Classer ou ne pas classer les rivières atmosphériques : la pluie tombera quand même

En novembre 2021, une série de rivières atmosphériques ont entraîné des inondations dans la plaine de Sumas, près d'Abbotsford.
Photo : La Presse canadienne / Jonathan Hayward
La rivière atmosphérique qui doit s'abattre d'ici samedi matin sur la Colombie-Britannique n'a rien à voir avec celle de novembre 2021, qui avait entraîné d'importantes inondations. Pour pouvoir comprendre la différence entre une rivière atmosphérique et une autre, certains appellent à la création d'une échelle d'intensité, comme il en existe pour les tornades et les avalanches.
Le Center for Western Weather and Water Extremes, de l'Université de la Californie, étudie les conditions extrêmes météorologiques et océanographiques. En 2020, ses chercheurs ont créé une échelle pour catégoriser les rivières atmosphériques selon leur intensité et leur durée.
Cette échelle classe les rivières atmosphériques en cinq catégories :
- AR Cat 1 (faible) : Principalement bénéfique. Par exemple, la rivière atmosphérique qui a frappé la Californie le 23 février 2017 a duré 24 heures sur la côte, et produit des précipitations modestes.
- AR Cat 2 (modéré) : Principalement bénéfique, mais comportant quelques risques. Une rivière atmosphérique qui a frappé le nord de la Californie les 19 et 20 novembre 2016 a duré 42 heures et a produit plusieurs centimètres de pluie qui ont aidé à reconstituer les réservoirs qui étaient bas après une sécheresse.
- AR Cat 3 (fort) : Équilibre entre bénéfique et dangereux. Une rivière atmosphérique les 14 et 15 octobre 2016 a duré 36 heures et produit de 12 à 25 cm de pluie qui ont aidé à remplir les réservoirs après une sécheresse, mais également causé la montée de certaines rivières juste en dessous du niveau d'inondation.
- AR Cat 4 (extrême) : Principalement dangereux, mais aussi bénéfique. Par exemple, une rivière atmosphérique les 8 et 9 janvier 2017 qui a persisté pendant 36 heures a produit jusqu'à 35 centimètres de pluie dans la Sierra Nevada et a fait qu'au moins une douzaine de rivières ont atteint le stade d'inondation.
- AR Cat 5 (exceptionnel) : Principalement dangereux. Par exemple, du 29 décembre 1996 au 2 janvier 1997 une rivière atmosphérique a duré plus de 100 heures sur la côte centrale de la Californie. Les fortes précipitations et le ruissellement associés ont causé plus de 1 milliard de dollars américains en dommages.
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Pas d'échelle au Canada
Au Canada, il n'y a pas d'échelle pour les rivières atmosphériques. Selon le météorologue de sensibilisation d'Environnement Canada Peter Kimbell, l'idée est à l'étude, mais rien n'a encore été arrêté.
Pour l'instant, en Colombie-Britannique, un avertissement de pluie abondante est publié quand les météorologues prévoient plus de 50 mm de pluie en 24 heures sur une région de la province, sauf pour la côte centrale et le nord de l'île de Vancouver, où le seuil pour un avertissement de pluie est de plus de 75 mm en 48 heures.
Peter Kimbell ajoute que, pour l'instant, on est loin des rivières atmosphériques vécues en novembre dernier.
« On a eu de l’ordre de 60 à 70 % de nos précipitations normales pendant le mois d’octobre. Donc, déjà, on est sous les normales et, là, on commence avec 50 mm le 3 et 4 novembre, c’est quand même assez normal », dit-il.
« Les précipitations normales pendant le mois de novembre, [c'est] de 180 à 199 mm de pluie, c’est normal d’avoir de la pluie en novembre [...] C’est le mois le plus pluvieux de toute l’année. »
Peter Kimbell souligne que, en novembre dernier, il y a eu plus de 300 mm de pluie dans certains secteurs de la province.
Rivière catégorisée ou non, la province se prépare
Le ministre provincial de la Sécurité publique, Mike Farnworth, souligne qu'un système de classification serait utile, mais pas la panacée.
Il note qu'il faut prendre en considération de nombreux facteurs quand vient le temps de prévoir les catastrophes naturelles et qu'un événement météo peut facilement se déplacer de quelques dizaines de kilomètres et changer entièrement la donne.
Et, même s'il rappelle également qu'on prévoit beaucoup moins de précipitations par rapport à celles qui sont tombées en novembre 2021, il affirme que la province est prête.
Il y a plus de 4 millions de sacs de sable prêts à être déployés au besoin et des machines pour les remplir ont été envoyées dans divers endroits de la province », explique le ministre Mike Farnworth. « Plus 10 km de digues temporaires et d'autres équipements ont déjà été envoyés dans les zones où nous savons que les risques d'inondations sont plus grands.
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