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Fashion Art Toronto : vers une industrie de la mode plus représentative

Un défilé.

Cette année, Fashion Art Toronto propose une trentaine de collections présentées dans une vingtaine de défilés.

Photo : Fashion Art Toronto/Chris Cheung

Fashion Art Toronto est de retour pour son événement annuel. Cette Semaine de la mode est l'une des plus inclusives de l'industrie canadienne. Créateurs et mannequins de tous les horizons participeront aux défilés du 10 au 13 novembre.

Lesley Hampton se rappelle son tout premier défilé de mode. Fashion Art Toronto lui avait donné sa chance en 2016, alors qu’elle était encore étudiante.

J'ai vraiment prospéré en apportant de la diversité dans les défilés. Tout a vraiment commencé avec Fashion Art Toronto et l'autonomie que j'ai reçue en participant, raconte-t-elle.

La créatrice de mode autochtone lance d’ailleurs le bal de l’événement cette année avec un défilé qui mettra en lumière ses meilleures créations.

Une femme sourit.

Lesley Hampton assurera le défilé d'ouverture. À ce jour, il s'agit du défilé le plus inclusif de la marque avec, par exemple, l'inclusion de personnes bispirituelles.

Photo : Radio-Canada

Fashion Art Toronto présente 30 collections de créateurs canadiens au cours de quatre jours de défilés au Parkdale Hall.

Nous avons de la haute couture, des collections sans genre et des vêtements durables. Il y en a pour tous les goûts, affirme la directrice générale, Vanja Vasic.

Un regain de confiance

Au cours des 17 dernières années Fashion Art Toronto a fait pression pour encourager la diversité et cela n'a pas toujours été accepté, raconte Vanja Vasic.

Ce n'était pas le courant dominant, explique-t-elle, en ajoutant que les premières années de Fashion Art Toronto ont été difficiles.

Ce n'était pas ce à quoi les gens s'attendaient dans la mode et ce n'est que ces dernières années que nous acceptons davantage les différents types de corps, les différentes identités de genre et les différents types de personnes dans le paysage de la mode, raconte la directrice générale.

La mode est pour tout le monde. Ce n’est pas une expérience exclusive.

Une citation de Vanja Vasic, directrice générale de Fashion Art Toronto

L’événement a toujours eu le mandat d’être diversifié et représentatif de la ville, précise-t-elle.

Je voulais un espace où les gens peuvent se sentir eux-mêmes et acceptés pour qui ils sont vraiment, ajoute Vanja Vasic.

Une femme sourit.

La directrice générale de Fashion Art Toronto, Vanja Vasic, milite pour une industrie de la mode plus représentative de la société.

Photo : Radio-Canada

Se voir représenté, c'est un regain de confiance, lance-t-elle.

D’ailleurs, Fashion Art Toronto accueille cette année sa première mannequin qui vit avec la trisomie 21.

Monika Myers participe à deux défilés lors de l'événement de quatre jours.

J'ai hâte, dit-elle. Il faut avoir confiance en soi, ajoute-t-elle.

J'ai commencé à faire du mannequinat quand j'étais plus jeune et je suis tombée en amour, raconte l'adolescente.

Depuis, la jeune fille veut défiler toutes les semaines de la mode. Les robes, le maquillage et la coiffure : Monika Myers adore le mannequinat. Je me sens comme une princesse, dit-elle.

Une adolescente sourit.

Monika Myers, 14 ans, veut faire le tour du monde pour marcher dans les plus grands défilés.

Photo : Radio-Canada

À 14 ans, elle souhaite inspirer d’autres personnes à se lancer dans cette carrière.

N'ayez pas peur. Continuez de marcher, donne-t-elle comme conseil aux gens qui voudraient suivre ses pas.

Sur scène, Monika Myers est heureuse et courageuse.

L’adolescente a déjà participé au défilé de la Semaine de la mode de New York et à la Semaine de la mode pour les enfants de Toronto. Ambitieuse et courageuse, elle espère désormais fouler le défilé de la Semaine de la mode de Paris.

Le but, c’est que ces personnes se trouvent belles, à l'aise, bien dans leur peau et qu’elles soient elles-mêmes, ajoute Vanja Vasic, qui souligne du même coup que Fashion Art Toronto est une communauté.

En tant que personne autochtone avec des courbes, je ne me sentais pas représentée dans les défilés et le monde de la mode, dès un jeune âge, explique la créatrice de mode originaire de Terre-Neuve-et-Labrador, Lesley Hampton.

Devenir créatrice de mode était un rêve que je ne croyais pas accessible.

Une citation de Lesley Hampton, artiste autochtone

Je vois l'avenir de la mode comme un espace où votre taille de hanche et votre hérédité ne sont pas évaluées avant d'être appréciées, pense-t-elle.

Lesley Hampton salue d’ailleurs les événements entourant la mode autochtone qui se multiplient, comme le festival Indigenous Fashion Arts.

Je vis à l'intersection de deux mondes, dit Lesley Hampton. Je célèbre mon authenticité autochtone tout en reconnaissant la culture dans laquelle j’ai grandi, ajoute-t-elle.

Les peuples autochtones peuvent être plus que la seule facette que les stéréotypes nous ont imposée, dit Lesley Hampton. La mode autochtone va au-delà du folklore, rappelle-t-elle.

Elle explique que la société doit apprendre à connaître la culture autochtone dans toute sa diversité, y compris dans sa relation avec la colonisation pour comprendre qu’elle va au-delà des stéréotypes.

C'est tellement formidable que nous ayons ces avenues qui mettent en valeur les peuples autochtones, la mode et les films de manière authentique afin que les non-Autochtones puissent entrer dans ces endroits et apprendre, dit Lesley Hampton

Je veux que les créateurs autochtones bénéficient des mêmes plateformes et des mêmes opportunités que le reste de l'industrie de la mode, affirme la créatrice de mode.

Encore du travail à faire

Une industrie de la mode inclusive, c’est une industrie qui inclut des personnes de toutes tailles, de toutes morphologies et de toutes couleurs de peau. Quand on parle d’inclusivité, on doit voir une diversité et une mixité dans l’industrie, explique la fondatrice de Malia Indigo, une entreprise dédiée à la mode grande taille, Josiane Laure Modjom.

Entre 2014 et 2020, il y avait un mouvement de positivité corporelle, surtout aux États-Unis. On a vu un certain changement, une petite inclusion. Le message est passé, mais à moitié, estime Josiane Laure Modjom.

Jusqu’à aujourd’hui, on ne retrouve pas vraiment les femmes de grande taille aux courbes généreuses sur les défilés de haute couture, explique-t-elle.

Vanja Vasic croit que c’est la peur de vouloir se fondre dans la masse et de ne pas briser les moules qui empêche les grandes marques de faire preuve de plus de représentativité.

Tant que la haute couture ne suivra pas, on va faire tout ce travail en bas, mais on se [heurtera à un mur], pense Josiane Laure Modjom.

Le message n’est pas vraiment passé. Il y a encore beaucoup de travail à faire et on espère qu’un jour on verra cette représentation de toutes les formes, de toutes les couleurs et de toutes les tailles sur les défilés, ajoute l’ancienne mannequin.

La directrice générale de Fashion Art Toronto abonde dans le même sens.

Les grandes plateformes comme les semaines de la mode à l’international doivent prendre ce risque et faire ces changements pour rendre l’industrie de la mode plus inclusive, selon Vanja Vasic.

​Impact psychologique

La représentativité est une sorte de réduction des méfaits, estime l'artiste autochtone et créatrice de mode Lesley Hampton.

Si nous sommes capables de nous voir dans ces espaces comme les médias et la mode, cela a une relation directe avec notre santé mentale et grâce à cette représentation, nous pouvons tous prospérer et profiter du beau monde qu'est la mode, dit-elle.

Josiane Laure Modjom est aussi une productrice de défilés spécialisés dans la mode grande taille comme Toronto Plus Size Fashion Show et Paris Plus Size Fashion Show.

La mère de trois enfants est également comptable de formation.

J’ai fait un cheminement en ce qui concerne mon identité, l’acceptation de soi et la motivation, dit-elle.

Du jour au lendemain, Josiane Laure Modjom a décidé de se consacrer au mannequinat.

Ce qui me motive à devenir mannequin, c’est l’envie d’inspirer, l’envie d’aider d’autres femmes à s’aimer comme elles sont parce que c’est une grande souffrance qui n’est pas très facile à comprendre, explique-t-elle.

Une femme.

Josiane Laure Modjom est une activiste pour l'inclusion de la grande taille dans l'industrie de la mode.

Photo : Radio-Canada

J’ai créé Malia Indigo [en 2016] pour créer cette diversité et cette inclusivité dans la mode, raconte Josiane Laure Modjom.

On commence à faire des activités avec des femmes qui ont des courbes. On commence à créer de l’impact dans l’industrie de la mode, à tourner les projecteurs sur ces femmes qui, jusqu’ici, sont toujours ignorées, mais on a fait du chemin. Elles étaient ignorées, elles n’étaient pas perçues comme des éléments de la mode, note-t-elle.

Le but, c’est vraiment de présenter la femme dans sa globalité parce que les médias, les images et les défilés de mode ont un impact incroyable sur la psychologie des gens, explique la femme d’affaires.

L’objectif final, c’est que ces grandes marques de mode prennent en compte vraiment les femmes qui ont des courbes, pense-t-elle.

Le fait de voir quelqu’un qui me ressemble dans un défilé a un [énorme impact sur ma santé mentale]. Il faut qu’il y ait cette représentativité. Il faut que toute personne se retrouve, surtout en ce qui concerne les images, les médias, la mode et tout ce que cela comporte, ajoute Josiane Laure Modjom.

Des créations plus inclusives

Un mannequin standard est d’une taille zéro à une taille 4, note Josiane Laure Modjom. Elle croit que les créateurs de mode doivent dessiner pour différentes morphologies.

Je pense que c’est une chaîne. Il faut que toutes les parties prenantes de l’industrie y ajoutent quelque chose, explique Josiane Laure Modjom.

Les créateurs qui sont les designers, les couturiers et les stylistes, doivent inclure les femmes multiformes dans leur processus, ajoute-t-elle.

On aimerait voir plus de diversité, comme plus de femmes noires et plus de femmes avec des courbes [à Fashion Art Toronto], affirme Josiane Laure Modjom.

Même s’il y a encore plusieurs efforts à faire, elle reconnaît avoir vu une forme de diversité.

Je pense que ce que j’ai vu des personnes handicapées sur certaines défilés est louable. C’est à encourager, dit-elle.

Toronto a besoin d’une semaine de la mode solide qui ramène du monde et qui crée cet engouement autour de la mode canadienne, renchérit l’ancienne mannequin.

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