COVID-19 : le manque de données empêche la population de se protéger, selon des experts

Des modélisateurs promeuvent le port du masque, la vaccination et des espaces adéquatement ventilés pour combattre la COVID-19.
Photo : via reuters / ANTARA FOTO
Un groupe indépendant d’experts en modélisation de la COVID-19 soutient que le gouvernement de la Colombie-Britannique ne rapporte pas les données liées à l’évolution du virus de façon adéquate, ce qui fait que la population est incapable de connaître les risques qu’il représente aujourd’hui.
Selon le BC COVID-19 Modelling Group, constitué de chercheurs de l’Université de la Colombie-Britannique, de l'Université Simon Fraser et de l’Université de Victoria, la sous-estimation des cas de COVID-19 rapportés est extrêmement haute
dans les rapports hebdomadaires de la province.
Le regroupement d’experts tire ce constat en comparant les données provinciales avec deux bases de données issues d’échantillons de sang, dont l’une provient d’une étude corédigée (Nouvelle fenêtre) par la Dre Bonnie Henry, la médecin-hygiéniste en chef de la Colombie-Britannique.
Le nombre d'infections rapportées par la province dans ses rapports hebdomadaires vient essentiellement des tests PCR
, qui ne sont plus accessibles pour la majorité de la population.Dans leur rapport, les experts estiment qu’il y aurait 10 000 cas de COVID-19 par jour dans la province, soit 100 fois plus que le nombre de cas rapportés par le gouvernement en ce moment. Cette estimation ne prend en compte que les infections impliquant une réponse immunitaire, ce qui exclut les réinfections, est-il écrit dans le document.
Le variant d’Omicron BA.5 est dominant dans la province et les taux d’infections demeurent élevés, selon le rapport.
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À côté de cela, l'immunité de la population décline et la situation sanitaire empirera si elle cesse de se protéger, avertit le regroupement.
Cela implique de continuer à se faire vacciner, et de faire son possible pour minimiser les risques en portant un masque et en interagissant avec les autres dans des espaces bien ventilés, pour Sarah Otto, l’une des coauteures du rapport publié la semaine dernière par le groupe d’experts.
Hospitalisations facilement mal interprétées
D’après les données provinciales, jeudi, 365 personnes ayant la COVID-19 étaient à l’hôpital, et 25 nouveaux décès étaient rapportés chez des personnes ayant reçu un diagnostic positif au virus dans les 30 jours auparavant.
En avril, la province a changé sa façon de rapporter les données liées à la pandémie, passant d’un rapport quotidien d’infections, d’hospitalisations et de décès, à un rapport hebdomadaire.
Selon la province, ces changements visaient à passer d’un modèle de gestion de cas
à une approche de surveillance
, ciblée sur les tendances d’évolution du virus, de la même manière que la grippe est surveillée.
Mais ces rapports hebdomadaires présentent des failles, et les admissions dans les hôpitaux peuvent être facilement mal interprétées
, notamment par les médias, dénonce le BC COVID-19 Modelling Group.
Le nombre d’hospitalisations rapportées chaque semaine correspond aux hospitalisations déclarées sur une période de deux semaines. Les données de la semaine précédant la publication des données sont toutefois toujours incomplètes d’environ 25 %, explique le rapport. Les hospitalisations correspondant à cette semaine donnée sont ajustées dans le rapport de la semaine suivante.
« C’est comme si on comparait des pommes et des oranges. On ne peut pas comparer un nombre partiel une semaine avec un nombre plus complet de la semaine d’avant. »
CBC/Radio-Canada a contacté le ministère de la Santé pour savoir pourquoi ces données sont révisées de la sorte, sans obtenir de réponse avant la publication de cet article.
Sarah Otto soutient qu’il devrait y avoir un message de santé publique plus ferme sur l’importance du port du masque. Le rapport souligne que les doses de rappel de la COVID-19 peuvent réduire l’impact du virus cet automne.
Nous n’avons pas vu le variant BA.5 perdre de l’ampleur, nous savons que l’immunité de la population est en déclin [car les] vaccins [ont eu lieu] tôt cette année
, déplore Sarah Otto, qui ajoute qu'il n'y a pas non plus de prises de rendez-vous majeurs pour la dose de rappel.
Avec les informations d'Akshay Kulkarni