Le dilemme financier de Tracadie préoccupe le maire Losier au plus haut point

Le maire de Tracadie, Denis Losier, constate que la situation financière de sa municipalité est alarmante.
Photo : Radio-Canada / René Landry
La ville de Tracadie au Nouveau-Brunswick se trouve dans une situation financière intenable, près de 10 ans après sa fusion municipale, selon le maire Denis Losier.
Il a fait une sortie en règle contre le gouvernement provincial en réunion publique municipale sur les finances, mercredi.
Si le gouvernement provincial cherche une vitrine pour montrer les avantages des regroupements municipaux, ce n'est pas du côté de Tracadie qu'il devrait chercher, croit le maire Losier.
« Il y a un gouvernement qui nous a placés dans cette situation-là et ça fait neuf ans qu'on la vit. Ça n'a pas été facile en 2016 et 2017 de couper, couper et couper. Après, ça n'a pas été facile de monter les taxes en 2018. Aujourd'hui, il faut encore qu'on monte les taxes de façon faramineuse? C'est insensé qu'on demande à un conseil de prendre ces décisions-là. C'est inacceptable. »
La Municipalité régionale de Tracadie a été formée en janvier 2014. Selon le maire, on faisait alors miroiter une augmentation de 50 millions de dollars de l'assiette fiscale de la ville au cours des cinq premières années.
Mais, ces augmentations ont plutôt été de 20 ou 21 millions de dollars, note-t-il.
Le dilemme de la taxation
La ville se trouve donc devant un dilemme financier et la possibilité de devoir augmenter les taxes de manière spectaculaire est bien réelle d'après lui.
J'ai déjà posé la question au ministre [Daniel] Allain, « monsieur le ministre, dans votre aventure de conseiller municipal [à Dieppe] de combien avez-vous monté la taxation »? [Il a dit] le maximum: 2 cents. Puis, j'ai dit que moi c'était à peu près 14 cents. Puis, il a dit « et tu ne t'es pas fait tuer? »
, raconte le maire.
J'espère qu'il y a d'autres municipalités dans la réforme qui vont vivre ce que Tracadie va faire, pour qu'au lieu qu'on soit une municipalité à crier depuis neuf ans, qu'il y en ait d'autres qui embarquent et qui disent la réalité
, a-t-il lancé.
Des questions essentielles
Ces préoccupations au plan financier amènent un questionnement plus large, presque existentiel.
Quand on regarde ce qui se passe au niveau des finances et ce qui se passe au niveau de la langue, notre culture puis notre patrimoine
, dit-il en guise de mise en contexte, comment est-ce qu'on va pouvoir investir dans notre culture, nos activités et attirer du monde, être rassembleur quand on est obligés de couper?
Dans son envolée oratoire, le maire Losier est allé plus loin dans son questionnement.
Comment est-ce qu'on peut imposer à des citoyens des hausses de taxes, hausses du gaz, hausses de la valeur de nos propriétés
, demande-t-il. C'est insensé. C'est rire des gens, des contribuables, des plus démunis, des moins fortunés de la province. On baisse les impôts pour les plus riches. Dans quelle situation est-ce qu'on place le contribuable?
Les citoyens de Tracadie ont souvent entendu des élans oratoires passionnés de leur maire au cours des dernières années sur les questions financières.
À l'approche des autres regroupements municipaux ailleurs dans la province, il veut montrer qu'il ne faisait pas que crier au loup.