Chambre des communes : les députés ont voté contre la rupture avec la monarchie

Yves-François Blanchet devant Alain Therrien et Christine Normandin
Photo : The Canadian Press / Adrian Wyld
La motion du Bloc québécois qui proposait aux députés fédéraux de couper le cordon entre le Canada et la monarchie britannique a sans surprise été défaite mercredi à la Chambre des communes, les conservateurs et l'essentiel des libéraux ayant voté contre.
La motion a été rejetée par 266 votes et n'a recueilli que 44 voix en sa faveur.
Un seul libéral a voté pour, soit Joël Lightbound, tandis que quelques-uns de ses collèges se sont abstenus, comme Soraya Martinez. Les néo-démocrates ont été un peu plus nombreux à s'afficher en faveur de cette motion, par exemple Alexandre Boulerice et Niki Ashton. Leur chef, Jagmeet Singh, s'est abstenu de voter.
Par ailleurs, l'ex-conservateur Alain Rayes, qui siège comme indépendant, a voté en faveur de cette motion.
À sa sortie de la Chambre des communes, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a soutenu que si les élus fédéraux s'étaient véritablement sentis libres au moment de voter, la motion aurait largement
passé.
C'est pour des raisons politiques autres que la pérennité de la monarchie, notamment la peur de rouvrir la Constitution, [que plusieurs députés ont voté contre cette motion].
Selon lui, il est loin d'être impossible d'en arriver à un accord constitutionnel pour rompre les ponts avec la monarchie.
D'après moi, la modernité et la véritable sincérité auraient dû prévaloir
, a tranché M. Blanchet.
Les bloquistes avaient déposé cette motion mardi à l'occasion de leur première journée d'opposition de la session parlementaire. Même s'ils admettaient s'attendre à perdre ce vote, ils estimaient que cela démontrerait aux Québécois, dont les trois quarts sont en faveur de l'abolition des liens avec la monarchie britannique, qui les représente véritablement
.
Les électeurs ne choisissent jamais un roi
, dit Blanchet
M. Blanchet avait longuement défendu l'importance de sa proposition, y compris en rappelant que les millions d'électeurs qui votent à chaque scrutin fédéral ne choisissent jamais un roi, ils choisissent toujours un député
. Il avait également mentionné que les élus fédéraux ont l'obligation de prêter serment d'allégeance au roi d'Angleterre parce qu'on est encore un peuple conquis
.
Les libéraux et les conservateurs ont essentiellement évité de débattre sur le fond de la question, affirmant qu'il y a d'autres sujets prioritaires, notamment l'augmentation du coût de la vie.
Mon Dieu! Ce n'est pas ça qui préoccupe les Québécois ni les Canadiens ces jours-ci
, avait lancé le premier ministre et chef libéral Justin Trudeau lors de la période des questions.
Le leader parlementaire adjoint du Parti conservateur avait quant à lui déclaré que la population accorde peu d'intérêt à la personne dont le visage figure sur les billets de vingt dollars. Selon lui, les Canadiens se soucient plutôt d'avoir assez de billets de vingt [dollars] dans leurs poches pour payer leur épicerie à la fin du mois
.
Au Nouveau Parti démocratique, les députés étaient libres de voter comme ils l'entendaient. Une députée manitobaine, Niki Ashton, n'y est pas allée par quatre chemins en affirmant que le Canada doit faire le pas en avant sur le parcours de la décolonisation
. D'autres députés de cette formation ont pour leur part fait écho aux arguments des deux principaux partis politiques.