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Des inquiétudes entendues à la présentation du projet de 525 M$ des Serres Toundra

Un homme parle sur une scène à côté d'un écran.

Le projet prévoit l’ajout de 60 hectares de production, d’ici sept à huit ans pour ajouter sept phases pour cultiver d’autres légumes que des concombres.

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Les Serres Toundra ont présenté mercredi soir leur projet d’expansion de plus d’un demi-milliard de dollars à Saint-Félicien qui prévoit l’ajout de sept phases d’ici sept à huit ans. Des citoyens ont exprimé leurs inquiétudes face à l’augmentation de la pollution lumineuse lors de la séance d’information, où il a aussi été question des besoins de main-d’oeuvre et des retombées économiques.

Plus d’une centaine de personnes ont assisté à la séance d’information destinée à la population et aux médias qui a duré environ deux heures à l’Hôtel du jardin à Saint-Félicien. Les échanges se sont déroulés dans le respect, même si à certains moments, les discussions ont été plus tendues.

Le président-directeur général (PDG) des Serres Toundra, Éric Dubé, a débuté la séance en présentant les grandes lignes du projet, accompagné sur scène par 10 entrepreneurs partenaires et le représentant syndical de l’entreprise serricole qui produit des concombres.

Les Serres Toundra ont décidé de tenir la séance d’information qui était prévue, malgré l’incendie qui s’est déclaré dans l’une des serres de l’entreprise peu avant 16 h et qui a été rapidement maîtrisé. Le PDG, qui a rapidement abordé le sujet de l’incendie, n’était pas en mesure d’évaluer mercredi soir les dégâts et leurs impacts sur l’implantation de la prochaine phase des serres, qui pourrait avoir lieu dans un à deux ans.

Un plan sur une terre.

Le projet présenté par les Serres Toundra mercredi soir comprend dix phases.

Photo : Gracieuseté des Serres Toundra

Éric Dubé a précisé d’emblée que les Serres Toundra ont décidé de devancer la présentation du projet d’expansion, à la suite des questionnements et critiques entendus après la tenue d’une journée de consultation par Hydro-Québec vendredi sur le projet de ligne à haute tension de 161 kilovolts qui permettrait de soutenir le développement des prochaines phases des Serres Toundra.

La députée de Roberval, Nancy Guillemette, le préfet de la MRC de Maria-Chapdelaine, Luc Simard, étaient présents dans la salle, ainsi que Richard Garneau, ancien président et chef de la direction de Produits forestiers Résolu (PFR). PFR est actionnaire des Serres Toundra et alimente en partie les installations par la récupération des rejets de dioxyde de carbone de son usine voisine de pâte kraft.

Diversification du type de culture et retombées économiques

Les sept phases qui représentent un investissement de 525 M$ s’ajouteraient dans les sept à huit prochaines années aux trois phases actuelles des Serres Toundra qui comprennent également une serre pouponnière.

Les nouvelles phases auraient chacune une superficie de 8,5 hectares, comme les trois premières serres, pour un ajout de 60 hectares de culture. Le complexe attendra ainsi 87,5 hectares.

« Avec une superficie comme ça, on ne fera pas que des concombres », a assuré le PDG Éric Dubé. Comme elle l’avait déjà annoncé par le passé, l’entreprise souhaite diversifier ses cultures de légumes, qui demanderont d’ailleurs moins de luminosité.

Des gens écoutent une présentation dans une salle.

Le président-directeur général des Serres Toundra, Éric Dubé, a présenté le projet d’expansion de 500 M$ devant une centaine de personnes. Onze entrepreneurs partenaires l’accompagnaient sur scène.

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Les Serres Toundra estiment que les retombées du projet dans la région s’élèvent à 39 % du projet, soit 205 M$. L’entreprise estime qu’elle devra se tourner vers le reste de la province et l’Ontario pour 3 % des coûts du projet d’expansion. La majorité des retombées, soit 58 %, ce qui correspond à 305 M$, iront à l’extérieur du Canada en raison de l’achat d’équipements spécialisés, notamment.

Le projet d’expansion permettrait à terme à 315 entreprises de la région de se partager 34 M$ par années en retombées économiques, selon l’estimation présentée.

Le projet sera financé par des fonds privés, par les actionnaires et d’autres partenaires avec qui des discussions sont en cours.

Des écrans noirs sur les prochaines phases

Toutes les prochaines phases des Serres Toundra seront munies d’écrans opaques, comme ceux installés sur la troisième phase. « Ça va être des écrans noirs sur toutes les serres », a assuré Éric Dubé.

Il a toutefois réitéré que l’entreprise ne comptait pas changer les écrans blancs de la phase deux, qui servent principalement à conserver la chaleur, avant environ cinq ans, soit la fin de leur vie utile. La première serre construite par les Serres Toundra comporte aussi des écrans blancs.

Les critiques pour la pollution lumineuse des serres ont toutefois débuté à partir de la mise en opération de cette phase. Éric Dubé invoque les coûts nécessaires pour changer les écrans, qui seraient jetés.

« C’est quand même des millions de dollars, qu’on ne voudrait pas mettre dans les poubelles », a-t-il plaidé.

Régler la pollution lumineuse avant d’aller plus loin

Caroline Lavoie, instigatrice du collectif Tous pour la fin du halo lumineux des Serres Toundra, a affirmé qu’elle craignait de revivre la même situation que celle vécue lors de la mise en opération de la phase 3, alors que la pollution lumineuse était importante avant que les écrans opaques ne soient installés.

« Comment on peut vous faire confiance en ce moment? », a-t-elle demandé à plusieurs reprises, en s’adressant à Éric Dubé.

Elle réclame que Québec et les élus régionaux exigent à l’entreprise de corriger la pollution lumineuse de son complexe actuel avant que les Serres Toundra ne puissent aller de l’avant avec leur projet d’expansion.

Une présentation se fait sur une scène devant des gens assis à des tables.

En plus de citoyens, des élus étaient également présents à la présentation du projet des Serres Toundra, dont la députée caquiste de Roberval, Nancy Guillemette.

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

« Avant de vous donner l’aval pour de nouvelles phases, il faudra avant que vous régliez le problème, parce que présentement, le problème, il n’est pas réglé », a-t-elle lancé dans son intervention, qui a été suivie d’applaudissements.

Éric Dubé a répliqué en disant qu’il ne s’était jamais caché face aux impacts, mais il s’est dit ouvert à d’autres solutions ou à appliquer d’autres technologies qui seront disponibles dans les prochaines années.

D’autres citoyens ont également questionné l’entreprise sur la pollution lumineuse, l’éclairage des serres et les panneaux utilisés. Il a également été proposé par un citoyen de déplacer la période de repos, qui est de 23 h à 5 h, pendant laquelle la lumière des serres est éteinte, à un autre moment. Le PDG Éric Dubé s’est montré ouvert à la proposition.

Des questions sur la main-d’oeuvre

Les besoins de main-d’oeuvre ont aussi suscité plusieurs questions et échanges. Les Serres Toundra comptent environ 250 employés actuellement, dont la majorité sont des travailleurs étrangers.

Éric Dubé a indiqué ne pas être en mesure d’évaluer les besoins de main-d’oeuvre futurs des Serres Toundra. Le PDG compte miser sur la robotisation pour optimiser ses opérations, alors que la pénurie de main-d’oeuvre est un enjeu important pour l’entreprise.

Une citoyenne a questionné le représentant syndical Daniel Leblond, déplorant que peu de travailleurs de la région aient un emploi aux Serres Toundra. Le représentant syndical a convenu que les horaires de travail de 60 heures par semaine pouvaient en rebuter certains, mais a affirmé que ces horaires conviennent aux travailleurs en poste.

Plusieurs représentants des entreprises partenaires des Serres Toundra, présents sur la scène, ont pris la parole à la fin de la séance pour insister de leur côté sur les retombées pour leur entreprise. Ils ont mis de l’avant l’expertise développée et expliqué comment les contrats des Serres Toundra pouvaient par exemple soutenir leur entreprise à des moments moins occupés.

Énergie et ligne à haute tension

Jean-François Robert, un citoyen de Saint-Félicien, a questionné le PDG Éric Dubé sur la puissance électrique dont auront besoin les Serres Toundra pour le projet et sur les tarifs dont elle bénéficie.

Celui qui est également producteur maraîcher remet en question l'utilisation d'énergie pour ce type de projets qui consomment une énergie importante en hiver et qui sont soutenus par Québec via la Stratégie de croissance des serres.

Un homme pose une question dans une assemblée.

Le maraîcher Jean-François Robert a posé des questions sur l'énergie nécessaire pour alimenter le projet des Serres Toundra.

Photo : Radio-Canada / Myriam Gauthier

Le patron des Serres Toundra a indiqué que les serres avaient besoin, en période de pointe, d’un maximum de 40 MW, mais que ces besoins ne seraient pas nécessairement multipliés de façon proportionnelle aux phases d’expansion du projet.

Les Serres Toundra paient environ entre 5,4 et 5,5 cents le kilowattheure, a mentionné Éric Dubé, un montant qui est influencé par les pénalités imposées en période de forte consommation par Hydro-Québec. 

Dominic Boivin, un citoyen du rang de la Rivière-aux-Saumons, a pour sa part réclamé que le tracé privilégié pour la ligne à haute tension soit retravaillé, en affirmant que le scénario présenté n’a pas d’acceptabilité sociale. « Chez nous, on n’a pas d’Internet, mais on va avoir une ligne d’Hydro », a-t-il déploré.

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