Serres Toundra : le chercheur Martin Aubé propose deux épaisseurs de panneaux opaques
Un aperçu de l'intérieur des installations des Serres Toundra à Saint-Félicien (archives).
Photo : Radio-Canada / Laurie Gobeil
Le chercheur Martin Aubé propose que deux épaisseurs de panneaux opaques soient installées dans les Serres Toundra, à Saint-Félicien, pour diminuer de façon importante la pollution lumineuse.
Le spécialiste du sujet mène actuellement une étude sur la pollution lumineuse émise par les Serres Toundra, qui cultive des concombres.
À la suite d’une conférence donnée en avril à Saint-Félicien, il a été invité par l’entreprise à réaliser cette étude afin d’évaluer l’efficacité des mesures mises en place et d’émettre des recommandations.
Martin Aubé, qui est enseignant en physique et chercheur au Cégep de Sherbrooke, ainsi que professeur associé à l’Université de Sherbrooke et à l’Université Bishop’s, s’est rendu sur le terrain à Saint-Félicien avec son équipe à la fin du mois de septembre jusqu’au début du mois d’octobre.
Le projet de recherche dispose d’un budget de 12 000 $, dont 8000 $ sont financés par le ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation du Québec (MAPAQ). La balance est financée par les fonds de recherche de Martin Aubé.
Deux fois plus de lumière
Il évalue, à partir des données préliminaires de l’étude, que la pollution lumineuse des Serres Toundra doublerait dans le secteur, si le projet d’expansion des Serres Toundra va de l’avant.
Le projet d’un peu plus d’un demi-milliard de dollars prévoit l’ajout de sept nouvelles phases aux trois serres actuelles pour un total de 60 hectares de production maraîchère supplémentaires. D’autres types de légumes y seraient cultivés, qui demandent toutefois moins de luminosité que la culture de concombres.
Les Serres Toundra se sont engagées à ce que les prochaines serres soient munies de panneaux opaques, comme ceux installés sur la troisième phase.
Si on considère les trois phases, avec leurs stores et tout, actuellement on génère une fois et demie plus de pollution lumineuse que la ville, donc 150 %, a constaté le chercheur. Avec les développements, je l’estime au double de ça. Donc, on monterait à 300 %. Ça, c’est en supposant qu’on met les écrans opaques.
Deux épaisseurs de panneaux opaques
Il propose donc que deux épaisseurs de panneaux opaques soient installées pour diminuer de façon importante la pollution lumineuse.
« C’est sûr que si on rajoute deux épaisseurs d’écrans occultants, il ne reste pratiquement pas de pollution lumineuse qui sort des serres, c’est clair. Donc, il y en a des solutions. »
Il compte mettre de l’avant cette proposition dans les recommandations de son rapport de recherche, qui devrait être terminé dans un mois environ.
Ce qu’on voit, c’est que si on reste avec la meilleure solution actuelle qui est déployée avec une seule épaisseur de stores, bien ça va être majeur comme augmentation. Je dirais que les gens du coin ne verront plus les étoiles du tout. Ça va ressembler au centre-ville de Montréal probablement, donc très, très pollué
, a-t-il ajouté.
Il juge la situation préoccupante. Je trouve ça préoccupant, pour différentes raisons, parce qu’on sait maintenant qu’il y a des effets sur la santé. Et on sait qu’il y a des effets surtout sur les écosystèmes, la biodiversité, donc je pense qu’il faut s’en préoccuper
, a-t-il affirmé.
Martin Aubé indique qu’il n’a pas discuté jusqu’à maintenant de cette proposition avec les Serres Toundra.
Le PDG préfère attendre avant de commenter
Le président-directeur général des Serres Toundra, Éric Dubé, préfère attendre de consulter le rapport de recherche, lorsqu’il sera disponible, avant de commenter, a-t-on indiqué du côté de la firme responsable des communications de l’entreprise pour la séance d’information.
Lors de la séance tenue mercredi à l’Hôtel du jardin, à Saint-Félicien, le PDGqui a fait l’objet de critiques pour la lumière émise depuis sa mise en service.
a rappelé que les Serres Toundra n’avaient pas l’intention de changer avant environ cinq ans les panneaux de la deuxième phase,Il n’y a pas juste de changer les écrans, il y a toute la perte de production à l’entour de ça. Peut-être que ça ne paraît peut-être pas gros, quatre, cinq millions, comme les citoyens disaient sur 500, mais ça reste que c’est un budget de construction, c’est un budget qui est quand même serré. Puis on aimerait ça le faire, honnêtement, si on avait… mais on ne peut pas prendre l’équivalent de 10 % du coût de la serre, qui n’a même pas deux ans, puis décider de la rechanger au complet
, a-t-il affirmé, en entrevue après la séance.
Les phases un et deux du complexe sont munies de panneaux thermiques blancs. Ces panneaux laissent passer un peu moins que la moitié de la lumière, précise Martin Aubé.
Des recommandations pour l’ensemble de la province
Le chercheur espère que cette recommandation et les autres qui seront formulées dans le rapport pourront être appliquées à l’ensemble de la province.
Ce qu’on espère, c’est que ce soit pas juste applicable aux Serres Toundra
, souligne le chercheur, qui salue la participation des Serres Toundra à un tel exercice.