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AnalyseNouveau Cabinet : priorité à l’économie, changement de ton sur l’identité

En rétrospective, le slogan de campagne de la Coalition avenir Québec (CAQ) – « Continuons » – était sans doute le meilleur indice des intentions de François Legault.

Tous les ministres posent pour la caméra assis dans le Salon rouge du parlement.

Le premier ministre François Legault a dévoilé les ministres de son Cabinet jeudi.

Photo : La Presse canadienne / Jacques Boissinot

Le premier ministre avait essentiellement à choisir entre deux scénarios pour la formation de son nouveau Conseil des ministres : y aller d’un grand ménage et repartir à zéro, ou poursuivre dans la continuité en apportant quelques ajustements. Il a visiblement opté pour la seconde possibilité.

Des 30 ministres nommés jeudi, 20 faisaient partie de son gouvernement précédent. Les rôles les plus importants – à la Santé, aux Finances, à l’Économie et au Conseil du Trésor – reviennent tous à ceux qui les jouaient déjà, l’exception qui confirme la règle étant l’Éducation.

François Legault a voulu nommer une personnalité forte à ce ministère réputé dur à gérer et son choix s’est finalement arrêté sur Bernard Drainville. Le principal intéressé admet lui-même qu’il sera difficile de ne pas se faire avaler par la machine. C’est toutefois une autre nomination qui a donné le ton à la cérémonie.

L'hyperministre

Le ministre Pierre Fitzgibbon au micro lors de son assermentation le 20 octobre 2022

Pierre Fitzgibbon conserve son poste de ministre de l'Économie, en plus d'hériter d'autres pouvoirs en matière d’Innovation et d’Énergie.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Élections Québec 2022

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Des fleurs devant l'édifice du Parlement, à Québec.

Si quelqu’un doutait encore que Pierre Fitzgibbon est le véritable numéro 2 de ce gouvernement, les responsabilités additionnelles qu’il a reçues ne laissent planer aucune ambiguïté. L’homme d’affaires devenu député aura tous les outils en main pour mettre à exécution sa vision du développement économique du Québec et personne ne pourra l’arrêter. En plus de l’Énergie, il obtient aussi le Développement régional, la Métropole et la région de Montréal.

La mairesse Valérie Plante ne semble toutefois pas s’en plaindre, à voir la promptitude avec laquelle elle a réagi. C’est un signal fort qui confirme la place centrale de Montréal dans les priorités du gouvernement, a-t-elle indiqué dans les médias sociaux. Il est vrai que Chantal Rouleau, responsable du dossier jusqu’ici, n’a jamais paru faire le poids à la table du Conseil des ministres.

La situation est sans doute moins rassurante pour la présidente-directrice générale d’Hydro-Québec, cette dernière ayant laissé entendre la semaine dernière qu’elle pourrait quitter ses fonctions en raison de différends avec ses vis-à-vis gouvernementaux. En dépit des assurances du premier ministre, qui a révélé avoir personnellement parlé à Sophie Brochu, il sera très difficile de réfréner les ambitions du nouveau ministre de l’Énergie.

Surprises et déceptions

Ceux qui espéraient de grands changements au ministère de l’Environnement seront sans doute déçus du maintien en poste de Benoit Charette. François Legault soutient avoir entendu les préoccupations des Québécois à l’égard des changements climatiques, mais la création d’un nouveau Comité sur l’économie et la transition énergétique ne laisse aucune ambiguïté sur la priorité réelle du premier ministre.

Si la composition du Conseil des ministres ne réserve guère de surprise, une absence étonne. Après avoir raflé toutes les circonscriptions de l’Abitibi-Témiscamingue et du Nord-du-Québec, le premier ministre n’a pas jugé bon de nommer au sein de son Cabinet un seul député issu de ces régions.

Si cette absence semble difficile à justifier, elle l’est d’autant plus dans le contexte du débat sur l’avenir de la Fonderie Horne. Sur les réseaux sociaux, la députée sortante de Québec solidaire Émilise Lessard-Therrien a dit y voir un désaveu de la part de François Legault à l’égard de sa propre députation. Il est difficile de lui donner tort.

En 2012, Pauline Marois s’était attiré les foudres de la Mauricie dans le même contexte. La première ministre y avait fait élire deux députés, mais n’avait nommé aucun ministre de la région. On en avait parlé pendant des semaines.

Mme Fréchette prête serment comme ministre de l'Immigration.

Christine Fréchette est la nouvelle ministre de l'Immigration du Québec.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Au rayon des surprises figure aussi la nomination de Christine Fréchette à l’Immigration. Trois ministres s’y sont frottés et piqués durant le mandat précédent, même si aucun n’avait entrepris de réforme aussi vaste que celle que François Legault veut maintenant mettre en branle.

La nouvelle ministre, qui en est à ses premiers pas en politique, aura besoin de beaucoup de doigté. François Legault a lui-même semblé donner l’exemple dans son discours, en parlant de la question d'un ton beaucoup plus positif.

Pascale Déry et Maïté Blanchette Vézina, deux nouvelles venues en politique québécoise, héritent aussi de lourdes responsabilités, la première à l’Enseignement supérieur, la seconde aux Ressources naturelles et aux Forêts. On verra vite ce dont elles sont capables.

Un nouveau ministre du nationalisme

Jean-François Roberge marche en direction d'un lutrin.

Jean-François Roberge a peut-être perdu le ministère de l'Éducation, mais il a hérité de vastes responsabilités ailleurs.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Après avoir été mis en ballottage, Jean-François Roberge hérite finalement d’une sorte de superministère de l’identité québécoise. Responsable de la Laïcité, de la Langue, des Institutions démocratiques et des Relations canadiennes – cette liste n’étant pas exhaustive –, c’est maintenant lui qui incarnera le nationalisme de la CAQ.

La tentation sera forte de le comparer à Simon Jolin-Barrette, mais on peut déjà parier que son approche sera plus conciliante, du moins dans la forme.

L’ancien ministre de l’Éducation aura surtout la lourde tâche de négocier avec Ottawa le rapatriement de pouvoirs en matière d’immigration. Le gouvernement fédéral semblait avoir une préférence pour Sonia LeBel, mais cela n’a pas dû rassurer François Legault. Dans tous les cas, on ne peut que souhaiter bonne chance au porteur d’une mission aussi périlleuse.

Un dernier tour de piste?

Écarter un ministre, on le sait, est toujours délicat pour un premier ministre. Craignant les répercussions, plusieurs d’entre eux préfèrent acheter la paix en attribuant des ministères secondaires à leurs étoiles déchues. François Legault n’aura finalement montré la porte qu’à deux des membres de son ancien Cabinet, mais plusieurs doivent avoir le sentiment d’être passés bien près de vivre la même humiliation. Ils ne devront pas tarder à se ressaisir.

Une fois le second mandat bien entamé, il n’est pas rare qu’un premier ministre sente le besoin de rebattre les cartes pour insuffler du sang neuf dans son équipe à l’approche des élections. Aux prises avec un Cabinet déjà nombreux, François Legault n’aura plus le luxe de seulement y faire des ajouts.

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