•  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  
  •  

L’univers de l’éducation perplexe à l’égard de la nomination de Bernard Drainville

Si les syndicats et gestionnaires du réseau scolaire ont chaleureusement accueilli jeudi le nouveau ministre de l'Éducation, Bernard Drainville, à micro fermé on se dit « inquiets », « perplexes » et « sous le choc », notamment en raison de ses positions tranchées en éducation.

Le visage de Bernard Drainville lors de sa cérémonie d'assermentation

Bernard Drainville est le nouveau ministre de l'Éducation. Il sera également responsable de la région de Chaudière-Appalaches.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

« On est catastrophés, on s'attendait à la nomination de Sonia LeBel, à quelqu'un qui a du jugement et de la finesse, qui ne fait pas des déclarations à l'emporte-pièce comme sur le troisième lien », dit une source bien informée qui œuvre depuis plusieurs années dans le réseau scolaire.

Il a tenu des propos qui n'étaient pas toujours respectueux sur l'éducation, avec des solutions simplistes, dans des dossiers très complexes, ajoute cette personne, en soulignant que l'inquiétude est ressentie par de nombreux membres.

L'ex-chroniqueur et animateur du 98,5 a notamment déjà attaqué ouvertement en ondes le Conseil supérieur de l'éducation (CSE). Il s'agit d'un organisme ayant pour mandat de veiller au développement de l’éducation au Québec depuis 1964.

En 2019, après deux ans de consultations, le CSE proposait de réviser la façon dont les écoles évaluent les élèves, en s'interrogeant entre autres sur la pertinence de donner la moyenne de la classe aux enfants.

Bernard Drainville ironisait alors sur le stress qui pourrait être causé à des enfants dans ce contexte.

Et il faudrait arrêter de donner la moyenne de la classe? Ah ça, la moyenne, c'est l'enfer! Parce que, qu'est-ce que vous voulez, ça crée un stress chez l'enfant. Je suis un petit peu, comme vous pouvez l'entendre, ironique, pour ne pas dire un petit peu sarcastique, disait-il juste avant de donner la parole à la présidente du CSE, Maryse Lassonde.

Il l'interrompait quelques minutes après, sous prétexte de vouloir mieux comprendre.

Mais pourquoi la comparaison serait-elle devenue une mauvaise chose dans notre société? [...] La vie est ainsi faite, on passe notre temps à se comparer, affirmait l'animateur.

L'enfant n'est pas censé être en train de faire de la compétition outre mesure. C'est pas un athlète. C'est un enfant qui est en situation où il devrait apprendre et on doit faciliter l'apprentissage, répondait la présidente.

En 2021, sur le cours de culture et de citoyenneté qu'il trouvait prometteur, l'ex-ministre péquiste et père de la défunte charte des valeurs estimait que les inquiétudes du personnel scolaire étaient contre-productives et leur suggérait de changer d'attitude.

J'espère que les profs se mettront bientôt en mode positif [...] Encore ce matin, y'a un paquet de monde qui sort pour tirer le canard avant qu'il lève. Voulez-vous, s'il vous plaît [...] Oui, faut s'assurer que ce soit pas un cours fourre-tout [...] que les profs soient bien formés pour le donner. "Oui, oui, oui, oui, mais [...]" on peut-tu essayer?

François Legault donne l'accolade à Bernard Drainville.

François Legault au moment où il présentait l'ancien péquiste et animateur de radio, Bernard Drainville, comme nouveau candidat de la CAQ dans Lévis.

Photo : Radio-Canada / Sylvain Roy Roussel

Cette franchise qui fait peur, disent certains, pourrait aussi être bénéfique, ajoutent d'autres.

Oui. Nos gens sont inquiets. Mais s'il décide de travailler aussi fort pour valoriser l'éducation au Conseil des ministres qu'il a mis de l'énergie pour dévaloriser parfois le personnel, en disant qu'on était déconnectés, on va arriver à quelque chose, souligne, avec une pointe d'humour jaune, une autre source du réseau scolaire.

Tant les associations de directions d'école que les syndicats d'enseignement ont insisté jeudi, dans leurs déclarations officielles, pour dire que le ministre devra consulter, être à l'écoute et travailler en étroite collaboration avec le milieu.

Avec la personnalité de M. Drainville, s'il décide de faire de l'éducation la priorité des priorités, il a la capacité de défoncer des portes, mais il y a du travail avant d'en arriver là, un travail d'écoute, indique Josée Scalabrini, présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE-CSQ).

Bernard Drainville, suivi par un caméraman, marche dans un corridor.

Bernard Drainville en marge d'un caucus de la CAQ à Brossard (archives)

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Avant de faire le saut en politique sous le gouvernement péquiste, Bernard Drainville a été journaliste et correspondant pour Radio-Canada.

On connaît ses capacités journalistiques. On va espérer un ministre qui va jouer son rôle avec sérieux, à la recherche de faits, de rigueur, qui sont nécessaires pour jouer les fonctions de ministre de l'Éducation, souligne de son côté la présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE), Mélanie Hubert.

C'est certain que lorsqu'il y a un nouveau ministre de l'Éducation, il y a un apprentissage de son côté et du nôtre aussi, note le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ) Éric Gingras.

L'aspect positif, quand on change de ministre, c'est de développer une nouvelle façon de faire, ajoute-t-il.

Dans la foulée des révélations de Radio-Canada sur la qualité de l'air dans les écoles, au printemps 2021, Bernard Drainville donnait le bénéfice du doute au ministre Roberge sur les ondes du 98,5.

Jean-François Roberge dit le contraire de la vérité, mais est-ce qu'il le sait qu'il ment?

Paul Arcand lui demandait alors ce qu'il ferait à sa place.

Bernard, toi, tu découvres que ton sous-ministre te ment en pleine face, qu'est-ce que tu fais? lui demandait l'animateur. Bernard Drainville concluait : Tu le "claires", c'est lui qui doit payer.

À la fin de cette chronique, il félicitait par ailleurs la présidente du Conseil du Trésor Sonia LeBel pour son excellent travail de négociation avec les syndicats.

Elle sera justement la vis-à-vis des syndicats du personnel scolaire dans ce qui sera l'un des premiers dossiers du nouveau ministre de l'Éducation : la négociation des conventions collectives. Certains syndicats déposeront leurs propositions dès la semaine prochaine.

Vous souhaitez signaler une erreur?Écrivez-nous (Nouvelle fenêtre)

Vous voulez signaler un événement dont vous êtes témoin?Écrivez-nous en toute confidentialité (Nouvelle fenêtre)

Vous aimeriez en savoir plus sur le travail de journaliste?Consultez nos normes et pratiques journalistiques (Nouvelle fenêtre)

En cours de chargement...

Infolettre Info nationale

Nouvelles, analyses, reportages : deux fois par jour, recevez l’essentiel de l’actualité.

Formulaire pour s’abonner à l’infolettre Info nationale.