Du bois traité… avec un sous-produit du fromage

Le perméat d’ultrafiltration de lactosérum pénètre directement dans les cellules du bois pour en améliorer les propriétés.
Photo : iStock / ozgurdonmaz
Un sous-produit de la fabrication du fromage pourrait bien être un allié dans la construction. Une équipe de l’Université Laval a montré que ce résidu alimentaire protège le bois des conséquences de l’humidité comme son gonflement, son retrait et la présence de moisissures.
En utilisant le perméat d’ultrafiltration de lactosérum, qui est le liquide filtré une fois le lait transformé en fromage, les scientifiques diminuent la capacité du bois à capter l’humidité.
« La présence d'humidité [...] est étroitement reliée à la formation de micro-organismes. Donc indirectement, oui, ça va pouvoir venir limiter la croissance de champignons et de moisissure. »
Le sous-produit permettrait également d’éviter la formation de fissures dans la surface du bois.
Le procédé de traitement fait pénétrer le perméat directement dans les cellules du bois. Il agit ainsi sur deux fronts, souligne la professeure. Les cellules seront gonflées
en permanence pour augmenter la stabilité du matériel. Le résidu va également neutraliser les groupements moléculaires qui font que le bois aime beaucoup l'eau
.
Valorisation à deux volets
L’efficacité du traitement va dépendre des essences de bois choisies. Les scientifiques en ont testé deux : l’épinette, fortement utilisée en construction, et le peuplier faux-tremble, une essence de bois bien présente, mais peu valorisée au Québec.
Cette dernière a justement été choisie pour lui trouver une utilité. Puisque l’essence est facile à imprégner, le traitement pourrait densifier le bois et le rendre plus apte à la construction. Le grain du bois est pas super intéressant si on le compare à l'érable ou au chêne, mais il y en a quand même beaucoup qui poussent aussi, donc on voulait lui trouver des voies de valorisation
, rapporte Mme Landry.
Le choix du sous-produit s’est fait pour éviter de faire compétition au milieu de l’alimentation qui peut utiliser le lactosérum. Il y a de grosses entreprises qui sont capables de le sécher, puis de le valoriser. Mais il y a beaucoup de petites entreprises pour qui c'est vraiment un effluent. Ils doivent s'en débarrasser
, souligne la chercheuse.
Ce serait donc avec elles que l’équipe veut travailler pour récupérer cette partie du procédé de fabrication du fromage. Il y en a de très grands volumes. C'est vraiment le principal déchet
, ajoute-t-elle.
Les scientifiques poursuivent leur recherche avec des études de viabilité et des essais à plus grande échelle à la forêt Montmorency. Des supports exposent les planches traitées au soleil et aux intempéries pour voir comment elles supporteront les conditions à court et à long terme.