Faible recul de l’inflation à 6,9 % en septembre au Canada
Vous avez l’impression d’en avoir moins pour votre argent à l’épicerie? Le prix des aliments vendus en magasin a bondi de 11,4 % sur un an.

Le prix des aliments en magasin a bondi de 10,8 % en août par rapport à la même période il y a un an, selon Statistique Canada.
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
L’indice des prix à la consommation (IPC) a poursuivi son lent recul en septembre au Canada. Il s’est établi à 6,9 %, en baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport au taux d’inflation de 7 % rapporté en août, selon Statistique Canada.
Comme ce fut le cas en août, ce ralentissement de l'inflation est essentiellement attribuable au recul du prix de l'essence à la pompe.
L'épicerie toujours plus chère
Le prix des aliments achetés en magasin, lui, a continué d'augmenter en septembre, affichant un bond de 11,4 % par rapport à la même période l'an dernier. C'est du jamais-vu depuis août 1981 (+11,9 %).
La hausse des prix des aliments et des boissons est entre autres attribuable aux conditions météorologiques défavorables, à l'augmentation des prix d'intrants importants, comme les engrais et le gaz naturel, ainsi qu'à l'instabilité géopolitique découlant de l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
L'augmentation des prix des aliments achetés en magasin dépasse celle de l'IPC d'ensemble depuis 10 mois consécutifs, soit depuis décembre 2021
, souligne Statistique Canada.
Lundi, les épiciers Metro et Loblaw ont annoncé un gel des prix de certains produits pour plusieurs mois. Des annonces qui pourraient représenter des démarches marketing réussies, selon des experts.
Depuis plusieurs mois, l'industrie alimentaire est soupçonnée dans plusieurs pays de profiter de la flambée inflationniste pour appliquer des augmentations supérieures à la hausse réelle du prix des aliments afin d'augmenter ses bénéfices.
Meubles, automobiles, maisons et frais de scolarité
En excluant l'énergie et l'alimentation, les prix ont augmenté de 5,4 % en septembre sur une base annuelle au pays.
Le coût des biens durables, dont l'ameublement et les véhicules automobiles, a connu en septembre une augmentation d'année en année de 6,7 %. Soit 0,7 point de pourcentage de plus qu'en août.
Toujours sur une base annuelle, le prix des automobiles a grimpé de 8,4 % en septembre, principalement en raison de la pénurie continue de puces électroniques à semi-conducteur. Les meubles ont quant à eux augmenté de 13,3 % par rapport à septembre 2021.

Les meubles coûtaient en moyenne 13,3 % plus cher qu'il y a un an, en septembre dernier.
Photo : Facebook / Maison Éthier
En dépit d'un ralentissement marqué du marché de l'immobilier, l'augmentation des taux hypothécaires, propulsés par cinq augmentations consécutives du taux directeur de la Banque du Canada cette année, a aussi exercé une pression à la hausse sur le coût de la vie, note Statistique Canada.
Les taux d'intérêt ont commencé à augmenter récemment et l'Indice du coût de l'intérêt hypothécaire, tel que mesuré dans l'IPC, a progressé de 8,3 % d'une année à l'autre. Il s'agit d'un troisième mois consécutif d'augmentation
, souligne note Statistique Canada.
Lors de sa dernière intervention, au début de septembre, la Banque du Canada a annoncé une hausse de son taux directeur de 0,75 point de pourcentage à 3,25 %. D'autres augmentations pourraient intervenir dans les mois à venir dans la mesure où l'inflation réagit peu aux interventions de l'institution.
Les frais de scolarité n'échappent pas non plus à la flambée du coût de la vie. Selon les plus récentes données, les frais de scolarité ont augmenté de 2,3 % sur une base annuelle en septembre. Les hausses les plus marquées ont été enregistrées en Alberta (+7,7 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (+6,8 %).
Le salaire horaire moyen, lui, a progressé de 5,2 % d'une année à l'autre en septembre. Ce qui signifie que, en moyenne, la hausse des prix a dépassé celle des salaires. L'écart en septembre est plus important que celui observé au mois d'août
, explique l'agence fédérale.
Si on regarde un peu plus loin dans le temps, l’inflation annuelle a atteint un pic au Canada en juin dernier à 8,1 % avant de ralentir à 7,6 % en juillet et à 7 % en août.

Entrevue avec Clément Gignac, économiste et sénateur indépendant
« Turbulence économique » à l'horizon
Considérant les efforts importants de la Banque du Canada pour limiter le crédit, l'économie canadienne en surchauffe pourrait bientôt ralentir soudainement, a prévenu cette semaine la ministre fédérale des Finances, Chrystia Freeland.
Notre économie va ralentir. Plusieurs personnes vont voir leurs paiements hypothécaires augmenter. Les affaires ne seront plus aussi bonnes que depuis le déconfinement. Et le taux de chômage ne sera plus à un creux historique
, a prévenu Mme Freeland sans toutefois prononcer le mot récession
.
La Banque du Canada appuie sur les freins de l’économie, on voit déjà le ralentissement de l'activité économique et ça va continuer, c’est l'intention. Nous devons connaître les défis qui nous attendent et nous devons y être préparés.
Hier, le premier ministre Justin Trudeau a abondé dans le même sens en prévenant les Canadiens que le pays s'apprête à traverser une zone de « turbulences » économiques.
Le spectre d'une récession prochaine plane aussi aux États-Unis où les efforts soutenus de la Réserve fédérale n'arrivent pas à endiguer l'inflation qui atteignait 8,2 % sur une base annuelle en septembre denier, en baisse de 0,1 point de pourcentage par rapport au mois précédent.