Plusieurs fautes graves invoquées par la STS pour congédier Jean-Luc Roberge

L'ancien directeur général de la Société de transport du Saguenay, Jean-Luc Roberge
Photo : Radio-Canada
- Gilles Munger
La Société de transport du Saguenay (STS) ne s'est pas basée uniquement sur le rapport sévère de la vérificatrice générale de la Ville pour congédier l'ex-directeur général Jean-Luc Roberge en mai dernier. Plusieurs fautes suffisamment graves aux yeux de l'organisation ont été invoquées pour justifier un congédiement.
Elles sont énumérées dans la lettre d'explications livrée par la STS à Jean-Luc Roberge, dont Radio-Canada a obtenu copie.
Le document signé par le conseiller municipal et président de la STS, Claude Bouchard, a été déposé devant le Tribunal administratif du travail (TAT) qui a entendu en octobre la plainte de Jean-Luc Roberge pour congédiement illégal.
Il indique que la firme Raymond Chabot Grant Thornton a d'abord validé divers éléments de l'enquête de la vérificatrice générale
. Claude Bouchard conclut à une absence totale de gestion des ressources humaines, de gouvernance financière et de planification stratégique
.
Sur les autres motifs de congédiement, la STS estime que l'ex-directeur a brisé le lien de confiance avec le conseil d'administration lors de l'enquête de la vérificatrice générale en septembre 2021. Jean-Luc Roberge n'aurait pas informé le conseil d'une clause qui renouvelait automatiquement son contrat de travail, avant même que les conclusions de l'enquête ne soient publiées.

Radio-Canada a obtenu la lettre de la Société de transport du Saguenay (SPS) citant à Jean-Luc Roberge les raisons de son congédiement.
Photo : Radio-Canada / Gilles Munger
Une entente avec l'UQAC sans signer de documents
La STS reproche d'autre part à Jean-Luc Roberge d'avoir conclu une entente de 750 000 $ sur cinq ans avec l'Université du Québec à Chicoutimi (UQAC) sans signer aucun document, si bien que, toujours selon la STS, l'UQAC estimait n'avoir que 150 000 $ sur une année à verser dans ce dossier. Jean-Luc Roberge se serait possiblement retrouvé en conflit d'intérêts dans ce dossier.
Comme l'ex-directeur a refusé de répondre aux questions de la firme comptable, la société de transport écrit que son refus est une faute grave qui entraîne des conséquences
, puisqu'il devenait difficile de savoir si l'ex-directeur général était ou non en conflit d'intérêts pour ce contrat.
Elle l'accuse aussi de laxisme
dans la gestion des ressources humaines plus que déficiente
à l'époque, souligne la lettre de cinq pages. Aucune mesure n'a été prise pour redresser la situation
, précise le document. Dans ce dossier, la société de transport cible un autre possible conflit d'intérêts.

Le conseiller municipal Claude Bouchard est le président du conseil d'administration de la Société de transport du Saguenay (STS).
Photo : Radio-Canada
L'organisation accuse en outre Jean-Luc Roberge d'avoir utilisé un véhicule à des fins personnelles en contravention avec ses règles internes. Ce comportement illégal de votre part est une faute grave qui aurait mérité, en soi, un congédiement
, précise-t-elle.
La Société de transport du Saguenay reproche finalement à Jean-Luc Roberge d'avoir congédié une employée sans avoir consulté d'avocat pour la marche à suivre. Cette faute grave coûtera des dizaines de milliers de dollars à la STS, le tout causé uniquement par votre absence minimale de diligence
, est-il mentionné.
Une décision bientôt du Tribunal du travail
L'avocat de Jean-Luc Roberge, Me René Delorme, n'a pas voulu commenter, rappelant que son client conteste devant le Tribunal administratif du travail précisément parce qu'il estime que ce congédiement a été fait sans cause juste et suffisante.
La juge du TAT, Caroline Gagnon, devrait bientôt rendre sa décision et déterminer si la cause sera entendue sur le fond.
Contrat de travail
Le contrat de travail déposé au tribunal permet d'autre part de constater que M. Roberge a reçu un salaire annuel d'environ 160 000 $ en 2021. Ce dernier était en poste depuis un peu plus de cinq ans avant son congédiement en mai dernier.
La STS a enregistré un déficit de 2,7 M$ selon le plus récent bilan annuel de 2020, soit en pleine pandémie. L'organisme a un budget annuel d'environ 25 M$ et compte 93 véhicules dont une majorité d'autobus urbains.
- Gilles Munger