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Kris Austin au comité sur les langues officielles, « un point de non-retour », dit la SANB

« C'est totalement dégueulasse, dégueulasse », s'indigne le président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet.

Kris Austin en mêlée de presse à l'Assemblée législative du Nouveau-Brunswick.

Le ministre et ancien chef de l’Alliance des gens du Nouveau-Brunswick, Kris Austin

Photo : Radio-Canada / Alix Villeneuve

La nomination du ministre progressiste-conservateur et ancien chef de l’Alliance des gens Kris Austin à un comité chargé d'étudier la question des langues officielles au Nouveau-Brunswick cause une vague d'indignation. La Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick (SANB) et les députés de l'opposition dénoncent vigoureusement ce qu'ils qualifient d'attaque contre les francophones.

Des journalistes ont questionné le premier ministre Blaine Higgs sur la composition du comité ad hoc chargé de se pencher sur la révision de la Loi sur les langues officielles, vendredi. Blaine Higgs a hésité avant de répondre qu'il y a un certain nombre de personnes qui représentent le caucus à ce comité, dont Kris Austin.

Le comité est composé du premier ministre Blaine Higgs, des ministres Kris Austin, Daniel Allain, Réjean Savoie, Ted Flemming, Margaret Johnson, Dorothy Shephard, Mike Holland et Bill Hogan, ainsi que du député Greg Turner.

Le premier ministre a indiqué qu’il était important pour lui que les membres de ce comité puissent représenter un éventail de voix. Selon lui, ils se sont rencontrés à deux reprises depuis un mois et travaillent très bien.

Blaine Higgs ne pense pas que cela pourrait créer des frictions avec la communauté francophone.

Blaine Higgs lors d'une mêlée de presse.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, a défendu la composition d'un comité informel chargé de se pencher sur la révision de la Loi sur les langues officielles.

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Non, parce que nous avons un équilibre dans le comité. Je ne veux pas voir un autre conflit dans la province qui mènerait à la création d’un parti politique représentant des gens qui ont des inquiétudes sur leur capacité à parler les deux langues, a-t-il déclaré.

Selon Blaine Higgs, rien ne montre que Kris Austin n'appuie pas les positions de son parti sur les langues officielles et le bilinguisme.

Un ministre qui dérange

L'arrivée de Kris Austin au Parti progressiste-conservateur et sa nomination comme ministre le mois dernier avaient fait sursauter plusieurs organismes acadiens.

Au cours des dernières années, l'Alliance des gens du Nouveau-Brunswick a souvent défendu des positions hostiles au bilinguisme officiel.

Kris Austin a déjà indiqué qu’il était favorable à une fusion des deux réseaux de santé, à la fin de la dualité dans le transport scolaire et à l’abaissement des exigences linguistiques dans la fonction publique, par exemple pour les ambulanciers.

Jill Green, Jeff Carr, Kris Austin et Réjean Savoie quelques minutes avant l'assermentation, jeudi après-midi.

Jill Green, Jeff Carr, Kris Austin et Réjean Savoie ont obtenu des postes de ministres lors d'un remaniement ministériel, fait le 13 octobre après la démission de Dominic Cardy comme ministre de l'Éducation. (Archives)

Photo : Radio-Canada / Michel Corriveau

Kris Austin n'a pas répondu à la demande d'entrevue de Radio-Canada, vendredi.

En soirée, un porte-parole du gouvernement a envoyé une déclaration écrite qui lui est attribuée, dans laquelle Kris Austin affirme avoir toujours soutenu et [continuera] à soutenir le droit des francophones et des anglophones de recevoir des services dans la langue de leur choix dans notre province officiellement bilingue.

Je participe au comité pour offrir mes idées sur la façon dont nous devrons le faire de façon juste et équitable, en tenant compte de la composition linguistique du Nouveau-Brunswick. Le partage d'opinions et d'idées diverses favorise une conversation saine, ajoute-t-il.

Blaine Higgs brûle les ponts

La SANB dénonce vigoureusement la nomination de Kris Austin à ce comité. L'organisme déplore le cynisme du gouvernement Higgs et affirme que cela ne laisse aucune ambiguïté sur ses intentions au sujet des langues officielles.

Le président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, Alexandre Cédric Doucet, en entrevue.

Le président de la Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick, Alexandre Cédric Doucet (archives)

Photo : Radio-Canada

De l'avis du président de la SANB, Alexandre Cédric Doucet, la relation de confiance [avec le gouvernement Higgs] n'est plus là. Il affirme qu'il est impossible d'envisager une rencontre avec le premier ministre à court ou à moyen terme.

Nous ne faisons plus confiance au premier ministre sur quelque dossier que ce soit, c'est clair, dit Alexandre Cédric Doucet.

« Nous avons tenté de bâtir des ponts et surtout d’éviter une crise qui n’aurait servi à rien. En laissant le loup entrer dans la bergerie et en lui donnant sur un plateau tout le pouvoir de nuisance nécessaire, le Parti conservateur de Blaine Higgs brûle volontairement les ponts avec la communauté acadienne. »

— Une citation de  Alexandre Cédric Doucet, président de la SANB

Alexandre Cédric Doucet indique qu'une rencontre d'urgence pour parler du lien de confiance avec le gouvernement provincial doit avoir lieu lundi prochain avec d'autres organismes acadiens.

Pour sa part, le président de l'Association francophone des municipalités du Nouveau-Brunswick, Yvon Godin, dénonce cette nomination. Il affirme  après avoir sans cesse repoussé sa réponse au rapport sur la révision de la Loi sur les langues officielles, voilà que le premier ministre nomme le plus antifrancophone de ses députés sur le comité qui doit en étudier les recommandations.

La présidente de la Fédération des communautés francophones et acadienne (FCFA), Liane Roy, déclare à son tour que le geste posé par le gouvernement du Nouveau-Brunswick est grave et il appelle à la solidarité francophone partout au pays.

Un gros doigt d’honneur aux francophones

La cheffe du Parti libéral du Nouveau-Brunswick, Susan Holt, qualifie cette nomination d’affront.

Ça semble comme un gros doigt d’honneur aux communautés francophones du Nouveau-Brunswick, a-t-elle dit à brûle-pourpoint.

Elle soutient que les opinions de Kris Austin sont bien connues et que le premier ministre aurait pu le consulter sans le nommer à ce comité.

La cheffe libérale Susan Holt, le député vert Kevin Arseneau et le chef du Parti vert David Coon en mêlée de presse

La cheffe libérale Susan Holt, le député vert Kevin Arseneau et le chef du Parti vert David Coon en mêlée de presse

Photo : Radio-Canada

Le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, est aussi choqué.

« C’est inacceptable. Les opinions de M. Austin sont connues. [...] Il n’a pas d’affaire à discuter des recommandations sur les langues officielles. »

— Une citation de  David Coon, chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick

Le député vert de Kent-Nord, Kevin Arsenault, invite pour sa part le premier ministre à créer un comité permanent sur les langues officielles où ces questions seraient discutées de façon transparente.

C’est inacceptable, parce que ça se fait en privé. On ne sait pas où l’influence s’exerce, on ne sait pas ce qui se dit, affirme-t-il.

La ministre fédérale des Langues officielles, la Néo-Brunswickoise Ginette Petitpas Taylor, était bouche bée lorsqu'elle a appris la nouvelle.

Je ne pouvais pas le croire. [...] J'étais vraiment surprise, étonnée, émue de voir ça, a dit la ministre en entrevue, vendredi après-midi.

Quand on voit et qu'on entend ses propos du passé, on voit que [Kris Austin] n'est pas un allié des francophones du Nouveau-Brunswick, ajoute-t-elle. On doit surveiller cette situation de près.

Deux ministres francophones réagissent

Les deux ministres francophones qui siègent au comité ont aussi réagi à la nomination de Kris Austin, en soirée vendredi.

Le ministre Daniel Allain a affirmé, dans une déclaration écrite, qu'il a saisi cette occasion [de siéger au comité] afin de s'assurer que la perspective francophone est bien représentée et qu'elle est bien reconnue par tous.

« En politique, nous travaillons avec des gens qui ont des expériences et des idées différentes. »

— Une citation de  Daniel Allain, ministre des Gouvernements locaux du N.-B.
Daniel Allain pose pour une photo dans une salle de conférence, sous un chandelier.

Daniel Allain, le ministre des Gouvernements locaux et de la Réforme de la gouvernance locale, le 21 septembre 2022 à Fredericton

Photo : Radio-Canada / Pascal Raiche-Nogue

Son collègue, le ministre Réjean Savoie, a écrit qu'il était heureux de faire partie du comité pour partager son expérience et pour discuter des recommandations du rapport avec tous [ses] collègues.

La révision de la Loi sur les langues officielles se fait attendre. Dans son discours du Trône, le gouvernement a promis de s’y attarder, mais cela fait déjà dix mois que les commissaires Yvette Finn et John McLaughlin ont présenté leur rapport final sur la révision de la loi.

Blaine Higgs a indiqué qu’il y répondra d'ici la fin de l'année.

Une décision inquiétante, selon le constitutionnaliste Michel Doucet

Le constitutionnaliste et spécialiste en matière de langues officielles, Michel Doucet, réagit à la nomination de Kris Austin au comité sur les langues officielles.

Avec des informations de Nicolas Steinbach, d'Alix Villeneuve et de Michel Corriveau

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