Changements climatiques à l’Î.-P.-É. : un plan sans substance, selon les verts

Des dommages causés par l'ouragan Fiona sont visibles à Morell, à l'Île-du-Prince-Édouard, le 27 septembre 2022.
Photo : Radio-Canada / Shane Hennessey
Le gouvernement de l'Île-du-Prince-Édouard a publié, jeudi, une feuille de route pour l'adaptation aux changements climatiques. Cette liste d'actions vise à protéger la province, les infrastructures, les industries et les habitants contre les effets inévitables d'un climat qui change.
Le plan n'est pas né du jour au lendemain. Il est issu d'un processus collaboratif, et sa rédaction tient compte de plus de 500 réponses par le biais de sondages en ligne, de séances d'engagement public et de consultations avec des partenaires communautaires.
La province est particulièrement vulnérable. L'érosion côtière grignote le littoral et les événements météorologiques extrêmes, tels que la tempête post-tropicale Fiona, ont de forts impacts sur les infrastructures, les industries et les insulaires.
L'impact de Fiona
Fiona colore particulièrement le début de la feuille de route, et notamment son premier chapitre, qui concerne la résilience face aux événements extrêmes.
Le ministre de l'Environnement et de l'Action climatique, Steven Myers, estime que l'après-Fiona constitue un bon moment pour publier ce document.
Je pense que le moment est vraiment bien choisi parce que les gens ont en tête ce qui s'est passé et ils ne veulent pas être aussi touchés la prochaine fois
, déclare-t-il.
Nous savons que la côte nord de l'Île-du-Prince-Édouard a été très durement touchée par les ondes de tempêtes, nous savons donc que nous devons apporter des changements là-bas et il peut y avoir des changements avec où les gens peuvent réellement construire, à quelle distance ils peuvent construire, s'ils peuvent construire là-bas ou non, et quel type d'adaptations pourraient être autorisées pour protéger la terre des ondes de tempête
, détaille le ministre.
Pas de réelles actions, selon l'opposition
La feuille de route mentionne en effet que la législation pourrait se durcir notamment dans le domaine de la construction et de l'aménagement.
Mais l'opposition critique un document qui, selon elle, manque de substance.
Ce n'est rien de plus qu'un document d'aspiration - une liste d'objectifs. Il ne comporte aucun calendrier, aucun engagement budgétaire
, tance Hannah Bell, députée verte et porte-parole du parti vert en matière d'environnement. Nous sommes bien au-delà des belles paroles et des pensées. Nous avons besoin d'action
, poursuit-elle.
Elle reconnaît néanmoins que les changements climatiques sont un défi qui dépasse les frontières juridictionnelles
, et qu'il y a besoin d'une approche collaborative. Mais Hannah Bell insiste sur la nécessité de prévoir des résultats concrets assortis d'échéances
, pour qu'une telle approche se révèle efficace.
Les Verts auraient aimé voir trois priorités clairement chiffrées et budgétisées. Qu'auraient-ils choisi? Améliorer la planification de la réponse aux catastrophes
, commence Hannah Bell. Elle poursuit : renforcer notre réseau électrique, par une meilleure gestion de la végétation et l'enfouissement des lignes, mais aussi par la production décentralisée et le stockage de l'énergie
. Enfin, elle cite la protection du littoral, qui passe selon elle par un éloignement du développement le long des côtes
.
Besoin d'un financement fédéral
Des thèmes que l'on retrouve dans le document. L'action 6, par exemple, mentionne que la province va élaborer de façon collaborative un plan provincial d'aménagement du territoire qui pourrait inclure des exigences relatives au maintien des zones naturelles dans les nouveaux lotissements
.
Le gouvernement n'a jamais réussi à élaborer un plan provincial d'aménagement du territoire, bien qu'il s'agisse d'une recommandation de longue date
, balaie Hannah Bell. Les planificateurs provinciaux nous disent que nous en avons encore pour des années, et je me demande pourquoi il n'y a pas de sentiment d'urgence.
Au total, la feuille de route comprend 28 actions, chacune étant déclinée en divers engagements pris par le gouvernement.
Steven Myers précise qu'un financement fédéral va être demandé, afin de pouvoir concrétiser la feuille de route, ce qui irrite Hannah Bell.
Pour une raison quelconque, ce gouvernement semble incapable de s'engager dans une quelconque action. Il s'en remet soit au gouvernement fédéral, soit à des tiers. Ce n'est pas du leadership
, tacle la députée.
Selon le ministre, l'ensemble du plan pourrait être lancé d'ici cinq ans, un délai réaliste pour les Verts, qui se satisfont tout de même de la portée du plan, qui s'intéresse aux impacts des changements climatiques sur les industries et les insulaires.
À lire aussi :
Avec les informations de Sheehan Desjardins, de CBC