Une centaine de Néo-Brunswickois dénoncent publiquement la privatisation en santé

Les signataires de la lettre ouverte contre la privatisation dans les soins de santé au Nouveau-Brunswick craignent que cela mène à un système à deux vitesses (archives).
Photo : iStock / AndreyPopov
Près d'une centaine de citoyens du Nouveau-Brunswick dénoncent dans une lettre ouverte la privatisation grandissante dans le système des soins de santé de la province. Ils ont envoyé leur lettre à tous les députés provinciaux.
Les auteurs de la lettre expliquent que le gouvernement a déjà confié à l’entreprise privée Croix Bleue Medavie la gestion des services ambulanciers, de l’Hôpital extramural et de Télé-Soins. Fredericton a aussi recours au privé pour le service eVisitNB.
Plus récemment, le 29 septembre dernier, le gouvernement a annoncé un projet pilote avec une clinique privée, le Centre d’ophtalmologie Acadie Bathurst, afin d’augmenter de 30 à environ 75 par semaine le nombre d’interventions chirurgicales de la cataracte. Le service, qui est couvert par l'assurance-maladie du Nouveau-Brunswick, a aussi pour but de libérer des salles de chirurgie à l’Hôpital régional Chaleur.
Les signataires de la lettre craignent toutefois que le recours grandissant au secteur privé entraîne une perte de contrôle de la communauté sur les soins de santé, une diminution de l’obligation de rendre des comptes et un exode de travailleurs du système public au privé.
Deux signataires, Jean-Claude Basque, cofondateur du Front commun pour la justice sociale, et Thérèse Duguay, ancienne travailleuse en soins à domicile, ont accordé une entrevue à ce sujet à l’émission Le Téléjournal Acadie, lundi.
« On a un démantèlement du système public de santé qui est fait par notre propre premier ministre. Il s’est débarrassé des régies de la santé. Là, il est prêt à prendre de notre argent public pour subventionner des cliniques privées et il regarde même à offrir en réalité ses propres employés au secteur privé. »
En parlant des régies de santé, M. Basque faisait allusion à la décision du gouvernement annoncée à la mi-juillet de remplacer les conseils d'administration des réseaux Vitalité et Horizon par des fiduciaires. Nous devons avoir les bonnes personnes en place pour surmonter la situation actuelle et pour bâtir un système de soins de santé qui est meilleur et plus stable pour notre province
, a expliqué le premier ministre Blaine Higgs en annonçant cette mesure temporaire.
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Thérèse Duguay craint que le recours grandissant au secteur privé mène à une détérioration de la qualité des soins.
C’est que justement, j’ai travaillé pour un système privé, j’ai travaillé pour un but non lucratif, des agences, et je vais vous dire. C’est que le gouvernement nous mettait dans ces systèmes-là parce que ça faisait son affaire. Il y avait moins de salaires, moins d’avantages [sociaux], les services étaient moins bons. Ça coûtait moins cher, mais ce n’était pas bon ce système-là. Aujourd’hui, je conteste qu’on s’en va à un système privé
, affirme Thérèse Duguay.
Jean-Claude Basque craint que le recours au privé mène à une concentration des soins dans les milieux urbains.
C’est là qu’est la population, c’est là que ces compagnies-là vont vouloir venir et c’est que les services vont être offerts. Donc, les régions rurales n’auront pas nécessairement accès à ces services-là. Pour y avoir accès, ils seront obligés de venir dans un milieu urbain, donc ça va leur coûter beaucoup plus cher
, estime M. Basque.
« On ouvre notre système au privé au lieu d’investir à l’intérieur de notre propre système. [...] C’est clair qu’il y a des choses à améliorer, mais faisons-le à l’intérieur de notre système qui est accessible à tout le monde. »
Thérèse Duguay et Jean-Claude Basque invitent toute la population de la province, les partis d’opposition et les organismes communautaires à intervenir aussi dans le débat sur la privatisation dans les soins de santé.
Avec les renseignements du téléjournal Acadie