Dépassement de coûts : le parc riverain des Grandes-Fourches mis sur la glace

La Ville de Sherbrooke doit assumer un troisième dépassement de coûts du chantier de construction du secteur des Grandes-Fourches.
Photo : Radio-Canada / Thomas Deshaies
La Ville de Sherbrooke doit assumer un troisième dépassement de coûts du chantier de construction du secteur des Grandes-Fourches. La contamination plus importante que prévu met en péril à court terme le projet de réappropriation citoyenne des berges.
Malgré les défis, le nouveau pont prend forme. L'entrepreneur a toutefois dû affronter des terrains plus contaminés qu’anticipés. Des matières industrielles contaminées au plomb ont notamment été découvertes.
On voit ça, des carcasses, principalement, d’automobiles. On a plusieurs milliers de tonnes d’enlevées. Mais juste ici, avec les matières résiduelles dangereuses, c’est cinq fois le prix en matière de disposition
, explique le directeur adjoint du Service des infrastructures urbaines de la Ville de Sherbrooke, Jocelyn Grenier.
C’est ce qui explique que le conseil a autorisé mardi soir, pour la troisième fois, un dépassement de coûts pour l'un des six contrats du projet des Grandes-Fourches. La Ville laissera de côté d’autres volets du projet pour l’instant, dont l’aménagement d'un parc riverain, afin de réduire l'impact des travaux de décontamination sur les finances de la Ville.
« Pour les citoyens, ce n’est pas un budget additionnel qu’on vient ajouter à ce projet-là, c’est plus une répartition des argents qui est différente. »
Partie remise, selon la mairesse
Le projet de réappropriation des berges avait pourtant suscité un fort engouement lors de soirées d'idéation organisées en 2020 et en 2021. Ce ne serait cependant que partie remise, selon la mairesse Évelyne Beaudin, qui réclame une aide financière de l'État depuis des mois.
Ça repousse à plus tard le moment où on peut revitaliser les berges, mais si on a l’argent de la décontamination, on peut le ramener plus tôt
, indique-t-elle.
« Tout l’intérêt d’avoir déplacé le pont, d’avoir fait ça, c’est pour développer un secteur qui était un peu sous-utilisé et qui ne donnait pas accès à la rivière pour les citoyens et citoyennes de Sherbrooke. »
Caroline Gravel demeure quant à elle convaincue que malgré les embûches, la Ville n'avait d'autre choix que de procéder aux travaux pour être cohérente avec sa volonté de densifier la municipalité.
La volonté de vouloir revaloriser le centre-ville, on y serait arrivés d’une façon ou d’une autre. Que ce soit maintenant, c’est encore mieux que ce soit dans 10 ans, car dans 10 ans, ça va coûter encore beaucoup plus cher, les règles vont peut-être encore plus se resserrer
, constate-t-elle.
Laisser les contaminants enfouis pour économiser n'était pas non plus une option acceptable légalement. La biologiste Julie Grenier se réjouit par ailleurs du retrait des contaminants, qui constituaient une menace pour la qualité de l'eau.
On pourrait garder l’illusion que si on n’y touche pas, ils vont rester là, mais inévitablement, ils vont migrer vers les cours d’eau et on va les retrouver malheureusement peut-être dans notre verre d’eau, donc il faut s’en occuper
, souligne-t-elle.
Le chantier des Grandes-Fourches devrait être terminé d’ici la fin de l’année 2023, soit un an plus tard que prévu.
Avec les informations de Thomas Deshaies