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COVID-19 : 1,4 million de Canadiens ont subi des symptômes pendant au moins trois mois

Une jeune femme tousse dans son coude.

La toux est l'un des symptômes persistants signalés par de nombreux Canadiens infectés par la COVID-19.

Photo : iStock

Près de 15 % des Canadiens infectés par la COVID-19 ressentent toujours des symptômes de la maladie trois mois ou plus après leur infection initiale, révèlent des données publiées lundi par Statistique Canada, en partenariat avec l'Agence de la santé publique du Canada.

Ainsi, entre janvier 2020 et août 2022, 4,6 % de la population canadienne âgée de 18 ans et plus aurait présenté des symptômes de la COVID-19 pendant au moins trois mois.

Le tiers des personnes souffrant de symptômes à long terme mentionnent s'être rétablis de leur infection avant de développer des symptômes une nouvelle fois. Cette tendance a été davantage observée chez les personnes de 65 ans et moins.

Parmi les Canadiens ayant eu des symptômes qui ont duré trois mois ou plus, le symptôme persistant le plus souvent déclaré était la fatigue (72,1 %), suivie de la toux (39,3 %), de l'essoufflement (38,5 %) et du brouillard mental (32,9 %).

Plus de femmes ont déclaré avoir ressenti des symptômes modérés (46,9 % comparativement à 40,9 % pour les hommes) à graves (18 % comparativement à 15,2 % pour les hommes).

Les personnes ayant des symptômes graves ont davantage signalé des symptômes persistants. Parmi les adultes canadiens qui ont qualifié leurs symptômes de graves, 36,4 % ont indiqué avoir eu des symptômes ayant duré trois mois ou plus.

La proportion des personnes qui présentent des symptômes à long terme semble avoir diminué depuis l’émergence du variant Omicron. Plus de 25 % des personnes infectées avant décembre 2021 disent avoir eu des symptômes trois mois ou plus après leur infection, comparativement à 10,5 % des personnes infectées après décembre 2021.

C’est significatif. Ça démontre qu'il n'y a pas que la résolution de la maladie ou le décès; il y a des situations de handicap, dit Simon Décary, chercheur au Laboratoire de recherche sur la réadaptation axée sur le patient de l'Université de Sherbrooke, qui étudie le syndrome post-COVID-19.

Il souligne que les données de Statistique Canada ne montrent pas le niveau de limitation de ces personnes. Pour certains, le niveau d’incapacité est plus léger, tandis que d'autres personnes connaissent des handicaps sévères. Certains vont récupérer de façon naturelle; un petit pourcentage aura des séquelles permanentes, précise Simon Décary.

Selon M. Décary, on peut s’attendre à ce qu’une personne sur cinq qui a la COVID longue ait des symptômes pendant plus d'un an.

« On pense que 1 % de la population vivra une situation de handicap. C’est aussi élevé que les traumatismes crâniens, plus élevé que les nouveaux cas de cancer et d’AVC. Ça en fait une nouvelle maladie chronique invalidante. »

— Une citation de  Simon Décary, Université de Sherbrooke

Le chercheur ajoute que plus le virus infecte la population, plus il y aura des gens qui risquent de souffrir de séquelles à long terme.

Selon l'Agence de la santé publique du Canada, le tiers des Canadiens ont indiqué avoir obtenu un résultat positif à la COVID-19, tandis que 8,3 % de plus ont soupçonné d'avoir eu la COVID-19. Statistique Canada précise qu’il s’agit d’une sous-estimation, puisque certaines personnes infectées pourraient ne pas avoir obtenu de résultat positif ou ne pas avoir su qu'elles avaient la COVID-19.

Parmi les adultes canadiens infectés :

  • 5,2 % ont déclaré n'avoir eu aucun symptôme;

  • 16,7 % ont qualifié leurs symptômes de graves;

  • 34,2 % ont qualifié leurs symptômes de légers;

  • 43,9 % ont qualifié leurs symptômes de modérés.

Qu’est-ce que la COVID longue?

On l’appelle COVID longue, syndrome post-COVID-19 ou encore affection post-COVID-19. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), une personne doit présenter des symptômes qui persistent au moins trois mois et qui ne peuvent être expliqués par un autre diagnostic.

Le syndrome peut survenir quelle que soit la gravité initiale de l'infection. Les symptômes peuvent apparaître après un rétablissement initial (généralement après trois mois) ou peuvent n’avoir jamais disparu après une infection initiale. Les symptômes peuvent également fluctuer ou réapparaître au fil du temps.

Ce syndrome est associé à environ 200 symptômes (Nouvelle fenêtre) touchant au moins 10 organes, dont le cerveau, le cœur, les poumons et les vaisseaux sanguins.

Une vaste enquête canadienne (Nouvelle fenêtre) a révélé que les principaux symptômes signalés étaient la fatigue, l'essoufflement, le brouillard cérébral et les douleurs musculaires et articulaires.

L’OMS avertit qu’il faut agir rapidement

Ces données ont été publiées quelques jours après que Tedros Adhanom Ghebreyesus, le directeur général de l'Organisation mondiale de la santé, eut déclaré, dans une lettre ouverte dans The Guardian (Nouvelle fenêtre), que cette affection dévaste la vie des gens partout dans le monde.

Les estimations du gouvernement américain ont indiqué qu'entre 7,7 millions et 23 millions de personnes aux États-Unis auraient des symptômes persistants de la COVID-19; plus d’un million ne seraient pas aptes à travailler. Depuis juillet 2021 aux États-Unis, la COVID longue est considérée comme un handicap en vertu de l'Americans With Disabilities Act.

En date du 3 septembre 2022, le Royaume-Uni estime (Nouvelle fenêtre) que 2,3 millions de personnes (3,5 % de la population) souffraient de COVID longue. Plus d’un million de personnes au Royaume-Uni disent ressentir des symptômes au moins un an après avoir été infectées, indique l'Office for National Statistics. Plus de 340 000 personnes seraient toujours en arrêt de travail.

Tedros Adhanom Ghebreyesus ajoute que des actions urgentes sont nécessaires pour aider les millions de personnes qui souffrent des conséquences à long terme de la maladie. Dans les pays, comme le Canada, qui ont ouvert des cliniques post-COVID, les délais d’attente sont extrêmement longs, déplore-t-il.

Des chercheurs canadiens ont eux aussi lancé un avertissement dans une étude publiée lundi : la COVID longue représente un fardeau pour le système de santé.

Simon Décary ajoute qu'il faut impérativement mettre en place un filet social pour aider les millions de Canadiens atteints et davantage expliquer au public les risques associés à une infection de COVID-19.

Le directeur de l’OMS rappelle que la meilleure façon de prévenir la COVID longue est d’éviter l’infection, rappelle-t-il.

Un syndrome de plus en plus étudié

Selon Simon Décary, les données de Statistique Canada rejoignent les données de nombreuses autres études et analyses sur le sujet, qui demeure encore mal compris.

Une étude publiée la semaine dernière dans Nature Communications (Nouvelle fenêtre) a comparé les cas de plus de 33 000 Écossais qui ont reçu un diagnostic de COVID-19 à 63 000 personnes qui n’ont pas été infectées. Les résultats montrent que 5 % des personnes infectées ont déclaré ne pas être rétablies et que 42 % disent qu'elles se sont partiellement rétablies.

Les Centres pour le contrôle et la prévention des maladies aux États-Unis (CDC) rapportent (Nouvelle fenêtre) que les personnes infectées ont deux fois plus de risques de développer une embolie pulmonaire ou des troubles respiratoires; une personne sur cinq (18-64 ans) aurait développé au moins un problème médical (ex : problèmes cardiovasculaires ou neurologiques) qui serait attribuable à une infection de COVID-19.

Au Québec, une étude de l’INSPQ publiée au printemps montrait que 40 % des travailleurs de la santé infectés au Québec lors des premières vagues de la pandémie ont eu des symptômes pendant au moins 12 semaines et que le tiers d'entre eux ont signalé des troubles cognitifs persistants.

Au Royaume-Uni, une étude estime (Nouvelle fenêtre) que les risques de COVID longue sont un peu moins élevés lors d’une infection par le variant Omicron, comparativement au variant Delta. Par contre, avec le nombre élevé de personnes infectées par Omicron, le nombre de personnes souffrant des symptômes persistants sera tout aussi élevé, avertissent les auteurs de l'étude.

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