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Départ de la ministre britannique de l’Intérieur : un nouveau coup dur pour Liz Truss

Liz Truss sur le pas de la porte du 10 Downing Street.

La première ministre Liz Truss a perdu sa ministre de l'Intérieur mercredi dans la foulée d'une série de démissions et de licenciements.

Photo : Reuters / Toby Melville

Agence France-Presse

En sursis après six semaines à Downing Street, la première ministre britannique Liz Truss est entrée mercredi dans une nouvelle zone de turbulences avec la démission surprise de sa ministre de l'Intérieur pour une utilisation indue d'une adresse courriel personnelle.

Rejetée par l'opinion publique et contestée au sein de sa propre majorité, la dirigeante conservatrice, qui assure vouloir rester en poste malgré l'abandon de son programme économique, voit une nouvelle fois sa crédibilité et son autorité affaiblies.

Moins d'une semaine après avoir dû limoger son ministre des Finances et ami proche Kwasi Kwarteng, elle perd la très droitière cheffe du « Home Office », responsable du dossier délicat des traversées illégales de la Manche, qui atteignent des niveaux records.

Suella Braverman salue de la main.

La ministre démissionnaire Suella Braverman en des temps plus heureux alors qu'elle arrivait à Downing Street. (Archives)

Photo : La Presse canadienne / AP/Frank Augstein

Suella Braverman, 42 ans, a expliqué avoir démissionné pour avoir utilisé son courriel personnel pour l'envoi de documents officiels, enfreignant ainsi le code ministériel. Tout en faisant son mea-culpa, elle a lancé une lourde charge contre la cheffe du gouvernement dans un contexte de frénésie à Westminster.

Dans sa lettre de démission, Mme Braverman a exprimé ses graves inquiétudes sur la politique du gouvernement qui, selon elle, renonce à ses promesses, notamment dans le dossier migratoire.

Elle a été remplacée dans la foulée par Grant Shapps, ministre des Transports sous Boris Johnson. En nommant un soutien de son ancien adversaire dans la course au pouvoir – et potentiel candidat pour la remplacer –, Rishi Sunak, Liz Truss profite de ce nouvel épisode chaotique de son mandat pour afficher une ouverture dont elle a été accusée de manquer depuis son arrivée au pouvoir.

Je suis une battante

Ce départ amorce-t-il une hémorragie au sein du gouvernement comme celle qui avait été fatale à Boris Johnson en juillet? En tout cas, il tombe mal pour Liz Truss, qui cherche à reprendre la main après la mise en pièces lundi, par son nouveau ministre des Finances, Jeremy Hunt, des baisses d'impôts massives qu'elle avait promises.

À cela se sont ajoutés de vifs remous autour d'un vote, dans la soirée, en rapport avec la controversée levée du moratoire sur la fracturation hydraulique, une technique controversée pour produire du gaz de schiste.

Un député travailliste, Chris Bryant, a demandé l'ouverture d'une enquête, expliquant avoir assisté à des scènes de vote forcé au sein de la majorité et à du harcèlement.

Une qualification rejetée par le ministre de l'Energie Jacob Rees-Mogg, avant que Downing Street ne clarifie dans la soirée que malgré les bruits qui agitaient Westminster, une responsable de la majorité parlementaire et son adjoint restaient bien à leur poste.

À la mi-journée, lors du rendez-vous hebdomadaire des questions au parlement, Liz Truss s'est montrée combative, défendant sa politique face aux huées et aux appels à la démission de l'opposition travailliste.

« Je suis une battante, pas quelqu'un qui abandonne. »

— Une citation de  Liz Truss, première ministre britannique

À quoi sert une première ministre dont les promesses ne tiennent même pas une semaine? a asséné le chef de l'opposition travailliste Keir Starmer, énumérant toutes les mesures que Liz Truss a dû abandonner.

Un homme debout au parlement britannique.

Le chef de l'opposition, le travailliste Keir Starmer

Photo : via reuters / JESSICA TAYLOR/HOC

Après cette séance au Parlement, Liz Truss devait répondre aux questions de journalistes lors d'une visite d'une usine du nord de Londres, annulée in extremis vraisemblablement pour s'entretenir avec Mme Braverman, candidate malheureuse à Downing Street qui s'était ralliée à Liz Truss.

Un mini-budget qui a mis le feu aux poudres

La crise politique actuelle remonte à la présentation, le 23 septembre, du mini-budget du ministre des Finances d'alors, Kwasi Kwarteng, qui avait fait craindre un dérapage des comptes publics.

Kwasi Kwarteng tient un document.

Le mini-budget de l'ex-ministre des Finances, Kwasi Kwarteng, avait suscité des inquiétudes. (Archives)

Photo : Getty Images / AFP / DANIEL LEAL

La livre avait chuté à un bas historique et les taux d'emprunt à long terme de l'État avaient flambé. La Banque d'Angleterre avait dû intervenir pour empêcher la situation de dégénérer en crise financière.

Responsable de rassurer les marchés, Jeremy Hunt est désormais considéré comme ayant pris l'ascendant sur Liz Truss. En plus d'annuler presque toutes les baisses d'impôts promises par la première ministre, il a prévenu de coupes à venir dans les dépenses publiques, faisant ainsi redouter un retour à l'austérité de l'après-crise financière de 2008.

Le contexte social est déjà explosif et l'inflation a atteint un sommet en 40 ans, à 10,1 % en septembre.

Des sondages défavorables pour Mme Truss

Selon un sondage YouGov, seul un Britannique sur dix a une opinion favorable de Liz Truss. Cette proportion est de un sur cinq chez les électeurs du Parti conservateur. Et 55 % des membres du parti majoritaire estiment que Liz Truss devrait démissionner à deux ans d'élections législatives où l'opposition travailliste terrasserait les conservateurs, selon les sondages.

Désormais, six députés de son parti ont déjà publiquement exhorté Liz Truss à partir. Faute de successeur évident, les conservateurs sont toutefois réticents à s'engager dans un nouveau et long processus de désignation d'un nouveau leader et sont à la recherche d'un consensus pour s'accorder sur un nom, mais ils semblent loin d'y parvenir.

C'est inexcusable!

Devant les caméras de la BBC, dans les corridors de Westminster, Charles Walker, député conservateur, n'a pas retenu ses mots : C'est inexcusable, c'est pitoyable! Et cela se reflète de très mauvaise façon sur le Parti conservateur, à tous égards, a-t-il déclaré.

Je ne pense pas qu'il soit possible de se relever de tout cela... [...] J'ai été député pendant 17 ans sans jamais occuper de ministère. Je dois dire que c'est une honte. Je suis furieux.

« J'espère que pour ceux qui ont mis Liz Truss en place au 10 [Downing Street, la résidence et le bureau de la première ministre, NDLR], cela a valu la peine pour siéger au Cabinet. Parce que les dégâts provoqués à notre parti sont extraordinaires. »

— Une citation de  Charles Walker, député conservateur britannique

J'en ai assez. J'en ai assez des gens sans talent qui cochent la bonne case, non pas parce que cela est dans l'intérêt national mais plutôt pour leur intérêt personnel, pour obtenir des postes ministériels, a ajouté le député conservateur avant d'indiquer qu'à l'instar de bon nombre de ses collègues sans portefeuille, il craignait pour son avenir et pour celui des gens qu'il représente dans sa circonscription.

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