•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

L’ex-chef de police d’Ottawa nie qu’il cherchait des coupables pendant l’occupation

Peter Sloly rejette l'hypothèse selon laquelle il a eu peur de perdre son emploi l'hiver dernier.

Peter Sloly ajuste ses lunettes.

Peter Sloly a quitté son poste de chef de la police d'Ottawa en pleine crise, le 15 février 2022.

Photo : Radio-Canada / Adrian Wyld

Radio-Canada

L'ancien chef du Service de police d'Ottawa (SPO), Peter Sloly, continue de défendre son bilan relatif à l'occupation du centre-ville, l'hiver dernier, par une horde de camionneurs et de manifestants opposés aux mesures sanitaires, un assaut qui a fini par lui coûter son poste.

Devant la Commission d'enquête sur l'état d'urgence, lundi matin, M. Sloly a rejeté l'hypothèse du procureur du SPO, David Migicovsky, selon laquelle il a eu peur de perdre son emploi et a cherché des coupables dans sa propre équipe au plus fort des événements.

Pour étayer sa thèse, Me Migicovsky a cité des documents déposés en preuve qui laissent entendre que M. Sloly aurait tenté à l'époque de discréditer ses adjoints, Patricia Ferguson et Steven Bell.

Il a notamment évoqué les notes prises par Mme Ferguson le 14 février selon lesquelles M. Sloly était à l'époque à la recherche de courriels qui auraient prouvé qu'elle l'avait tenu dans l'ignorance en ce qui concerne le remplacement du commandant responsable du déploiement, quelques semaines plus tôt.

Toutefois, si M. Sloly a répété lundi que le degré de confiance qu'il avait en ses adjoints en avait pris un coup et qu'il s'était, à partir de ce moment-là, impliqué plus activement dans la gestion quotidienne des opérations, il a nié en bloc les allégations du procureur du SPO selon lesquelles il aurait tenté de trouver des boucs émissaires.

« Tout ce qui se dit sur moi [à la Commission] vient de rumeurs qui ont été colportées au commissariat. Et c'est vrai pour les témoignages de tous les officiers que j'ai entendus jusqu'à présent. »

— Une citation de  Peter Sloly, ex-chef de police d'Ottawa

Plusieurs fois lundi matin, M. Sloly a répété que les notes de Mme Ferguson déposées en preuve à la Commission relevaient plus de l'interprétation de Mme Ferguson que de faits avérés.

Il a notamment nié avoir dit au sujet d'un inspecteur de la police provinciale insatisfait de sa gestion de la crise qu'il lui couperait les couilles et qu'il s'en servirait comme serre-livres.

Je ne me souviens pas avoir dit ça, a déclaré l'ex-chef de police, stupéfait à la vue de tels propos qu'il aurait prétendument tenus. Je ne pense pas avoir jamais dit quelque chose comme ça.

M. Sloly a fini par démissionner le 15 février. C'est Steven Bell qui a dirigé le SPO jusqu'au démantèlement du convoi de camionneurs, du 18 au 20 février. À ce jour, M. Bell est toujours en fonctions, mais il cédera son poste dans quelques semaines à Eric Stubbs.

Le gouvernement Trudeau a invoqué la Loi sur les mesures d’urgence le 14 février 2022 pour mettre fin à un rassemblement qui réunissait des camionneurs et d’autres manifestants opposés aux mesures sanitaires liées à la COVID-19, qui ont paralysé le centre-ville d’Ottawa du samedi 29 janvier au dimanche 20 février.

Cette loi – adoptée en 1988 pour succéder à la Loi sur les mesures de guerre – prévoit notamment qu’une enquête publique doit a posteriori se pencher sur les circonstances qui ont mené les autorités à prendre une telle décision.

Une firme externe qui en menait large

Un document soumis en preuve devant la Commission lundi montre par ailleurs que la firme de gestion de crise Navigator – qui surveillait notamment la réputation de M. Sloly dans les médias – a reçu plus de 185 000 $ en honoraires du SPO l'hiver dernier.

Le recours à cette firme était « inapproprié », a estimé Steve Bell lors de sa comparution devant la Commission la semaine dernière, et c'est pour cette raison qu'il a mis fin à l'entente conclue entre les deux parties lorsqu'il a pris les rênes du service de police, à la mi-février.

Combatif, Peter Sloly a démenti lundi avoir discuté de questions d'ordre opérationnel avec les représentants de Navigator. Il n'a été question que de communications, a-t-il assuré.

À plusieurs reprises au cours de son contre-interrogatoire, l'ex-chef de police Sloly a en outre indiqué que le convoi de la liberté avait été un événement en matière de sécurité nationale – concept au cœur de la Loi sur les mesures de guerre – en raison du caractère coordonné des manifestations à divers endroits, notamment à Ottawa et à Coutts, en Alberta.

M. Sloly a aussi évoqué les difficultés qui ont surgi lorsqu'on a décidé de réquisitionner des remorqueuses pour déplacer les camions qui occupaient le centre-ville : les propriétaires faisaient l’objet de menaces. Il a révélé que la Gendarmerie royale du Canada (GRC) était même allée jusqu'à chercher à dénicher des remorqueuses sur le site de petites annonces Kijiji.

Le témoignage de l’ex-chef Sloly, qui avait débuté vendredi, a repris lundi matin avec les contre-interrogatoires. Il met un point d’orgue à une dizaine de jours d’audiences consacrées exclusivement aux points de vue policiers sur la crise. Des organisateurs du convoi seront entendus par la suite.

Doug Ford attendu en cour mardi

Jusqu’ici, les audiences de la Commission, qui se sont amorcées le 13 octobre, ont notamment permis d’apprendre que la police locale n’a pas tenu compte des avertissements émis çà et selon lesquels le convoi pourrait rester à Ottawa plus longtemps que prévu.

Le SPO a erré dans sa planification, a reconnu Patricia Ferguson, et les policiers sont tombés des nues lorsque les camionneurs ont cessé de collaborer avec eux, a raconté Steven Bell. La suite est connue : les semaines qui ont suivi ont été un véritable cauchemar pour les résidents et pour les commerçants du centre-ville.

Pour cette raison, le SPO a vite perdu la confiance du fédéral, a appris la Commission la semaine dernière. Le gouvernement Trudeau a un temps songé à négocier avec les leaders du convoi, mais il a finalement décrété des mesures d’urgence, dont la nécessité, neuf mois plus tard, ne fait toujours pas l’unanimité.

À ce jour, le juge Paul Rouleau a entendu 22 témoins, dont l’ex-maire d’Ottawa, Jim Watson. À terme, 68 personnes auront comparu, dont Justin Trudeau et sept ministres, des représentants du SCRS ainsi que la commissaire de la GRC, Brenda Lucki.

Le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, et l’ex-solliciteure générale de la province, Sylvia Jones, ont aussi reçu une assignation à comparaître, mais ils s’y opposent pour plusieurs raisons, plaidant entre autres qu’il s’agit, selon eux, d’une affaire strictement fédérale. Un juge entendra leur cause mardi.

Vos commentaires

Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette. Bonne discussion !

En cours de chargement...