Une rencontre de Kateri Champagne Jourdain avec Boralex suscite des questions éthiques
Kateri Champagne Jourdain après l'annonce de sa victoire dans Duplessis (archives)
Photo : Radio-Canada / Marc-Antoine Mageau
En pleine campagne électorale, celle qui était alors candidate caquiste dans Duplessis, Kateri Champagne Jourdain, qui a été élue lors du scrutin, a rencontré des représentants de l'entreprise de production d'énergie Boralex en compagnie du premier ministre François Legault, révélait, mardi, le Journal de Montréal. Lors de cette rencontre, la candidate était encore inscrite comme lobbyiste de Boralex. Deux experts estiment que cette rencontre pourrait représenter un problème éthique.
Avant d'être élue, le 3 octobre, Mme Champagne Jourdain était la directrice des relations avec le milieu pour le projet éolien Apuiat de l’entreprise. Elle ne travaille plus pour Boralex depuis ce jour, confirme l'entreprise.
Boralex assure par ailleurs que, depuis l’annonce de sa candidature, en août dernier, Mme Champagne Jourdain était en congé sans solde.
Belle rencontre avec @IanLafreniere, @CJKateri, les chefs Innus, la mairesse suppléante de Sept-Îles, le maire suppléant de Port-Cartier & les entreprises Boralex & Innergex. On veut collaborer sur le dév. énergétique de la région! pic.twitter.com/xImkf3eN0M
— François Legault (@francoislegault) September 27, 2022
Un porte-parole de la Coalition avenir Québec (CAQ) confirme aussi que la candidate était inscrite au registre des lobbyistes lors de la rencontre du 27 septembre dernier entre Boralex et le chef de la CAQ
, François Legault.Il ajoute qu’elle y a assisté en tant que candidate de la CAQ
et que ce n’était pas une rencontre avec seulement Boralex, mais avec plusieurs entreprises.Questionnement sur le plan éthique
On peut se questionner sur le plan éthique et sur le plan moral
, avance la professeure de sciences comptables à l’Université du Québec à Montréal (UQAM) Saidatou Dicko.
« Parce qu'effectivement, ce genre d’activité pose des questions sur le pouvoir que peuvent avoir des entreprises, notamment les grandes entreprises, sur nos politiciens et sur nos décideurs publics. »
La professeure rappelle tout de même qu’il n’est pas illégal d’être inscrite comme lobbyiste tout en étant candidate.
Elle dit toutefois que Kateri Champagne Jourdain aurait dû se soustraire de son rôle de lobbyiste durant la campagne électorale.
« Je le rappelle, une activité de lobbying est une activité intentée dans le but d'influencer des décisions publiques. »
Mme Dicko estime que la loi pourrait même être changée pour éviter ce genre de situation.
Le professeur en organisation et ressources humaines à l’UQAM
Michel Séguin va dans le même sens. Il considère que cette rencontre du 27 septembre pourrait représenter un problème éthique.Dans le sens où, le fait d’avoir participé à une rencontre comme ça pourrait semer un doute
, dit M. Séguin.
Il précise qu'un député se doit de prendre des décisions qui lui semblent être les meilleures, objectivement, dans l'intérêt de l'état
et des citoyens qu'il représente. Sans se prononcer sur le cas précis de Mme Champagne Jourdain, il ajoute qu'il est important que les citoyens puissent avoir confiance en cette objectivité-là
.
« Advenant le cas où le gouvernement Legault et la députée prendraient une décision de favoriser cette entreprise-là [...], plusieurs personnes pourraient remettre en doute cette objectivité-là. »
Selon Michel Séguin, le gouvernement de la CAQC'est ce qu'on appelle la gestion de conflits d'intérêts.
« Donc pendant un certain temps, est-ce qu'elle pourra [faire partie] des décisions lorsqu'il viendra le temps de discuter des éoliennes par exemple? »
L'expert estime que d'ici quelques années, le lien entre Mme Champagne Jourdain et l'entreprise ou le secteur éolien sera moins important.
Un porte-parole de la CAQ
indique que Kateri Champagne Jourdain n'a pas été en mesure d’offrir une entrevue à Radio-Canada mercredi.Avec les informations de Charles-Étienne Drouin