La Beauce attire de plus en plus de travailleurs immigrants

Le visage de la Beauce change avec l'immigration. Il se diversifie et évolue alors que le multiculturalisme s'enracine dans la région. Certains arrivent comme résidents permanents, d’autres comme travailleurs étrangers temporaires.
Photo : Radio-Canada / Philippe Grenier
La pénurie de main-d'œuvre contribue à transformer, en accéléré, le visage de la Beauce. La région accueille un nombre croissant de travailleurs issus de l’immigration. En cinq ans, le nombre de titulaires de permis de travail a plus que quadruplé dans cette région, selon les données du gouvernement fédéral.
En 2017, Immigration Canada avait délivré près de 200 permis de travail à des personnes vivant en Beauce. Ce nombre est passé à près de 800, pour les neuf premiers mois de 2022 seulement.
Défis à venir
Les travailleurs immigrants et leurs familles seront encore plus nombreux dans les prochaines années à s’installer, selon un sondage réalisé par les trois MRC et les corporations économiques de la Beauce.
On attend près de 1800 nouveaux arrivants dans les prochains 18 mois. Ça entre à coup de 10, 15, 20 dans les entreprises
, affirme le directeur général du Carrefour jeunesse-emploi (CJE) de Beauce-Sud, Martin Beaulieu.
Il y a quelques années, le CJE employait deux personnes dédiées à l’immigration. Ils sont maintenant une dizaine.
Une réflexion s’impose pour Martin Beaulieu, puisque les défis devraient augmenter.
L’objectif du sondage, c’était de lever un drapeau, d'ouvrir une lumière rouge qui flashe. Il faudra dénouer les impasses comme le logement, la francisation, l'intégration, la paperasse. L'idée, c’est de sensibiliser le milieu à mieux collaborer
, souligne-t-il.

Le président du CAPIF, Claude Hervé Kouassi, à droite, accompagné de travailleurs immigrants.
Photo : Radio-Canada/Philippe Grenier
Nouvelle ressource
Pour faciliter l’intégration des nouveaux arrivants, Claude Hervé Kouassi a fondé le Centre d’aide aux personnes immigrantes et leurs familles (CAPIF).
Il veut les voir tomber amoureux de la Beauce comme cela a été le cas pour lui et ses proches quand ils sont arrivés, il y a sept ans.
Le monde, ils viennent, ils s’en vont, ils viennent, ils s’en vont... Il faut se demander ce qu’on peut faire pour maintenir les personnes immigrantes dans la région
, avance-t-il.
Depuis près d’un an, environ 500 personnes ont eu recours aux services du CAPIF.
On participe à des événements et ça nous aide beaucoup à interagir avec les Québécois de souche
, mentionne Andry Manoela, résident de Sainte-Marie depuis quatre ans.
J’ai failli abandonner. Je me disais que je n’étais peut-être pas à ma place. Au fur et à mesure, je me suis mis à aimer et je peux dire que j'envisage sérieusement de rester en Beauce après ma formation
, affirme Patrick Habarugira qui étudie et habite depuis un an à Saint-Joseph-de-Beauce.

La propriétaire de Maria Razo cuisine mexicaine, Maria Razo.
Photo : Radio-Canada/Philippe Grenier
Offre commerciale variée
L’apport des travailleurs étrangers s’observe dans la production des entreprises, mais aussi dans l’offre des commerces, notamment en restauration.
La ville de Sainte-Marie compte maintenant un restaurant mexicain et un traiteur qui offre de la cuisine de l’Île Maurice.
Quand les gens entrent ici, ils se sentent comme chez eux. Ils m'encouragent. Je suis très contente. Pendant la pandémie aussi, les gens étaient contents d'avoir un restaurant différent
, raconte la propriétaire de Maria Razo cuisine mexicaine, Maria Razo.
On a fait déguster nos plats à des amis québécois et ces personnes en demandent encore. La Beauce, ça va nous aider. On veut que notre avenir soit ici
, ajoute la gérante du traiteur Waye boulettes, Karen Ngan.
L’arrivée de ces travailleurs est bénéfique pour l’économie de la région, mais la Beauce offre aussi des avantages aux nouveaux arrivants.
Ici, la vie coûte moins cher, l'épicerie aussi. Quand on est arrivés en Beauce, on a été bien accueillis
, souligne Claude Hervé Kouassi.
Avec les informations de Philippe Grenier.