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Crise en Haïti : des membres de la diaspora haïtienne de la capitale fédérale ébranlés

Des manifestants fuient des tirs de gaz lacrymogènes lancés par les forces de l'ordre.

Des milliers d’Haïtiens ont manifesté plus tôt cette semaine contre l'appel du premier ministre à une intervention armée étrangère.

Photo : Reuters / Ralph Tedy Erol

Radio-Canada

Radio-Canada est allée à la rencontre de membres de la diaspora haïtienne de la capitale fédérale qui se disent ébranlés par la situation dans leur pays d’origine.

Des gangs criminels font régner la terreur à Port-au-Prince et dans plusieurs grandes villes d’Haïti.

Déjà instable à plusieurs niveaux, la perle des Antilles est le théâtre de manifestations, d’émeutes et de pillages, notamment depuis l’annonce en septembre d’une hausse du prix du carburant par le premier ministre intérimaire, Ariel Henry.

Le Canada vient d’ailleurs d’envoyer des véhicules blindés pour aider les forces de l'ordre locales.

Haïti fait face à des pénuries de carburant, d'eau et d'autres produits de première nécessité et, plus récemment, au retour du choléra.

L'ambassadeur d'Haïti au Canada, Weibert Arthus, suit évidemment la situation de près. En entrevue à l'émission Les matins d'ici, il a avoué être préoccupé par cet autre épisode difficile que doit vivre le pays.

Quand on parle d'aide internationale pour Haïti, moi je vais plus loin. Est-ce qu'on parle de la situation actuelle ou on parle d'aider Haïti [en général]? Il y a eu plusieurs interventions. Maintenant, comment faire en sorte qu'on ne fasse pas appel à l'international dans cinq ou dix ans?

« Haïti est le pays le plus pauvre de l'hémisphère, on le sait. Il faut faire quelque chose en ce sens. Ça va demander des millions de dollars et des efforts considérables, mais il faut aider les jeunes qui sont vulnérables face aux bandits et des politiciens qui veulent les utiliser. »

— Une citation de  Weibert Arthus, ambassadeur d'Haïti au Canada

Selon M. Arthus, la solution pour aider les jeunes serait de les aider à se trouver du travail pour que ceux-ci contribuent à la relance du pays plutôt que de se tourner vers les activités criminelles. Ainsi, Haïti ne serait plus contraint de demander de l'aide internationale.

Il faut un surpassement et un effort pour créer du boulot pour que les Haïtiens gagnent leur vie dignement.

Un homme en entrevue avec Radio-Canada.

Weibert Arthus, ambassadeur d'Haïti au Canada (archives)

Photo : Capture d'écran - Radio-Canada

C’est vraiment triste. Dans la communauté haïtienne, nous sommes tous consternés. Nous regardons cette situation de près comme de loin. Nous avons tous un membre de la famille là-bas. Nous souhaitons que ça soit temporaire et que Haïti reprenne en main son propre destin le plus rapidement possible, a partagé Joseph Bernadin René, résident d’Ottawa d’origine haïtienne.

Joseph Bernadin René, accorde une entrevue à la caméra.

Joseph Bernadin René, résident d’Ottawa d’origine haïtienne.

Photo : Radio-Canada

Ce dernier est cependant optimiste. Il croit que la situation n’est que temporaire et qu’il y aura un autre Haïti, dit-il.

Véronique Semexant, une résidente de Gatineau d’origine haïtienne, dit avoir encore de la famille dans son pays d’origine.

Véronique Semexant accorde une entrevue à la caméra.

Véronique Semexant, une résidente de Gatineau d’origine haïtienne

Photo : Radio-Canada

Les échos qu’on a c’est qu’il y a un climat de peur. Les gens ont peur de sortir. Les gens hésitent même à aller travailler. Ce n’est pas une situation très enviable. Ils restent chez eux enfermés, raconte-t-elle.

M. Joseph Bernadin René qualifie le geste du Canada d’envoyer des véhicules blindés de noble.

Je pense que ça va aider certainement les corps policiers en Haïti. Le gouvernement haïtien actuel en avait besoin, croit-il.

Assistance internationale

Le gouvernement haïtien a formellement demandé une assistance internationale afin d’aider à régler les problèmes de sécurité. Mais l’idée ne fait pas l’unanimité auprès de la communauté haïtienne. Certains disent que l'intervention de la communauté internationale pourrait aider les forces de l’ordre locales à reprendre le contrôle du pays à court et moyen terme, alors que d’autres croient qu’il faut laisser le pays se rebâtir par lui-même.

Nous devons garder en tête que Haïti est un pays souverain. Donc, oui [une intervention internationale] va aider, mais pour combien de temps? se questionne Joseph Bernadin René.

Véronique Semexant croit qu'il faut pousser la réflexion pour s'attaquer au cœur des problèmes.

Oui [une intervention internationale], ça va amener un sentiment de sécurité, mais pour combien de temps? Et au-delà du sentiment de sécurité pour un moment donné, il faut aussi se demander ; si on revient toujours au même point, est-ce qu’il ne faudrait pas s’arrêter pour réfléchir à ce qui se passe réellement et ce qu’il y a à faire? [...] Je pense qu’on a tendance à régler le problème d’Haïti avec des sparadraps, alors que dans le fond, il y a peut-être une chirurgie à faire, a-t-elle commenté.

Selon Caze Jean-Noël, politologue d’origine haïtienne installé au Canada depuis une dizaine d’années, la réelle solution pour régler le problème de sécurité en Haïti c’est de s’attaquer aux problèmes structurels, notamment au niveau de l'éducation et du système de santé et aux lacunes du système judiciaire.

Caze Jean-Noël accorde une entrevue à la caméra.

Caze Jean-Noël, politologue

Photo : Radio-Canada

Tous ces problèmes, dit-il, ont mené à la gangstérisation du pays.

Le marché de la gangstérisation du pays gagne du terrain. Ces groupes armés sont des serviteurs. Ils sont au service d’une oligarchie à l’intérieur du pays et cette oligarchie elle-même est au service d’autres structures inconnues. Ainsi, parler de l’élimination des groupes armés avec la présence d’une force étrangère c’est un faux discours, est-il d’avis.

Avec les informations de Camille Kasisi-Monet

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