souligne le président de l’AQLPA.

La Ville de Québec estime qu’il y a 25 000 appareils de chauffage au bois sur son territoire. De ce nombre, elle évalue à entre 10 % et 30 % la proportion d’appareils non certifiés, soit entre 2500 et 7500 appareils.

Aide financière

Pour aider les propriétaires d’un appareil de chauffage au bois non certifié qui souhaitent le remplacer ou le retirer avant l’entrée en vigueur du règlement, la Ville de Québec a mis sur pied un programme de subvention.

Les citoyens pourront obtenir un remboursement allant jusqu’à 90 % du coût d’achat d’un nouvel appareil de chauffage certifié fonctionnant au bois ou aux granules, et ce, pour un montant maximum de 1000 $. Les propriétaires qui souhaitent uniquement procéder au retrait de leur vieil appareil auront droit à une subvention de 100 $.

Nous souhaitons aider les résidents à pouvoir remplacer ou retirer les appareils de chauffage au bois qui ne sont pas certifiés. La pollution que peuvent entraîner ces pratiques est préoccupante et il est essentiel que chacun contribue à la limiter, a indiqué plus tôt cette semaine la vice-présidente du comité exécutif responsable de l’environnement à la Ville de Québec, Marie-Josée Asselin.

« Il est primordial que chacun d’entre nous respecte les normes environnementales en vigueur pour assurer une meilleure qualité de vie à tous les citoyens de Québec. »

— Une citation de  Marie-Josée Asselin, vice-présidente du comité exécutif responsable de l’environnement

Depuis la mise en place du programme de subvention de la Ville de Québec, 387 appareils non certifiés ont été retirés ou remplacés.

Une personne met une bûche dans un poêle à bois.

La Ville de Québec estime qu'il y a 25 000 appareils de chauffage au bois sur son territoire.

Photo : iStock

La Ville de Québec a de bonnes raisons pour s’attaquer à la pollution générée par les vieux appareils de chauffage au bois.

Selon des données compilées par le ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs (MELCCFP), c’est dans la région de la Capitale-Nationale qu’on a recensé le plus grand nombre de jours de smog au cours des deux dernières années.

En 2021, le MELCCFP a recensé 15 jours de smog dus aux particules fines dans la Capitale-Nationale. C’est deux fois plus qu’à Montréal, où sept jours de smog ont été enregistrés au cours de la même période.

Nombre de jours de smog dus aux particules fines et à l’ozone en 2021, par région administrative

  • Capitale-Nationale : 15
  • Abitibi-Témiscamingue : 8
  • Centre-du-Québec : 7
  • Montréal : 7
  • Lanaudière : 6
  • Montérégie : 6
  • Saguenay–Lac-Saint-Jean : 5
  • Chaudière-Appalaches : 4
  • Estrie : 4
  • Laval : 4
  • Mauricie : 4
  • Laurentides : 3
  • Outaouais : 2
  • Bas-Saint-Laurent : 1

Source : Ministère de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs

À noter que 9 des 15 jours de smog survenus dans la Capitale-Nationale en 2021 ont été répertoriés durant la période hivernale (de novembre à avril). Le ministère de l’Environnement y voit un bon exemple de l’impact du chauffage au bois résidentiel sur la qualité de l’air.

Origine locale

Sur ces neuf jours de smog, un seul a eu une portée au-delà du territoire de la ville de Québec, ce qui démontre que la plupart de ces épisodes sont d’origine locale, peut-on lire sur le site Internet du Ministère (Nouvelle fenêtre).

En plus des phénomènes météorologiques tels que les températures froides et les inversions thermiques, des facteurs liés à la topographie peuvent faciliter ou nuire à la dispersion horizontale des particules fines.

Chauffage aux granules de bois

Avec un taux d'émission allant de 1 à 2,5 grammes/heure, les poêles à granules sont les appareils de chauffage au bois les moins polluants.

Photo : iStock

À titre d’exemple, dans une vallée, les montagnes avoisinantes ont tendance à bloquer les vents. Ceux-ci passent alors au-dessus des montagnes, empêchant ainsi la dispersion des polluants émis au creux de la vallée. Selon André Bélisle, Québec n’échappe pas à ce phénomène.

Si on est à Sainte-Foy, bien on est exposé au vent et il y a moins de problèmes que si on est en Basse-Ville. Il y a aussi des jours où il ne vente pas et là, bien, toute la région peut être couverte par ce dôme de smog, explique le président de l’AQLPA.

Il ajoute que le smog peut recouvrir de vastes territoires. Il garde en mémoire un épisode au cours duquel le sud du Québec en entier, du Saguenay–Lac-Saint-Jean jusqu’aux frontières avec l’Ontario et les États-Unis, s’était retrouvé sous une importante accumulation de concentrations élevées de particules fines.

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