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École à trois vitesses : vivre l’inégalité au sein d’une même famille

Alors que le réseau scolaire québécois est de plus en plus inégal, selon une nouvelle étude publiée mercredi, une mère montréalaise de deux enfants, Maia Yarymowich, dénonce les impacts du système à trois vitesses sur sa famille.

Maia Yarymowich et ses deux enfants, Marianne et Jules près de leur résidence dans le quartier du Plateau-Mont-Royal, à Montréal

Maia Yarymowich et ses deux enfants, Marianne et Jules, près de leur résidence dans le quartier du Plateau-Mont-Royal, à Montréal

Photo : Radio-Canada / Julie Marceau

Le 4 septembre dernier, à la veille de la rentrée scolaire, Maia Yarymowich était découragée. « Je trouve le système scolaire au Québec aberrant », écrivait-elle, lors d’un appel à témoignages lancé par le mouvement l’École ensemble, qui réclame une meilleure égalité des chances en éducation.

Elle est encore découragée. Mais cette Ontarienne francophile, descendante d'immigrants ukrainiens, n'a pas la langue dans sa poche et elle a beaucoup d'entrain. Elle se dit surtout indignée.

Il y a une folie qui s'installe à l’étape de l’école secondaire à Montréal. Dans mon quartier [le Plateau-Mont-Royal], tout le monde est obsédé par trouver la meilleure école, dit-elle.

Tombée en amour avec Montréal il y a 20 ans dans tous les sens du terme, c'est au Québec que la Torontoise d'origine voulait fonder sa famille avec son conjoint, Christophe, un Français… anglophile.

Un premier choc est survenu il y a trois ans, quand ils ont réalisé que leur fils Jules n'avait pas les notes suffisantes pour s'inscrire dans un programme spécialisé en hockey ou en musique au public.

C'était décourageant et on pouvait pas focusser sur des tests d'admission ou s'assurer qu'il avait une moyenne de 70 %, c'était difficile de juste faire en sorte qu'il n'échoue pas son année, explique-t-elle.

Jules est un sportif passionné de musique. Depuis qu'il est tout petit, il a une très bonne oreille pour la musique. Il chante. Il apprend les chansons rapidement, dit sa mère.

Des caractéristiques propres au trouble du spectre de l'autisme (TSA), ajoute-t-elle.

Jules tient la guitare de son père.

Jules est aussi un passionné de musique. On le voit ici avec la guitare de son père.

Photo : Radio-Canada / Julie Marceau

Jules a un TSAléger. Il a aussi des troubles de l'attention (TDAH). Oh, mais il est tout à fait fonctionnel! s'empresse de préciser Maia.

Ce très jeune admirateur de vieux groupes rock comme Styx ou Van Halen s'exprime verbalement et il a des amis, mais il a d'importants défis d'apprentissage.

Le français, les mathématiques, c'est pas facile pour lui, souligne sa mère.

Selon le psychologue et spécialiste en réussite et en adaptation scolaire, Égide Royer, les enfants comme Jules bénéficieraient justement d'un meilleur accès aux programmes particuliers.

Le fait d'avoir des difficultés en lecture ou en mathématiques n'empêche pas d’avoir des goûts particuliers ou des habiletés que l'on peut développer en musique et en sport, affirme le professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval.

Toutes les écoles, qu'elles soient privées ou publiques avec des programmes particuliers, doivent se préoccuper de la réussite de tous les jeunes.

Une citation de Égide Royer, professeur associé à la Faculté des sciences de l'éducation de l'Université Laval

Pour Maia et son conjoint, le deuxième choc est arrivé cette année, en constatant que leur fille Marianne, qui elle, a de très bonnes notes… souhaite aller au privé, ce qu'ils ne peuvent pas se payer.

C'est trop cher et c'est par principe. Mon chum et moi on a fait des choix. On travaille tous les deux à temps partiel (notamment pour aider leur fils à l'école). Oui, on habite sur le Plateau, mais on fait partie des familles qui n'ont pas beaucoup d'argent, précise Maia.

À défaut de pouvoir inscrire Jules dans un programme spécialisé, son père, un ex-musicien professionnel, lui donne des cours de guitare.

Jules joue aussi au hockey depuis l'âge de 3 ans. Il fait partie d'une association de hockey mineur à Montréal.

Le fils de Maia, Jules, est un passionné de hockey.

Le fils de Maia, Jules, est un passionné de hockey.

Photo : Radio-Canada / Julie Marceau

Vous savez, dit Maia, son TSA, au hockey, ça ne paraît pas! Mais par contre, comme il joue le soir, il revient épuisé, et ça laisse moins de temps pour les devoirs qui sont déjà difficiles avec lui. C'est pour ça qu'on aurait aimé un programme sports-étude… de jour.

Mon fils a tellement de talents, il n'a juste pas de bonnes notes, conclut-elle.

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