Taxe de rachat d’actions : les profits des pétrolières seraient dans la mire d’Ottawa

Selon un expert, cette taxe incite les pétrolières à investir davantage dans la transition énergétique.
Photo : Radio-Canada / Geneviève Normand
La nouvelle taxe de 2 % sur le rachat des actions des entreprises, prévue par le gouvernement fédéral en 2024, cible en particulier les pétrolières, estiment des experts albertains.
Le rachat d’actions est un processus utilisé par les entreprises publiques afin de « récompenser » leurs actionnaires, résume d’entrée de jeu le président du Business Council of Alberta, Adam Legge. Ils font ça pour réinjecter quelques profits dans le marché [et] pour solidifier le prix des actions
, explique-t-il.
D’après Adam Legge, ce processus économique est souvent utilisé dans le secteur de l’énergie et des banques à la bourse canadienne. Il voit donc la mesure annoncée par Ottawa comme une façon pour le gouvernement fédéral de garder le profit de ces entreprises à l'intérieur du pays.
Je ne pense pas que cela produira les résultats que [le gouvernement fédéral] pense ou espère obtenir. Je m’inquiète que cela soit, en quelque sorte, un impôt sur les bénéfices exceptionnels
, nuance-t-il.
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Selon lui, Ottawa cherche à pousser les entreprises pétrolières à investir dans plus de projets environnementaux. Or, Adam Legge déclare que le marché dit « vert » n'est pas suffisamment développé au pays en ce moment pour inciter les pétrolières à y investir leurs profits.
Il y a plus de chance que l’argent reste ici [si] l’investissement dans les questions climatiques est concurrentiel [au Canada] au moment de l’entrée en vigueur de la taxe. Si ce n’est pas le cas, c’est clair que [l’argent] ira ailleurs
, affirme le président du Business Council of Alberta.
Cet avis est partagé par le gestionnaire de portefeuille de la firme calgarienne Wellington-Altus, Martin Pelletier. Je crois que l’intention était de s’attaquer aux entreprises pétrolières et gazières compte tenu des profits qu’elles génèrent
, estime-t-il.
Il ajoute que les entreprises de ce secteur sont aussi les principales acheteuses de leurs propres actions cette année.
Stimuler la transition énergétique
Scott MacDougall, un porte-parole de l’Institut Pembina, un groupe de recherche et de réflexion sur le secteur de l'énergie, voit toutefois d’un bon œil la taxe prévue par le gouvernement fédéral pour stimuler davantage la transition énergétique.
Cela va rediriger une partie des profits vers des emplois ou activités économiques ici au Canada », pense-t-il. « Une partie de ces réinvestissements doit aller vers [des projets] urgents de décarbonation.
D’après lui, cette mesure n’est pas aussi coercitive qu’à première vue et les pétrolières peuvent choisir de ne pas payer cette taxe en choisissant de payer plus de dividendes aux actionnaires. Ce n’est pas une directive qui leur dit exactement comment investir leur argent
, conclut-il.
Avec les informations de Lounan Charpentier et Emmanuel Prince-Thauvette