Un artiste death metal de la Saskatchewan chante Bouddha à Taïwan
Joe Henley, le guitariste de Dharma et Miao Ben.
Photo : Radio-Canada / Philippe Leblanc
Les sons du gong et du triangle résonnent dans la petite salle de spectacle. Les membres du groupe sont tous vêtus de noir, ils ont le visage maquillé de sang.
Puis le batteur s’anime et la guitare stridente prend le pas : place à l’agressivité de la musique death metal.
C’est l’expérience qu’offre Dharma, un groupe taïwanais mené par Joe Henley, un chanteur originaire de la Saskatchewan. Un son qui allie la fureur du rock aux chants et aux instruments traditionnels des temples bouddhistes.
Malgré la violence inhérente à la musique, dit-il, notre message est un message de paix et de guérison.
Joe Henley est arrivé à Taïwan sur un coup de tête, il y a près de 20 ans. Il terminait alors ses études en journalisme à Halifax et ne savait pas ce qui l’attendait. Une amie lui a dit d’aller visiter Taïwan.
« Ça a été ma philosophie depuis ce moment-là. Je dis oui à ce qui m’aurait fait peur auparavant. »
Les sutras bouddhistes, des écrits traditionnels, forment la base de chacune des chansons de Dharma. Ils sont projetés sur un écran à la gauche de la scène lors du spectacle.
Une femme vêtue d’un long vêtement brun traditionnel prend place sur scène, à côté du guitariste qui fait tourner ses cheveux longs en jouant son long solo.
Miao Ben, véritable sœur bouddhiste et fan de métal, assure le côté cérémonial sur scène. C’est elle qui mène les chants traditionnels.
« Plus le monde est chaotique comme maintenant, plus nous devons répandre notre message unique de compassion. C’est une façon innovatrice de le faire. »
Miao Ben continue de donner ses leçons de bouddhisme au temple. Seulement, le lendemain des spectacles qui commencent tard le soir, elle se permet de repousser de quelques heures le début de sa journée de prières.
Si les membres du groupe formé il y a quatre ans sont adeptes du bouddhisme, ce n’est pas le cas de tous leurs fans, même si le concert prend des allures de cérémonie au temple local par moments.
Dharma ne cherche pas à les convertir, assure Joe Henley, mais plutôt à les aider à trouver leur propre voie vers le bien-être.
La voie du Dharma
Pour le chanteur canadien, l’aventure musicale de Dharma représente le chemin vers la santé mentale. L’idée de former le groupe lui a été proposée alors qu’il était en profonde dépression, en proie à des idées suicidaires.
J'en suis arrivé au point où j'étais couché sur le sol de ma cuisine
, confie-t-il, la voix tremblotante. Je disais à une ligne d'aide téléphonique : "Je pense que j'en ai assez, je pense que je suis prêt à partir". Par chance, j’avais un ange gardien au bout du fil.
Aussi cliché que cela puisse paraître, Joe Henley considère chaque journée comme un cadeau. Il demeure proche de sa famille, qu’il n’a pas pu voir depuis trois ans en raison de la pandémie. Il est rentré au Canada en décembre pour la première fois depuis 2020.
Aujourd’hui, Joe Henley savoure aussi chaque concert avec son groupe. La transformation du karma est au cœur du bouddhisme. C’est le vœu que fait le groupe Dharma pour ses admirateurs.
Philippe Leblanc est correspondant de Radio-Canada à Taïwan.