BRP « préoccupée » par l’utilisation présumée de ses moteurs dans des drones russes

BRP soutient être très préoccupée par la situation.
Photo : La Presse canadienne / Graham Hughes
L'entreprise Bombardier produits récréatifs (BRP), située à Valcourt, affirme être « très préoccupée » par la possible utilisation de ses moteurs Rotax dans des drones russes utilisés lors de frappes en Ukraine.
Le moteur Rotax, fabriqué par la filière autrichienne de BRPSki-Doo, mais sont également utilisés dans le monde de l'aviation.
, serait employé dans la conception de drones fabriqués en Iran. Ces moteurs servent habituellement à propulser les motoneigesLa conseillère principale aux relations médias de BRP
, Biliana Necheva, dit prendre la situation très au sérieux et soutient que l'entreprise a lancé une enquête à ce sujet.Les moteurs Rotax ne sont pas conçus pour des fins militaires. Ils ne sont pas vendus dans cette perspective-là
, affirme-t-elle.
« On a ouvert une enquête pour comprendre la provenance de ces moteurs. Et les ventes à des producteurs militaires en Iran et en Russie ne sont pas permises, elles sont interdites. »
Le printemps dernier, BRPcessé l’exportation de ses produits vers la Russie en guise de représailles.
avait par ailleursLa responsabilité de BRP
Ce ne serait d'ailleurs pas la première fois que les moteurs Rotax servent à construire des drones de combat. En 2020, CBC rapportait que l'entreprise suspendait ses livraisons (Nouvelle fenêtre) aux pays qui en faisaient un usage nébuleux
après avoir reçu des indications que l'Azerbaïdjan les utilisait contre les forces arméniennes. BRP mentionnait également à ce moment que ses moteurs étaient produits uniquement pour des usages civils, et non dans un but militaire.
Allison Marchildon, professeure titulaire au Département de philosophie et éthique appliquée de l'Université de Sherbrooke, explique que si BRP
n'est pas responsable de cette utilisation, elle a tout de même une responsabilité sociale.Mais ça reste un défi, ça reste illusoire. La notion de responsabilité sociale, ça reste quelque chose de totalement volontaire, ce n'est pas encadré de manière légale, explique-t-elle. C'est difficile de s'attendre à ce que les entreprises assument de façon adéquate leurs responsabilités à cet égard.
La professeure ajoute que la situation est d'autant plus complexe que des intermédiaires doivent faire partie de l'équation. Cependant, elle estime qu'autant l'entreprise que le gouvernement canadien auraient dû faire preuve de prudence.
On doit quand même faire le nécessaire. On savait ou on aurait dû savoir que cela pouvait être utilisé à ces fins-là
, souligne-t-elle, rappelant que la situation s'est déjà produite par le passé.
« On voit des acteurs, tant le gouvernement que BRP, dire être très préoccupés par la situation. Or, il semble y avoir un écart avec leurs pratiques qui ne vont pas dans ce sens-là. »
Allison Marchildon croit que le gouvernement Trudeau a les moyens d'imposer des sanctions ou des interdictions sur ces produits.
Avec les informations de Fanny Geoffrion