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Une première femme dans l’équipe nationale de hockey sonore

Une jeune femme marche dans un aréna avec son chien guide.

Amanda Provan est dirigée par son chien guide en direction des vestiaires du Centre communautaire de Garson à Sudbury.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Amanda Provan vient de briser un plafond de verre en devenant la première femme à se tailler une place au sein de l’équipe canadienne de hockey sonore, dont les joueurs ont une vision inférieure à 10 %.

Du 21 au 23 octobre, la Franco-Ontarienne de Sudbury représentera son pays dans une série de trois matchs contre les États-Unis à Fort Wayne, en Indiana.

Être l'une des 16 joueurs à représenter l'unifolié est un rêve que caressait l’athlète de 28 ans depuis ses premiers pas dans le hockey sonore il y a cinq ans.

Une jeune femme avec son chien au banc des joueurs.

Le chien guide d'Amanda, qui l'accompagne depuis 4 ans, est venu l'encourager au banc des joueurs.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

En 2017, on a trouvé le hockey sonore sur une publication Facebook, lance-t-elle

Sa mère et elle ont fait plus de quatre heures de voiture pour voir des matchs de hockey sonore à Toronto. J’ai été sur la glace pour essayer la rondelle sonore et les filets de trois pieds plutôt que quatre pieds.

Elle a eu la piqûre et, depuis, elle participe à tous les événements de hockey sonore qu'elle peut.

Amanda s’est fait un nom en participant à des tournois autour du pays, en plus de quelques passages aux États-Unis.

Une équipe de hockey en équipement.

Amanda Provan, dans le coin supérieur gauche, pose pour la première fois avec l'équipe nationale de hockey sonore.

Photo : Facebook: Canadian Blind Hockey

Cette année, au tournoi national, j'ai bien joué et ils m’ont demandé de participer à un camp de sélection pour l’équipe nationale en août, à Halifax. Et puis, j’ai fait l’équipe, dit-elle en toute humilité.

Elle entendait régulièrement qu’elle était petite et [les entraîneurs] avaient peur que me fasse mal [contre les hommes], raconte-t-elle.

« J’ai dû faire mes preuves en jouant plus agressif. »

— Une citation de  Amanda Provan, membre de l'équipe de hockey sonore

Les entraîneurs ont trouvé qu'elle a vraiment impressionné quand elle était là, à Halifax. Je crois qu'elle va démontrer qu'elle est une joueuse compétitrice à ce niveau, dit Matt Morrow, le directeur général du hockey sonore canadien.

Il avoue avoir été grandement impressionné par sa force de caractère et son attitude.

L'arrivée d'Amanda Provan dans l'équipe nationale donne un grand coup de pouce pour le hockey sonore féminin.

L'organisation a remué ciel et terre, dans les dix dernières années, afin de faire découvrir ce sport à davantage de femmes.

Quand on a commencé à faire le Championnat national en 2013, il y avait seulement deux joueuses féminines au monde. Au dernier Sommet de hockey sonore féminin, on avait environ 25 joueuses, dit-il en rêvant d'avoir un jour une équipe nationale féminine de hockey sonore.

Pour l'instant, seuls le Canada et les États-Unis ont des équipes nationales, mais il existe maintenant des programmes de hockey sonore au Royaume-Uni, en Finlande, en Suède et en Russie.

Son objectif est le suivant : organiser un Championnat du monde d'ici 2025 afin d'ouvrir la voie aux Jeux paralympiques.

Une enfance à avoir honte de sa déficience visuelle

Née avec structures maculaires sous-développées dans les deux yeux, Amanda Provan est légalement aveugle. Ma vision est de 3 %, précise-t-elle.

Dans sa jeunesse, elle n’acceptait pas sa différence en refusant l’aide qui lui était offerte comme la canne blanche ou encore un chien guide.

Elle allait même jusqu’à cacher qu’elle avait un handicap visuel, pratiquant les mêmes sports que tout le monde dans les ligues récréatives de hockey à Sudbury.

« J’avais besoin de trouver des façons [de jouer] sans voir la rondelle, alors je suivais les joueurs. Je me mettais devant le gardien pour lui cacher la vue. »

— Une citation de  Amanda Provan, membre de l'équipe de hockey sonore

Sa mère, Lisette Bogoslowski, se souvient qu’elle ne l’avait même pas dit à ses entraîneurs, encore moins ses coéquipiers. Je disais toujours : "il faut [le dire] parce que ça peut être dangereux".

Une femme dans une chambre de hockey.

Lisette Bogoslowski s'est découvert une nouvelle passion en suivant sa fille dans les arénas d'un peu partout au pays.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Peur du danger? Amanda répond qu’elle voulait jouer au hockey et c’était la seule option.

Lisette, en bonne mère de famille, n’a eu d’autre choix que de le dire aux personnes concernées.

« [Ma fille] avait beaucoup de difficulté à dire [qu'elle était aveugle] aux gens parce qu’elle ne voulait pas être différente. »

— Une citation de  Lisette Bogoslowski, mère d'Amanda

Amanda a joué pendant plus de cinq ans dans les ligues de hockey récréatives du Nord de l’Ontario, sans voir la rondelle et avec le danger qu'un accident survienne à tout moment.

Quand qu’elle a [essayé] le hockey sonore, ça a vraiment changé sa vie parce qu’elle a rencontré plusieurs personnes qui avaient des handicaps visuels, se remémore sa mère.

Le seul hic, c'est qu'elle a dû changer son positionnement sur la glace comme elle ne pouvait plus se mettre devant le gardien pour lui obstruer la vue.

Une femme prend un tir au but.

Amanda Provan est patineuse classée B2 dans l'équipe nationale, c'est-à-dire avec moins de 5 % de vision. Les B3 ont moins de 10 % de vision et les B1 sont aveugles.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Les gardiens sont aveugles. Alors, il fallait que je change mon jeu complètement, dit-elle en ricanant.

Le hockey sonore a été la façon qu’Amanda pouvait accepter le fait qu’elle avait un handicap visuel. Elle voyait que ses [coéquipiers] n'étaient pas différents des autres, ajoute Lisette Bogoslowski

Petit à petit, Amanda a fait des pas de géant en gagnant en confiance et essayant d’autres parasports, comme le ski de fond avec un guide.

Elle n’avait plus honte. [...] Elle a commencé à sortir plus, à utiliser une canne blanche, et maintenant, elle a son chien guide.

Inspirer la prochaine génération

Amanda n’a qu’un seul but en tête : devenir un modèle pour celles qui voudraient suivre ses pas.

Pendant notre tournage au centre communautaire Garson, Amanda se fait interpeller par le père d’une adolescente pour aller s'entraîner avec eux sur la glace.

Une jeune femme surprend un groupe.

À la demande du paternel, Amanda Provan est venue surprendre Audrey pendant son entraînement.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Amanda n’hésite pas une seconde et montre à Audrey les similarités entre les deux sports. Le paternel est impressionné et ne cesse de prendre des photos.

« Ça montre aux filles que tout est possible. On peut toujours pratiquer le sport national malgré les balles courbes que la vie nous lance. C’est vraiment inspirant. »

— Une citation de  Michael McKinnon, père d'une adolescente

Amanda ajoute que le fait de parler du hockey sonore lui permettra peut-être de réaliser un autre de ses rêves. Son souhait est que plus de non-voyants dans les environs de Sudbury s’initient au hockey sonore.

Deux rondelles côte à côte.

La rondelle de hockey sonore est trois fois plus grosse que celles qu'on utilise dans Ligue nationale de hockey. Une cloche s'active chaque fois que la rondelle bouge.

Photo : Radio-Canada / Jimmy Chabot

Pratiquer plus souvent son sport de prédilection serait son objectif. L'athlète et sa mère font les huit heures de voyage aller-retour à Toronto seulement pour qu'Amanda joue avec les Ice Owls de Toronto, une équipe de hockey sonore qui a plus de cinquante ans d'existence.

Alors qu’Amanda est encore sur la glace à faire des passes à Audrey qui évolue dans un niveau compétitif avec les Lady Wolves, sa mère a les yeux qui brillent à l'idée de voir sa fille revêtir l’uniforme canadien, mais surtout de la voir dans son rôle d’ambassadrice du hockey sonore.

Elle aide les autres à voir que tout est possible, si les choses sont adaptées pour elle.

Il sera possible de voir les trois parties d’Amanda contre les États-Unis sur la chaîne YouTube Canadian Blind Hockey (Nouvelle fenêtre) du 21 au 23 octobre.

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