Le N.-B. ouvre la voie à des chirurgies simples effectuées à l’extérieur des hôpitaux
Mais pas question de rembourser les services d'avortement en clinique privée, dit le ministre de la Santé.
Des chirurgiens dans une salle d'opération.
Photo : Reuters / Régis Duvignau
Le ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick, Bruce Fitch, a présenté mercredi un projet de loi qui va permettre au gouvernement de financer, dans des cliniques privées, des chirurgies qui se font à l’heure actuelle exclusivement dans les hôpitaux.
[Le nouveau projet de loi] nous permet de rembourser les services qui sont faits en dehors des régies régionales de la santé
, explique-t-il.
Pour l’instant, seules les chirurgies de la cataracte seront remboursées, dans le cadre d’un projet pilote d’une durée de deux ans qui serait lancée à Bathurst.
Ce partenariat entre le Réseau de santé Vitalité et la Clinique d’ophtalmologie Acadie-Bathurst pour les chirurgies de la cataracte a été annoncé le mois dernier.
Le réseau disait alors que l'initiative permettrait de faire passer le nombre chirurgies hebdomadaires d'un peu plus de 30 à environ 75 et permettrait de libérer deux jours de chirurgie par semaine pour d'autres procédures à l'Hôpital régional Chaleur.
Bruce Fitch prévoit que d’autres interventions, comme des coloscopies, s’ajoutent à la liste des services remboursés.
Il affirme que déjà, des cliniques privées dans différentes régions de la province souhaitent offrir des chirurgies.
Refus de la province d’inclure les services d’avortement
Si les cataractes, les coloscopies et d’autres services sont envisagés dans la liste des services remboursés, pas question d’ajouter les services d’avortement au projet de loi, a dit Bruce Fitch mercredi.
Selon lui, les réseaux de la santé estiment qu’il n’y a pas de besoin pour des services d’avortement en clinique privée.
Il affirme que, selon lui, les régies de santé n'ont pas de listes d’attente pour les avortements et que cette procédure peut déjà être obtenue rapidement.
Le chef de l’opposition officielle, Rob McKee, rétorque que le problème des avortements est un problème d'accès et non de listes d’attente. Il croit que la loi devrait permettre le remboursement de cette procédure au privé.
Je trouve que c’est ironique qu’on ne va pas avoir de financement pour les avortements, ça fait quelques années maintenant qu’on demande que cette procédure soit financée dans une clinique ici, à Fredericton, et puis on dit non, tu sais, on ne finance pas des cliniques privées, mais là, on voit que pour soulager les listes d’attente pour d’autres chirurgies, c’est ça exactement qu’on fait
, clame-t-il.
Inquiétudes de l’opposition
Le ministre Bruce Fitch souhaite que l’opposition appuie le projet de loi, afin qu’il soit adopté rapidement.
L’opposition a toutefois des réserves.
Pour la réduction des listes d’attente, c’est un pas en avant. Mais nous avons des préoccupations quant au modèle
, dit Rob McKee.
Les libéraux s’inquiètent, par exemple, que des infirmières quittent les hôpitaux pour se diriger vers des cliniques privées subventionnées par Medicare si la loi est adoptée. Les hôpitaux sont déjà bien assez engorgés, rappelle Rob McKee.
« Si une compétition se crée entre les hôpitaux et les cliniques – privées ou non – pour recruter des les mêmes employés, ça pourrait devenir problématique. »
Le chef du Parti vert du Nouveau-Brunswick, David Coon, qualifie ce projet de loi d’extrêmement problématique
.
[Le gouvernement] va ouvrir la porte pour la corporisation de notre système de santé, pour les chirurgies, au Nouveau-Brunswick
, condamne-t-il.
David Coon dit néanmoins qu’il pourrait être plus réceptif à l’idée si les services étaient offerts par des cliniques gérées par des médecins locaux.
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D’après le reportage de Michel Corriveau et des renseignements de Jacques Poitras, CBC