Adib Alkhalidey plonge dans sa vulnérabilité avec l’album Pour tuer le temps

«Pour tuer le temps» est le deuxième album d'Adib Alkhalidey.
Photo : Radio-Canada/Olivier Lalande
Alors que sa tournée Québécois Tabarnak connaît un vif succès, Adib Alkhalidey troque l’humour contre la musique, le temps de la sortie de Pour tuer le temps, vendredi, son second album en carrière.
Cette fois, l’artiste s'affranchit de son pseudonyme Abelaïd, sous lequel il avait lancé Les cœurs du mal en 2020. Il conserve cependant toute la puissance et l’émotion qui ont caractérisé son premier opus.
J’aime créer de l’art, j’aime la création artistique. C’est ce que je fais dans la vie; c'est là-dedans que je pense avoir une certaine utilité. C’est juste plus simple pour moi de dire : je suis un artiste et je m’appelle Adib Alkhalidey
, a-t-il expliqué en entrevue à Radio-Canada.
Si Adib Alkhalidey a toujours donné dans l’humour qui fait réfléchir, son incursion dans la musique détonne malgré tout par sa profondeur et son intensité. On y entend l’artiste chanter la mélancolie d’une voix grave, parfois rauque, qui rappelle la chanson française.
Un scientifique fou
de la musique
Piano, synthétiseur, batterie : les trames sonores de Pour tuer le temps, souvent chargées, parfois pesantes, ont été réalisées en grande partie par Adib Alkhalidey. J’ai un côté un peu scientifique fou en studio. Je passe des heures et des heures et des heures tout seul à explorer, à gosser avec les instruments
, raconte le musicien.
Il explique qu'il a un rapport intuitif
à la musique, misant sur un processus de création immersif plutôt que sur une intention précise.
C’est très mystérieux pour moi de composer de la musique et de produire en studio. Quand je finis, souvent, j’entre en contact avec le Adib du quotidien, et là, je me rends compte que celui qui était en studio, c’est quelqu’un que je ne connais pas tant que ça
, raconte-t-il.
« Généralement, si ça fait du bien de le chanter, c’est qu’on a besoin de le mettre au monde. "On" étant moi et les nombreuses facettes de ma personnalité. »
La vulnérabilité d’Adib
Avec son album Pour tuer le temps, Adib Alkhalidey n’hésite pas à plonger dans sa vulnérabilité
, avoue-t-il.
Sur la chanson titre de l’opus, il raconte qu'il appréhende le pire
. Sur Parmi ces âmes
, il dit faire partie de ceux et celles qui se cachent pour pleurer
. Et sur Les bêtes immondes
, il chante que « l’amour est un leurre qui profite à la honte ».
Pour moi, il n’y a rien de sombre dans ce que je fais. C’est juste mettre des mots sur des sensations que tout le monde vit. Au contraire, j’ai l’impression que c’est libérateur
, soutient l’artiste.
En humour comme en musique, Adib Alkhalidey dit chercher de plus en plus un sentiment de communion
avec son public, plutôt que la reconnaissance, qui l’éloigne des sens purs de la création
, selon lui.
On est complexes, on est étranges, on est tous uniques à notre manière, estime-t-il. Je pense vraiment que nous sommes de belles bibittes de mimétisme. Et plus on se voit, les uns les autres, oser explorer et assumer la complexité de notre individualité, plus on s’encourage les uns les autres à être souverains.
Ce texte a été écrit à partir d'une entrevue réalisée par Claudia Hébert, chroniqueuse culturelle à l'émission Tout un matin. Les propos ont pu être édités à des fins de clarté et de concision.