Cri du cœur de Premières Nations du nord du Manitoba face aux problèmes de santé mentale

Le grand chef Garrison Settee du Manitoba Keewatinowi Okimakanak, à gauche, le chef de Red Sucker Lake Sam Knott, à côté de lui, le chef de la Première Nation de Garden Hill Charles Knott, la chef régionale de l'Assemblée des Premières Nations Cindy Woodhouse et le grand chef Scott Harper du Island Lake Anishininew Okimawin, à droite, s'expriment lors d'une conférence de presse mercredi pour réclamer des infrastructures de santé.
Photo : Radio-Canada / Warren Kay
Le regroupement des Premières Nations d’Island Lake, dans le nord du Manitoba, lance un cri du cœur face aux problèmes de santé mentale et demande des infrastructures de soins.
Après avoir enregistré 2 morts et 17 tentatives de suicide dans la Première Nation de Red Sucker Lake, dans les derniers mois, les communautés autochtones environnantes s'allient.
Red Sucker Lake est accessible seulement par avion. La communauté est située à environ 530 kilomètres au nord-est de Winnipeg.
Le grand chef de Island Lake Anishininew Okimawin, Scott Harper affirme que chaque jour, les chefs des nations d'Island Lake, Red Sucker Lake, Garden Hill, St. Theresa Point et Wasagamack, constatent que le risque de suicide menace constamment leurs communautés
.
Ils demandent au gouvernement provincial et au fédéral la construction d'un hôpital ainsi que d'un centre de traitement des toxicomanies, pour s'occuper plus rapidement des gens en crise.
Le Canada doit offrir aux Premières Nations d'Island Lake une égalité réelle en matière de services sociaux et de santé, comme c'est le cas pour les autres Canadiens
, a lancé M. Harper, en conférence de presse mercredi.
Une stratégie urgente est nécessaire pour remédier aux effets traumatiques intergénérationnels de la colonisation, combinés à des décennies de ressources et de financement insuffisants, ce qui a créé une pandémie de souffrance
, renchérit-il.
À lire aussi :
Le chef de Red Sucker Lake, Samuel Knott, estime qu'il y a un besoin urgent d'un plus grand nombre de programmes pour les jeunes de la communauté. Il rappelle que les besoins de base des Premières Nations doivent aussi être comblés.
« Le chaos, les problèmes de santé mentale, la sécurité alimentaire et les logements inadéquats placent les familles de notre Première Nation dans des conditions dignes du tiers monde et ne nous permettent pas de prononcer le mot ''espoir''. »
M. Knott, se dit inquiet du manque de soutien et de financement
tout en rappelant les promesses rompues
.
Le chef de Garden Hill, Charles Knott, soutient que la communauté devrait bénéficier d'un système de santé plus solide. Présentement, seules quatre infirmières travaillent dans sa communauté de 4000 personnes, fait-il valoir.
Sa communauté a également besoin de soutien pour son programme de police locale, qui, selon lui, n'est actuellement pas financé par le gouvernement.
C'est là que nous avons le plus besoin d'aide pour maintenir l'ordre dans nos communautés
, déclare M. Knott.
La grande chef de l'Assemblée des chefs du Manitoba, Cathy Merrick, déplore le fait que le Manitoba délègue ces enjeux au gouvernement fédéral et oublie les plus de 18 000 résidents d'Island Lake
.
La ministre de la Santé mentale Sarah Guillemard a affirmé lors d’une conférence de presse que la province est prête à travailler avec le gouvernement fédéral pour trouver une solution à long terme aux problèmes soulevés par les chefs autochtones.
Nous sommes heureux de nous joindre au gouvernement fédéral dans ces discussions pour examiner les moyens d'aider à soutenir les communautés, en particulier dans les régions rurales et du Nord
, a-t-elle déclaré.
Services aux Autochtones Canada fournit des infirmières et du financement pour les programmes de santé communautaires, ainsi que le transport à Winnipeg pour les services assurés. Le ministère a déclaré qu'il continuait de soutenir l’Office régional de la santé Four Arrows qui fournit des services aux communautés d'Island Lake, dans ses efforts pour étendre les services de santé assurés par la province.
Nous reconnaissons qu'il reste du travail à faire pour combler l'écart d'accès à des soins de santé de qualité entre les peuples autochtones et non autochtones au Canada
, a déclaré Randy Legault-Rankin, porte-parole du ministère.
Des responsables de Services aux Autochtones Canada ont rencontré la communauté le mois dernier et continueront de fournir un soutien, a-t-il ajouté. Le ministère prévoit d'augmenter ses services de conseil dans la communauté en envoyant un thérapeute à Red Sucker Lake pour un total de 10 jours.
En cas de difficulté, voici où trouver de l'aide :
Toute personne ayant besoin d'aide peut contacter la ligne d'assistance Espoir pour le mieux-être (Nouvelle fenêtre), qui fournit un soutien psychologique et une intervention de crise immédiats et gratuits par téléphone et par messagerie en ligne à tous les peuples autochtones du Canada.
Ce service est disponible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 en anglais et en français, et sur demande en cri, en ojibwé et en inuktitut.
La ligne d'aide gratuite : 1 855 242-3310
D'autres ressources sont également disponibles :
- Parlons Suicide Canada (Nouvelle fenêtre) : 1 833 456-4566 (téléphone) | 45645 (texte entre 16 h et minuit HE).
- Jeunesse, J'écoute (Nouvelle fenêtre) : 1 800 668-6868 (téléphone), service de consultation en direct sur le site web.
- Association canadienne pour la prévention du suicide (Nouvelle fenêtre) : Pour trouver un centre de crise ouvert 24 heures sur 24.
- Ce guide du Centre de toxicomanie et de santé mentale (Nouvelle fenêtre) explique comment parler du suicide avec une personne dont l'état de santé mental est inquiétant.
Avec les informations de Bryce Hoye