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« On n’avait jamais de passes », racontent des joueuses des Diablos

Les joueuses de l'équipe posent sur le terrain de soccer du Cégep de Trois-Rivières avec la bannière qui confirme leur victoire.

L'équipe féminine de soccer les Diablos a remporté le championnat provincial collégial dans la division 2 dimanche.

Photo : Facebook/Les Diablos du Cégep de Trois-Rivières

Elles ont eu une fiche presque parfaite, couronnée par la première place en division 2. Les joueuses des Diablos du Cégep de Trois-Rivières vivent un rêve. Pour y parvenir, elles ont dû se battre afin d'obtenir le ballon.

Tu peux crier, tu peux faire n’importe quoi, tu peux faire les plus belles passes, mais au bout du compte, les gars vont jouer vraiment entre eux, explique Alexanne Harvey, joueuse de soccer des Diablos.

Avant de pouvoir jouer dans une équipe exclusivement féminine, les joueuses de soccer, tout comme au hockey, doivent partager le terrain avec des garçons pendant plusieurs années, parfois jusqu’à la fin du secondaire. Ce partage ne se fait pas toujours facilement, mais elles n’ont pas le choix : il n’y a pas assez de filles pour former des ligues entièrement féminines.

[S’il y a] deux ou trois filles, c’est sûr qu’on va être les dernières à être choisies. Mentalement, c’est quand même difficile, parce que lorsque les garçons vont faire leur équipe, les derniers choix, [c’est nous], et c’est parce qu’ils n’ont pas le choix de nous prendre, raconte Marianne Delorme, une autre membre des Diablos, qui ajoute que ce phénomène crée une pression sur les joueuses.

Leur entraîneur, James Ayotte, soutient que les filles sont aussi très différentes dans leur façon de pratiquer un sport d’équipe. Il soutient qu’au niveau collégial, il serait même difficile de constituer des équipes mixtes. Les filles [sont très portées à] conserver longtemps le ballon, à s’appliquer pour faire les choses et à réfléchir beaucoup plus que les gars. J’ai tendance à dire que pour les gars, c’est très très instinctif comme façon de jouer, précise-t-il.

Une joueuse s'apprête à frapper un ballon de soccer sur le terrain du Cégep de Trois-Rivières.

L'équipe féminine de soccer les Diablos, qui vient de remporter la médaille d'or dans la division 2, espère accéder à la division 1.

Photo : Radio-Canada / Martin Chabot

Du côté du hockey féminin, les joueuses apprécient aussi l’esprit de famille et la complicité qu’elles éprouvent depuis qu’elles ont pu rejoindre les rangs d’une équipe féminine.

C’est différent. C’est sûr que dans une équipe de gars, tu te sens toujours un peu exclue. Même s’ils sont gentils avec toi, c’est pas pareil. Mais quand tu es avec une gang de filles, tout le monde se suit. C’est vraiment plus plaisant comme ça, explique Alice Binette, joueuse de hockey pour les Diablos.

Malgré une fiche presque parfaite pour elle et pour ses coéquipières, leur avenir au hockey est plus qu’incertain. Je fais un préuniversitaire, c’est sûr que je vais aller à l’université. Ça, c’est dans trois ans. Peut-être que d’ici là, il va y avoir une nouvelle ligue de hockey. Peut-être qu’à Trois-Rivières, proche de chez moi, on va avoir une université qui va avoir une équipe de hockey féminine, mais pour l’instant, la plus proche, c’est à Ottawa, explique Roseline Cloutier.

Encourager les saines habitudes de vie

Le dernier bulletin des enfants et des jeunes de l’organisme Participaction est sans équivoque : la proportion de jeunes qui respectent la recommandation de 60 minutes d’activité physique par jour est passée de 51 % avant la pandémie à 37 % aujourd’hui. Les filles commencent à abandonner la pratique régulière d’un sport dès la préadolescence, selon les données de l'organisme Femmes et sport au Canada. Elles courent trois fois plus de risques de perdre leurs habitudes avant l’âge adulte.

Geneviève Leduc, conseillère principale aux programmes chez Fillactive, est d’avis que le fait de motiver les enfants à bouger n’est pas qu’une question de genre et que d’autres approches pourraient être privilégiées. Peut-être qu’on peut y aller avec des intérêts, par exemple, avec des groupes qui ont le goût de compétitionner, qui ont le goût de se dépasser, si on veut. D’autres jeunes ont plutôt le goût de découvrir, d’être dans une période où elles sont exposées à de nouvelles activités, explique-t-elle.

Elles ont le goût d’avoir du plaisir, elles ont le goût de le vivre, mais pas de recevoir le ballon en plein visage, ajoute Geneviève Leduc. En multipliant les expériences positives, les filles pourront profiter de tous les bienfaits physiques et psychologiques de l’activité physique.

Une joueuse s'apprête à faire une passe sur le terrain de soccer du Cégep de Trois-Rivières.

L'équipe féminine de soccer les Diablos, du Cégep de Trois-Rivières, a remporté le match final 2 à 1 contre les Lauréats du Cégep de Saint-Hyacinthe.

Photo : Radio-Canada / Martin Chabot

Prévenir plutôt que guérir

Les enseignants d’éducation physique sont sensibilisés à l’inclusion dès leur formation. Professeure au département des sciences de l’éducation physique de l’UQTR, Stéphanie Girard précise que peu importe le genre, il est important d’intervenir dans toutes les situations d’exclusion afin de sensibiliser les élèves.

En prévention, des stratégies peuvent être mises en œuvre pour faire comprendre aux élèves que la performance n’est pas la priorité d’un cours d’éducation physique. Si tu es un élève très performant en sports, peut-être qu’on peut mettre cette performance-là au service des autres qui ont besoin d’un peu plus d’aide, précise-t-elle.

Prévenir les préjugés de genre devrait aussi se faire dès la petite enfance, estime Geneviève Leduc. En cinquième année, ça se peut très bien que les garçons aient compris sans qu’on le leur ait dit en mots. Les garçons ont vécu le fait que leurs enseignants, leurs parents, leurs éducateurs et éducatrices en service de garde aient envoyé des garçons jouer dehors plus souvent, parfois pour répondre à un comportement un peu plus agité. C’est un comportement qu’on a moins tendance à encourager auprès des filles, malheureusement, explique-t-elle.

Les joueuses des Diablos ont quant à elles persévéré pendant plusieurs années. Elles sont plusieurs à souligner le soutien et les encouragements de leurs parents et de leurs entraîneurs.

C’est tout le temps bien de voir des filles qui continuent malgré toute la pression sociale. Continuez, amusez-vous! conclut Alexanne Harvey.

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