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Commission Rouleau : Ottawa n’était pas la priorité de l’Ontario, a dit Doug Ford

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau, et le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford.

Justin Trudeau et Doug Ford, qu'on voit ici faire une annonce en mars 2022, se sont parlé au téléphone lors des manifestations de camionneurs l'hiver dernier. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Radio-Canada

Lors d'un appel téléphonique en février dernier, le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, a laissé entendre au premier ministre Justin Trudeau que le blocage du pont Ambassador à Windsor était davantage prioritaire pour la province que les manifestations de camionneurs au centre-ville d'Ottawa.

Doug Ford a également dit au premier ministre fédéral que le maire et le chef du Service de police d'Ottawa (SPO) avaient totalement mal géré la situation dans la capitale fédérale.

Le premier ministre de l’Ontario a fait ces commentaires dans la soirée du 10 février, au moment où Ottawa se préparait à un troisième week-end de chaos au centre-ville, où les manifestants et leurs véhicules campaient depuis la fin de janvier.

Une transcription de l'appel a été déposée en preuve devant la Commission sur l'état d'urgence, la commission Rouleau, qui enquête sur la décision du gouvernement fédéral d'invoquer la Loi sur les mesures d'urgence le 14 février, quatre jours après l'appel téléphonique en question.

Je dirais que le chef de police et le maire d'Ottawa ont totalement mal géré la situation. [Les manifestants] se sont ancrés à Ottawa, a déploré M. Ford au téléphone, selon la transcription.

Bannière de la commission d'enquête sur l'état d'urgence.

Windsor, plus important

La question la plus importante pour nous et pour le pays est celle du pont Ambassador et de l'état de la situation sur place, a ajouté le premier ministre ontarien. Ce que je pense, c'est qu'il faut arrêter la propagation de ces manifestations et protéger Niagara et Sarnia, entre autres.

Plus tard dans la conversation, M. Trudeau a demandé à Doug Ford quel était le plan de match de la police à Windsor.

Ils auront un plan, contrairement à Ottawa, [où ils] n'avaient pas de plan, a répondu M. Ford. C'est sérieux, je suis d'accord avec vous. Je leur collerai au derrière avec une brosse métallique.

La Ville d'Ottawa a connu des difficultés, mais dès que la Police provinciale de l'Ontario [PPO] se penchera un peu plus sur la question, nous pourrons clarifier les choses, a dit M. Trudeau par la suite.

Des policiers devant le parlement à Ottawa.

La police d'Ottawa a appliqué une injonction contre les manifestants, dont certains ont campé dans leurs camions près de la colline du Parlement pendant des semaines l'hiver dernier. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

Selon des preuves présentées antérieurement à la Commission, à peu près au moment de l'appel téléphonique en question, des officiers supérieurs de la PPO travaillaient directement avec le SPO pour élaborer un plan réalisable afin de mettre fin à la manifestation.

Si les résidents d'Ottawa doivent vivre un autre week-end comme les dernières semaines, ça ne se passera pas bien, a poursuivi Justin Trudeau.

Je suis d'accord, a répondu M. Ford. Le problème, pour être bien franc, c'est que j'ai parlé à des officiers supérieurs de la police. Ils ont perdu le commandement et les officiers de police partent en congé de maladie tous les jours. Ils ont perdu le commandement.

Selon des témoignages antérieurs, la commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Brenda Lucki, considérait également que Windsor était la priorité par rapport à Ottawa à cette époque.

La commissaire de la GRC a indiqué que Windsor reste la priorité absolue, peut-on lire dans le procès-verbal d'une réunion du Groupe d’intervention en cas d’incident qui s'est tenue l'après-midi du 19 février. M. Trudeau a présidé cette réunion, à laquelle ont également participé des ministres et d'autres hauts fonctionnaires du gouvernement.

Déblocage du pont le 13 février

M. Ford s'est également dit préoccupé par les 500 à 600 millions de dollars en pertes commerciales qui, selon lui, étaient occasionnées chaque jour par le blocage du pont Ambassador à Windsor. Il craignait que ce chiffre ne passe à 3,1 milliards de dollars le 11 février.

Le premier ministre du Canada a alors déclaré que même s'il ne pouvait pas légalement dire à la police ce qu'elle devait faire, il avait demandé au procureur général d'examiner les moyens légaux de donner plus d'outils à la police, car la police est un peu timide et je ne peux pas la diriger.

Le blocage du pont Ambassador à Windsor a commencé le 7 février. La police a libéré les manifestants le 13 février, la veille du jour où la Loi sur les mesures d'urgence a été invoquée.

Au cours de l'appel, M. Trudeau s'est également dit préoccupé par le fait que la manifestation à Windsor s'éternisait. Il s'est aussi interrogé sur la véritable motivation des manifestants.

Je me demande toujours s'il ne s'agit pas de personnes très intelligentes qui essaient de faire honte au Canada de toutes sortes de façons, de nuire à l'économie et de ramener des emplois aux États-Unis, a-t-il lancé à titre d'hypothèse.

Des policiers à Windsor.

La police commence à avancer vers les manifestants qui bloquent le pont Ambassador à Windsor, en Ontario, le 12 février 2022.

Photo : Radio-Canada / Evan Mitsui

La police doit faire son travail

Justin Trudeau a ensuite dit à M. Ford que la police devait faire son travail.

S'ils disent qu'ils ne peuvent pas le faire parce qu'ils n'ont pas assez d'agents et d'équipement, nous devons nous débarrasser de cette excuse dès que possible afin qu'ils puissent faire leur travail et que nous puissions empêcher l'Ontario [de] devenir la risée de tous, a-t-il dit.

M. Ford a répondu ceci : Je suis tout aussi frustré que vous, et si je pouvais diriger la police, je le ferais. Il a toutefois rappelé à M. Trudeau qu'il ne pouvait diriger aucun service de police.

Je ne peux pas les appeler et leur dire de ramener leurs derrières là-bas et de [commencer] à botter des derrières. C'est à la PPO de le faire, a affirmé M. Ford.

M. Trudeau ne semblait pas savoir qu'en vertu de la Loi sur les services policiers de l'Ontario, les maires ne peuvent pas non plus diriger la police.

Les mains jointes, Justin Trudeau parle dans un micro.

Le premier ministre du Canada, Justin Trudeau (Archives)

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

Est-ce que le maire doit diriger la police locale? a demandé M. Trudeau.

Justin Trudeau s'est également dit frustré que les entreprises de remorquage refusent de participer aux efforts destinés à mettre fin aux manifestations.

Selon des témoignages antérieurs, tant Ottawa que Windsor ont eu du mal à obtenir les services de remorqueurs locaux disposés à honorer leurs contrats, soit parce que les entrepreneurs étaient favorables aux manifestants, soit parce qu'ils craignaient de subir des conséquences si leurs camions et leurs chauffeurs étaient vus en train d'aider la police.

Nous allons tous devoir déterminer ce qu'il faut faire avec ces dépanneuses qui ne font pas leur travail et ne remplissent pas leurs obligations envers la Ville. Il doit y avoir des comptes à rendre par la suite, a lancé M. Trudeau.

Ce sera embarrassant pour nous, mais si les États-Unis nous font une offre, nous devrons l'accepter.

Un juge de la Cour fédérale a statué lundi que ni Doug Ford ni la vice-première ministre Sylvia Jones n'auront à témoigner pendant l'enquête sur la Loi sur les mesures d'urgence en raison de l'immunité qui leur est accordée par le privilège parlementaire.

Avec les informations de CBC News

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