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La perspective unique de Michelle O’Bonsawin, première Autochtone à la Cour suprême

La juge de la Cour suprême du Canada, Michelle O'Bonsawin, en entrevue, assise sur une chaise.

La juge O'Bonsawin souhaite sensibiliser la population et les juristes au taux élevé d'Autochtones dans les prisons fédérales.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Thériault

Micheline Laflamme

Il en a fallu du temps pour que la Cour suprême du Canada fasse une place à un membre des premiers peuples. Le 1er septembre dernier, Michelle O’Bonsawin marquait l’histoire en devenant la première Autochtone à occuper l’un des neuf sièges du plus haut tribunal du pays, vieux de 147 ans.

Nous étions ici il y a des milliers d’années. C'est vraiment important que nous ayons une voix au Canada, a déclaré la juge O’Bonsawin dans une entrevue aux Coulisses du pouvoir. La juriste apporte aussi le point de vue unique d’une Franco-Ontarienne issue de la communauté abénaquise d’Odanak.

Celle qui rêvait de faire partie du cénacle juridique canadien dit avoir été surprise en recevant l’appel du bureau du premier ministre. Tu l’espères! Tu le souhaites! C'est un numéro que je ne reconnaissais pas. J'ai pris l'appel. [...] J'étais super excitée.

La juge de la Cour suprême du Canada, Michelle O'Bonsawin, est assise durant une entrevue avec Daniel Thibeault.

« J'étais super excitée », a dit Mme O'Bonsawin à la suite de l'appel du bureau du premier ministre, Justin Trudeau.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Thériault

La juge de 48 ans a cependant dû essuyer les critiques de ceux qui trouvaient que ses cinq années à la Cour supérieure de l’Ontario n’en faisaient pas une candidate assez expérimentée. À ce sujet, elle a suivi les conseils de son mentor, l’ancien juge manitobain et président de la Commission de vérité et réconciliation.

L'honorable Murray Sinclair m'avait dit : ''Michelle, il va y avoir des critiques. C'est normal, ça arrive à tout moment. Ne lis pas toutes les critiques.'' J'ai suivi son conseil.

La juge O’Bonsawin se familiarise maintenant avec la dynamique de la Cour suprême. Elle croit qu’elle pourra y mettre à profit son expertise en santé mentale et ses connaissances en ce qui a trait à l’affaire Gladue. Ce jugement rendu par le plus haut tribunal du pays en 1999 avisait les cours inférieures de tenir compte des facteurs systémiques et des origines d’un contrevenant autochtone au moment de la détermination de la peine.

D’ailleurs, elle souhaite sensibiliser la population et les juristes au taux élevé d'Autochtones dans les prisons fédérales. Une étude rendue publique en décembre dernier par l’enquêteur correctionnel du Canada révélait que les Autochtones représentent 32 % des détenus dans les centres de détention fédéraux, alors qu’ils ne constituent que 5 % de la population canadienne.

Michelle O'Bonsawin et Daniel Thibeault en entrevue.

La juge de la Cour suprême du Canada, Michelle O'Bonsawin, en entrevue avec Daniel Thibeault, aux Coulisses du pouvoir.

Photo : Radio-Canada / Mathieu Thériault

Accueil chaleureux

Il va sans dire que la nomination de Mme O’Bonsawin fait la joie de sa communauté d’Odanak. Le chef Richard O’Bomsawin a assisté à son assermentation. La juge a aussi été touchée par l’accueil de ses pairs lors de son passage à la réunion de l’Association du barreau autochtone.

« J'ai ressenti [...] la fierté de tous les avocats et les juristes qui font partie de cette association. C'était vraiment quelque chose. Un accueil chaleureux. »

— Une citation de  Michelle O'Bonsawin, juge de la Cour suprême du Canada

Fière franco-ontarienne

La juge est par ailleurs fière de ses racines franco-ontariennes. Elle a grandi à Hanmer, une municipalité de 6000 habitants. Elle a étudié en français et le parle à la maison avec son conjoint et ses enfants.

J'ai toujours cru que le bilinguisme était très important. D'être capable de s'exprimer dans la langue de son choix, en français ou en anglais, qui sont les langues officielles du Canada. Moi, ça m'a aidée tout au long de ma carrière.

Michelle O’Bonsawin pourra exercer à la Cour suprême du Canada jusqu’à ce qu’elle atteigne l’âge de la retraite, fixé à 75 ans. Son premier défi, dit-elle, sera de s’adapter au rythme de la cour.

Il faut que je sois patiente, dit-elle. Une décision que j'aurais prise en quelques mois à la Cour supérieure, ici, à la Cour suprême, ça peut prendre jusqu'à un an. C'est quand même quelque chose d’unique qu'on ne voit pas nécessairement dans les autres tribunaux.

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