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« La forêt se jardine comme la rhubarbe » : Yves Montigny suscite la grogne d’écologistes

Les entreprises québécoises dénoncent les taxes sur les exportations de bois aux États-Unis.

L’affirmation d'Yves Montigny, auparavant président du comité sur la forêt pour l’UMQ, a donné matière à une lettre d’opinion (archives).

Photo : Radio-Canada

Des propos tenus par le candidat caquiste élu dans René-Lévesque durant la campagne électorale font réagir : l’ex-maire de Baie-Comeau, Yves Montigny, a comparé la forêt à de la rhubarbe, ce qui indispose quelques sceptiques.

C'est ce qui est beau avec la forêt, c'est que ça [se] jardine comme notre jardin. Je dis souvent que ça [se] jardine comme de la rhubarbe. Évidemment, on la récolte, mais la beauté, c'est que ça repousse, a mentionné Yves Montigny non seulement lors d'un discours au printemps dernier mais également sur sa page Facebook en septembre.

L’ex-maire de Baie-Comeau a tenu ces propos en mai lors de la tournée du président de l’Union des municipalités du Québec (UMQ) lors de son passage à Baie-Comeau. Yves Montigny a décliné notre demande d’entrevue à ce sujet.

L’affirmation d'Yves Montigny, auparavant président du comité sur la forêt pour l’UMQ, a donné matière à une lettre d’opinion parue dans Le Devoir le 4 octobre dernier.

L’auteur de cette lettre, Louis De Grandpré, déplore les propos tenus par le candidat élu et dit ne pas croire que la forêt repousse comme de la rhubarbe lorsqu'on la récolte.

Louis De Grandpré est debout dans une forêt.

L'auteur de la lettre d'opinion, Louis De Grandpré, est chercheur en matière de territoire et de ressources pour le Conseil des Innus de Pessamit.

Photo : Louis De Grandpré

M. De Grandpré, qui est chercheur en matière de territoire et de ressources pour le Conseil des Innus de Pessamit, plaide pour un changement de paradigme afin de reconnaître la forêt comme un écosystème complexe et fragile.

Considérer que c’est juste de la ressource ligneuse, c'est peut-être faire abstraction de cette complexité-là. Et si on l'aménage sans tenir compte de cette complexité, on risque de perdre beaucoup au bout du compte, par exemple pour ce qui est de la biodiversité, craint le chercheur.

La forêt se régénère-t-elle aussi facilement qu’on le dit?

La Société pour la nature et les parcs (SNAP) Québec est du même avis. Le directeur de la conservation à la SNAP Québec, Pier-Olivier Boudreault, pense qu’il y a plusieurs croyances à déconstruire, notamment celle selon laquelle la forêt se régénère d’elle-même après une coupe à blanc.

Pier-Olivier Boudreault sourit pour la photo au sommet d'une montagne devant un paysage montagneux.

Pier-Olivier Boudreault est directeur de la conservation à la SNAP Québec.

Photo : Pier-Olivier Boudreault

On sait qu’il y a un problème de régénération. Par exemple, dans la forêt boréale, il y a près du quart des peuplements qui, après une coupe totale, ne vont même pas atteindre sept mètres de hauteur après 40 ans, explique le biologiste.

« Il y a beaucoup d’indicateurs qui sont au rouge. On pense au déclin du caribou forestier, qui est un petit peu comme le canari dans la mine. »

— Une citation de  Pier-Olivier Boudreault, directeur de la conservation à la SNAP Québec

L'industrie forestière compte sur Yves Montigny

De son côté, le président-directeur général du Conseil de l’industrie forestière du Québec, Jean-François Samray, est ambivalent, mais il défend la position de l'ancien maire de Baie-Comeau.

Même s’il reconnaît la complexité de la gestion forestière, il est d’accord avec la simplification du discours si elle permet de s’inscrire dans le débat public. Par contre, de là à comparer la forêt à de la rhubarbe...

Il l’a fait dans un contexte où il faisait valoir l’importance d’augmenter et de régionaliser les budgets sylvicoles afin de faire en sorte qu’on puisse davantage valoriser la forêt, précise Jean-François Samray.

Jean-François Samray sourit pour la photo devant une forêt.

Le président-directeur général du Conseil de l'industrie forestière du Québec, Jean-François Samray

Photo : Gracieuseté Conseil de l'industrie forestière du Québec

La remise en production se fait de façon naturelle, c'est-à-dire que ce sont les espèces avoisinantes de l'endroit où a eu lieu la récolte qui viennent se semer et assurer la repousse, ajoute M. Samray.

Il estime que l’aménagement de la forêt se fait de manière durable et que l'industrie forestière est soumise à la réglementation de la Stratégie d’aménagement durable des forêts, notamment.

L’État va faire une vérification trois ou quatre années après [les coupes forestières] pour s’assurer que ça s’est bien fait, explique M. Samray, qui croit que les travaux de sylviculture après des coupes forestières sont la pierre angulaire du développement durable.

Durant la campagne électorale, la communauté innue de Pessamit avait aussi déploré en mai dernier les propos tenus par Yves Montigny, au moment où la communauté revendique l’appui du gouvernement du Québec dans le dossier de la protection du caribou sur le Nitassinan.

Louis De Grandpré et Pier-Olivier Boudreault espèrent qu’un dialogue s'amorcera avec les nouveaux élus pour trouver des solutions afin d'aménager et d'avoir une forêt plus durable.

Avec les informations de Zoé Bellehumeur

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