Ce que les candidats à la mairie de Winnipeg pensent du français
L'hôtel de ville de Winnipeg
Photo : Radio-Canada / Anne-Louise Michel
Radio-Canada est allé à la rencontre des candidats à la mairie de Winnipeg pour leur demander quelle est, selon eux, la place du français dans la capitale manitobaine et ce qu’il faudrait faire pour améliorer l’offre des services en français. Voici ce qu’ils nous ont répondu. À noter que seuls Glen Murray et Robert-Falcon Ouellette ont été en mesure de nous répondre en français et qu'Idris Adelakun ne nous a pas répondu.
Rick Shone
Le français est beaucoup parlé dans notre ville. C’est aussi une grande partie de l’histoire de Winnipeg, et le français est une partie importante de la ville dans son ensemble.
Nous avons beaucoup de panneaux bilingues. C’est important, mais je pense qu’on peut en faire plus. Par exemple, on pourrait faire en sorte que tout ce qu’on fait à la Ville soit bilingue et qu’on ait des personnes à la mairie qui soient capables de répondre et d’offrir des services en français aux personnes qui en ont besoin.
Shaun Loney
Toute ma famille parle français, sauf moi. Je pense que le français est un avantage culturel pour Winnipeg, mais, pour moi, c’est aussi un avantage économique. Je veux vraiment inciter des personnes venant de pays où on parle français à venir à Winnipeg, et faire en sorte qu’elles se sentent à l’aise et bienvenues ici.
Nous avons des besoins de main-d'œuvre et nous n'allons grandir que grâce à l’immigration. Un Winnipégois sur quatre est né à l’étranger et je pense que l’une des voies principales pour attirer des gens à Winnipeg passe par les pays francophones. Pour cela, je pense qu’on doit vraiment s’appuyer sur les établissements que nous avons comme l’Université de Saint-Boniface (USB).
J’ai déjà annoncé une augmentation de 50 % du financement pour les institutions culturelles. Je pense qu’on doit se reposer sur notre diversité et ce qui nous distingue et promouvoir la culture française, le théâtre, les concerts, les musiciens et faire connaître au monde qu’on aime la diversité, ici, et qu’on a une importante part de notre histoire qui est française.
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Scott Gillingham
La communauté française du Manitoba a été à la fondation de notre histoire. Notre premier premier ministre était Louis Riel, un Métis. Hier, aujourd’hui, demain… La communauté francophone est centrale dans la réussite future de notre ville.
Je m’assurerai que les services de la Ville soient offerts en français pour les francophones. Une des choses auxquelles je me suis engagé, c’est de diversifier notre offre de langues au 311.
Notre ville est très diversifiée. Il y a certes une forte communauté francophone, mais aussi d'autres communautés parlant d’autres langues. Pour ce faire, nous embaucherons des gens pour assurer une offre de langue suffisante pour le 311. Mais, parallèlement, on doit s’assurer que notre communauté francophone est bien représentée au sein de la Ville de Winnipeg elle-même pour qu’on offre les services en français.
Rana Bokhari
Nous connaissons la valeur de nos habitants francophones. Ils font partie de l’histoire canadienne, ils sont un des piliers qui font qui nous sommes. La vitalité de la communauté et sa capacité à se faire entendre me tiennent à cœur, parce que c’est ce dont nous avons besoin pour toutes nos communautés.
J’aimerais aussi voir les nouveaux arrivants impliqués dans la communauté francophone. Nous devons avoir une perspective holistique : je pense en termes de système et je pense que chaque partie de nous est reliée à une autre, qu’on parle de prospérité, de durabilité ou de culture.
Kevin Klein
Le français est l’une de nos langues officielles. J’aimerais pouvoir mieux le parler.
Il y a beaucoup de langues parlées aujourd’hui à Winnipeg et nous sommes connus pour accueillir des gens du monde entier. Je pense qu’on devrait reconnaître et respecter toutes les langues. Nous devons être plus ouverts aux autres langues, en particulier le français, parce que c’est notre deuxième langue, ainsi que nos langues autochtones.
Il faut que les langues utilisées par nos habitants soient utilisées sur notre site Internet, que les services soient disponibles dans leur langue et accessibles sur différentes plateformes.
Jenny Motkaluk
Il n’y a aucun doute sur le fait que la culture française est une part importante de notre vitalité. Cela me tient à coeur et je trouve que la communauté francophone a fait un travail phénoménal, en particulier dans les écoles publiques, non seulement en améliorant la connaissance de la culture et de la langue de nos enfants, mais aussi parce que beaucoup de parents voient le système des écoles d’immersion comme une solution de rechange aux écoles privées, ce que j’admire.
Je suis aussi bien au courant du fait que la communauté fait un super travail pour célébrer sa culture avec des choses comme le Festival du Voyageur.
En tant que candidate, je suis d'accord à 100 % pour célébrer les choses qui font que la vie vaut la peine d’être vécue à Winnipeg, et cela inclut des festivals et les événements comme le Festival du Voyageur. Ma vision pour Winnipeg, ce n’est pas ce que je peux faire, ce qui flatte mon ego, mais je veux laisser la population winnipégoise faire ce qu’elle sait déjà faire.
Glen Murray
Je pense qu’il est important que l’avenir de la ville soit un avenir bilingue. Avec le réchauffement climatique et les guerres comme en Ukraine, je pense qu'il y a une opportunité pour inviter la francophonie d’Afrique, des régions dans le monde qui ont des grands défis environnementaux. Or, si nous sommes vraiment une ville bilingue, avec une culture francophone vivante, nous avons une place capable de souhaiter la bienvenue au monde francophone.
C’est une priorité pour moi parce que je pense que Winnipeg est une des villes dans le monde qui n’aura pas les crises [climatiques] assez sérieuses [auxquelles on s'attend] au cours du siècle dans d’autres régions du monde.
Grâce à un programme pour accueillir des réfugiés qu’on avait en place à la Ville de Winnipeg [lorsqu’il était maire - NDLR] et qui permettait de soutenir financièrement les personnes qui voulaient appuyer la venue de réfugiés, [si on le remettait en place] on pourrait se focaliser sur les communautés francophones, en travaillant avec les Franco-Manitobains, pour agrandir la communauté francophone du Manitoba.
Je pense que restaurer ce programme pour les réfugiés en se focalisant sur ces communautés serait l’une des solutions ayant le plus d’impact.
Robert-Falcon Ouellette
On n'a jamais vraiment eu un maire qui représente la culture francophone. C’est problématique [...] parce qu’il devrait y avoir un respect à la base pour cette langue. Les conseillers municipaux, le maire devraient utiliser cette langue et connaître cette langue. C’est pas seulement une question de culture, c’est aussi une question économique de faire valoir que le Manitoba est une place [où on peut avoir des services bilingues].
Le français, je pense que c’est un bénéfice pour notre société. Il ne faut pas seulement encourager mais aussi récompenser les gens qui parlent les deux langues. Il faut continuer de promouvoir la langue autrement, en allant en France, en Belgique, et de continuer de rechercher des nouveaux arrivants qui viennent [d’Afrique] pour venir ici et ajouter à la puissance de la communauté.
Moi, je crois beaucoup à l’immigration. Si on croit que le français est une force, alors il faut le promouvoir tout le temps.
Il y a tellement de nouveaux arrivants qui vont à l’USB, mais il faut les encourager à occuper les espaces publics et utiliser leur langue, d’être engagés dans la fonction publique.
Don Woodstock
Le français est une des plus importantes priorités pour moi parce que [...] je connais et j'apprécie la valeur du français.
Tous les services de la Ville devraient être offerts dans les deux langues.
Une fois élu, je recruterai une personne francophone au sein de mon équipe. Encore une fois, je ne parle pas français, mais je soutiens cette langue et je veux mener par l’exemple afin de montrer que je ne me contente pas que parler.
Chris Clacio
Le français et l’anglais sont les langues officielles. Étant Canadien, si je ne peux pas parler français, comment puis-je représenter la communauté francophone dans notre ville? Je pense que ne pas parler la langue est un manque, un déshonneur et que cela discrédite la langue.
Aucun unilingue anglophone ne peut comprendre la réalité des francophones. Si les francophones veulent que leur langue soit respectée à l’heure actuelle à la Ville, ils doivent avoir leur mot à dire et venir à la table des discussions tous les jours.
Article mis à jour le 20 octobre avec l'ajout de l'entrevue de Chris Clacio.
Avec des informations de Mario De Ciccio