AusterityTO : des citoyens s’indignent du piètre état de la ville de Toronto

Une poubelle de la ville recouverte d'un sac de poubelle est une des installations d'AusterityTO.
Photo : James McLeod/AusterityTO
Poubelles qui débordent et fontaines d’eau cassées : à moins de deux semaines de l’élection municipale à Toronto, de plus en plus de citoyens expriment leurs frustrations au sujet de l’état des infrastructures de la Ville Reine et des huit années au pouvoir de John Tory, le maire sortant.
En août dernier, James McLeod était assis à une terrasse à Toronto. Devant lui, une poubelle brisée que la Ville avait couverte de tôle.
Je me suis dit que les travailleurs municipaux auraient pu simplement réparer cette poubelle au lieu de la couvrir
, lance l’ancien journaliste de formation.
Il a pris une photo et l’a partagée sur Twitter, en disant que la poubelle en question pourrait être une installation artistique pour illustrer l’état des services municipaux à Toronto. Il disait que la poubelle serait digne d'une plaque.
C’est à ce moment-là que son futur collaborateur, Tom Ruhig, lui a écrit. Rapidement, les deux Torontois ont mis en branle leurs installations d’art satirique, AusterityTO.
« Nous avons imaginé une autre réalité, dans laquelle John Tory n’est pas seulement le maire de Toronto, mais aussi un artiste avec une vision pour installer ses œuvres à travers la ville. »
On s’est dit que si cette poubelle est une œuvre d’art, l’artiste est nécessairement le maire John Tory, puisque c’est lui qui a fait en sorte que ça existe
, explique M. McLeod.
Ils ont donc ciblé des œuvres
à travers la ville et ils ont installé des plaques à côté. Une poubelle recouverte d’un sac poubelle, une fontaine d’eau brisée à côté de l’hôtel de ville : les deux hommes ont installé 14 plaques en tout à travers Toronto.
Dans le contexte de l’élection municipale, ce manque d’entretien des infrastructures dans la ville montre quelles sont les priorités de John Tory, c'est-à-dire de garder l'impôt foncier bas
, ajoute Tom Ruhig.
Un mouvement qui prend de l’ampleur
Selon M. Ruhig, le but de ces installations est d’amener les citoyens à penser de façon satirique à l’état de la ville.
On veut recadrer les failles de Toronto pour les présenter comme des sculptures ou des performances. En donnant le crédit à l’artiste John Tory, ça montre aussi que ceux qui ont le pouvoir ont une part importante de responsabilité à assumer
, explique l’étudiant.
Et les Torontois semblent suivre l’exemple de Tom Ruhig et de James McLeod, surtout par l’entremise des réseaux sociaux. Sur Twitter, par exemple, plusieurs Torontois partagent des photos de poubelles qui débordent pour les ajouter aux installations d’AusterityTO.
« C’est incroyable de voir l’impact du projet et les conversations qui continuent sans nous. »
Le projet AusterityTO est une façon pour les gens de s’exprimer sur les failles actuelles de la Ville
, lance James McLeod.
Mais ce mouvement a également inspiré des conversations plus profondes que la satire, surtout en ce qui concerne les services communautaires et l’état du transport en commun.
Certains sur les réseaux sociaux indiquent qu’une fois qu’on voit des poubelles qui débordent, cela veut dire que d’autres services municipaux ont certainement des lacunes, dit-il. Il y a un côté plus sérieux qui va au-delà de la satire.
Le candidat à la mairie Gil Penalosa donne d’ailleurs raison aux citoyens qui s’indignent.
« Tout le monde à qui je parle dit que la ville s’effondre, et les gens ont raison. »
La Ville ne prend pas soin des services publics et de ses infrastructures. Le problème n’est pas seulement le coût, mais aussi un manque de gestion efficace
, lance-t-il.
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De son côté, le maire de Toronto, John Tory, a largement tenu la promesse qu’il avait faite lors de deux campagnes électorales précédentes de maintenir l'impôt foncier sous le taux d’inflation.
La directrice des communications du maire sortant a également défendu son bilan devant les critiques soulevées par le projet AusterityTO et par des citoyens en général.
Jennifer Crognali a indiqué par courriel que M. Tory a obtenu un plan de transport en commun de 28 milliards de dollars, fait construire des milliers de logements abordables et dirigé la Ville pendant la pandémie.
Il a accompli tout ça en gardant l'impôt abordable, alors que beaucoup de gens avaient des difficultés avec le coût de la vie, dit-elle. Il a continué à donner la priorité aux prestations de services auxquelles les résidents s’attendent.
Selon la Ville, seulement 2 à 3 % des toilettes dans les parcs sont fermées pour des réparations. Sur les 700 fontaines d’eau potable dans les parcs, seulement jusqu’à 2 % doivent être réparées.
La compagnie Astral Media, qui est responsable des 10 000 poubelles de la ville, a indiqué par courriel qu’elle ramasse et nettoie les poubelles une fois par semaine en général, deux fois par semaine dans des quartiers plus denses.
Brad Ross, un porte-parole de la Ville de Toronto, constate pour sa part que le nombre d’appels de plaintes n’a pas augmenté récemment.
Pouvons-nous en faire plus dans certains domaines? Absolument. Il y a toujours de la place à l’amélioration, mais dans l’ensemble, la ville reste en très bon état
, dit-il.
Avec les informations de CBC