L’Université de la C.-B. critiquée pour sa gestion de l’affaire Mary Ellen Turpel-Lafond

Tout au long de sa carrière, Mary Ellen Turpel-Lafond a affirmé être une Autochtone de traités d'ascendance crie, mais cela ne semble pas correspondre aux données historiques, selon une enquête de CBC.
Photo : Mike McArthur/CBC
Plusieurs critiques autochtones disent que l'Université de la Colombie-Britannique (UBC) est maladroite dans sa réponse à la remise en question des origines autochtones de l’avocate Mary Ellen Turpel-Lafond.
Une récente enquête de CBC montre qu'il n'existe pas de données historiques démontrant les origines autochtones de Mme Turpel-Lafond. À ce jour, cette dernière n'a pas fourni de preuve qu'elle est une Autochtone de traités, d'ascendance crie, comme elle le prétend depuis des décennies.
L'identité autochtone n'est pas un critère
Les critiques disent que l'UBC doit des réponses aux peuples autochtones en raison du poste que Mary Ellen Turpel-Lafond a occupé dans cette université, où elle a été jusqu'en juin dernier directrice du Centre d'histoire et de dialogue sur les pensionnats autochtones (en anglais, Indian Residential School History and Dialogue Centre).
Le 12 octobre, jour de la publication de l’enquête de CBC, l'UBC a publié une déclaration louant Mme Turpel-Lafond pour ses réalisations professionnelles, ses réalisations au Centre d'histoire et de dialogue sur les pensionnats autochtones et son lien profond avec les communautés autochtones.
L'Université a déclaré qu'elle ne se prononcerait pas sur les origines cries de Mme Turpel-Lafond parce que l'identité autochtone n'était pas un critère pour le poste [de directrice du Centre d'histoire]
.
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Selon Jean Teillet, une avocate métisse et experte en droit des Autochtones, cette déclaration n'est pas plausible
.

L'an dernier, les services de Jean Teillet ont été retenus par l'Université de la Saskatchewan pour enquêter sur les origines autochtones de Carrie Bourassa, qui étaient contestées. (archives)
Photo : Radio-Canada
Jean Teillet ne peut pas imaginer que l'UBC nomme une personne non autochtone à la tête d'un centre qui se consacre à l'histoire et aux conséquences des pensionnats autochtones.
Je pense que les chances qu'ils embauchent une personne non autochtone dans ce rôle sont nulles
, dit-elle.
Elle souligne que l'Université s'était publiquement engagée à embaucher plus d'Autochtones et soupçonne l’UBC de jouer sur les mots
.
Qu'ils l'aient déclaré comme critère ou non, cela [l'identité autochtone] en était un. C'était un critère tacite et peut-être le critère le plus important.
Les revendications d'ascendance autochtone de Mme Turpel-Lafond étaient suffisamment importantes pour figurer en bonne place dans le communiqué de presse du 26 avril 2018 annonçant sa nomination en tant que directrice du Centre d'histoire et professeure titulaire à l'UBC.
Mary Ellen Turpel-Lafond recrutée pour le poste
CBC a demandé à l'UBC de fournir une copie de l'annonce du poste de Mme Turpel-Lafond ainsi que la liste des critères établis pour le poste.
L'Université de la Colombie-Britannique a répondu qu'il n'y avait pas eu d’annonce parce qu'elle avait recruté Mary Ellen Turpel-Lafond pour ce poste.
L'UBC a ajouté que, même si l'ascendance autochtone n'était pas une condition pour le poste, elle a tenu compte des liens profonds de Mme Turpel-Lafond avec les peuples autochtones du Canada
.
Déception de femmes autochtones
Une semaine après la parution de l'article de CBC, un groupe se faisant appeler le Collectif des femmes autochtones a publié une déclaration publique appelant les dirigeants à donner des réponses plus réfléchies et mesurées au reportage de CBC.

Crystal Fafard est une avocate de la Première Nation de Yellow Quill. Elle est également porte-parole du Collectif des femmes autochtones, un groupe de défense formé à la suite de l'enquête de CBC sur Mme Turpel-Lafond.
Photo : Mauricelaw.com
Nous sommes profondément troublées de voir que les professionnels des Premières Nations, les politiciens et les dirigeants universitaires ont été trop prompts à défendre publiquement une personne prétendant détenir le statut d'Indien des traités et être Autochtone, alors qu'en fait il n'y a aucune preuve vérifiable à l'appui de cette affirmation
, indique le communiqué du collectif.
Crystal Fafard, une avocate autochtone de la Première Nation Yellow Quill, en Saskatchewan, et porte-parole du collectif, a déclaré que des femmes autochtones de partout au pays ont trouvé la réponse de l'UBC décevante .
Ils devraient faire une pause, y réfléchir et faire une analyse avant de parler
, affirme-t-elle.
Crystal Fafard estime que l'UBC ne peut pas se cacher derrière l’affirmation selon laquelle la fonction qu'occupait Mary Ellen Turpel-Lafond ne nécessitait pas une ascendance autochtone.
Avec les informations de Geoff Leo