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La mairie d’Ottawa, l’autre marathon de Mark Sutcliffe

Mark Sutcliffe entrain de courir.

Mark Sutcliffe a commencé à courir dans la trentaine et a couru son premier marathon en 2004. Il en est désormais à 38 marathons et de nombreuses autres courses.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Radio-Canada

Mark Sutcliffe a commencé à courir dans la trentaine. Depuis, il a fait de nombreux marathons. Mais depuis, c'est une tout autre course qu'il a entamée en se lançant à l'assaut de la mairie d'Ottawa. Portrait.

Un matin à la fin du mois de mai 2018, Mark Sutcliffe a enfilé ses chaussures de course et s'est lancé dans un marathon.

Le fait qu'il se soit inscrit à cette course de 42,2 kilomètres n'avait rien de nouveau. Il en avait déjà terminé une vingtaine, dont le réputé marathon de Boston. Il a d’ailleurs écrit deux livres sur le sujet, Why I Run et Long Road to Boston.

Ce qui était particulier lors de cette course, c'est qu’il a commencé à la courir à 10 h du matin, trois heures après le départ des autres coureurs. Les athlètes d’élite avaient déjà commencé à franchir la ligne d’arrivée depuis près d'une heure.

J’ai ressenti une certaine responsabilité et un sens du devoir, et j'ai senti que je devais répartir un peu la chance.

Une citation de Mark Sutcliffe, candidat à la mairie d’Ottawa

Tel qu’il l'a expliqué dans un TED Talk enregistré peu avant la Fin de semaine des courses d'Ottawa, M. Sutcliffe savait qu'au moment où il se fraierait un chemin le long du parcours, la plupart des spectateurs et des bénévoles qui aident et encouragent les coureurs en tête du peloton seraient déjà partis.

Mark Sutcliffe prend la parole lors d'un débat.

Mark Sutcliffe lors d'un débat sur l'environnement, le 28 septembre 2022, avec à sa gauche Catherine McKenney, qui figure parmi les favoris de la course à la mairie d'Ottawa.

Photo : Radio-Canada / Patrick Louiseize

Quand vous commencez votre vie à l'arrière du peloton, vous recevez beaucoup moins d'aide et de soutien. Souvent, vous courez seul, avait-il déclaré aux membres du public. Mon objectif est d'attirer l'attention sur le fait que tant de personnes commencent leur vie en étant désavantagées par rapport au reste d'entre nous.

Aujourd’hui, Mark Sutcliffe prend part à un autre genre de course. Il promet que s'il devient le prochain maire d'Ottawa, sa détermination à égaliser les chances pour tous les résidents — à imaginer un monde où la chance n'a pas d'importance, comme il l’a dit à son public — restera inébranlable.

Mark Sutcliffe, enfant, fête un anniversaire avec sa mère et sa sœur.

Mark Sutcliffe fête un anniversaire en avance avec sa mère et sa sœur.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Chanceux d’avoir grandi à Ottawa

M. Sutcliffe est parfaitement conscient qu'il est en mesure de poser de tels gestes grâce à sa propre chance.

J'ai toujours dit que je me sentais très chanceux d'être né à Ottawa, dans un environnement confortable, de parents aimants, à une époque où il y avait la paix et des possibilités, a-t-il confié à CBC News en entrevue dans un café près de chez lui dans le Village Wellington, où il vit avec sa femme Ginny, sa belle-fille Erica, qui a 23 ans, son fils Jack, âgé de 13 ans, et sa cadette de 11 ans, Kate.

Mark Sutcliffe a porté plusieurs chapeaux à Ottawa, notamment celui de journaliste, d'entrepreneur et de conseiller de conseils d'administration. Sa décision d'entrer dans la sphère politique représente pour lui un changement de rôle, un passage du poste d'observateur et de conseiller à celui de décideur potentiel.

J'ai commencé à réaliser que si je voulais que la politique change, si je voulais que les choses soient différentes, alors peut-être que je pourrais essayer de les rendre différentes plutôt que de rester derrière et me plaindre, explique-t-il.

Un très jeune Mark Sutcliffe, sur un vélo, reçoit un coup de main de sa grande sœur.

Un très jeune Mark Sutcliffe reçoit un coup de main de sa grande sœur Dianne, décédée en 2002. La perte de sa sœur et de son père l'a inspiré à faire de son premier marathon, en 2004, une collecte de fonds pour La Fondation de l'Hôpital d'Ottawa.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

De l'enfant timide à l'animateur

Mark Sutcliffe est né l'été de 1968. Il a grandi avec sa sœur aînée Dianne à McKellar Park, non loin du centre commercial Carlingwood, où sa mère vit toujours dans la maison familiale d'origine. Il continue d’ailleurs de l'appeler tous les jours, et l'a fièrement distinguée parmi la foule, lors de son récent lancement de campagne.

M. Sutcliffe se souvient que son père l'a emmené, lui et sa sœur, au centre-ville au début des années 1980 pour qu'ils se tiennent sur le pont Mackenzie-King et contemplent l'énorme chantier de construction qui allait bientôt devenir le Centre Rideau, le Centre des congrès d'Ottawa et l'hôtel Westin.

Pour lui, il s'agissait d'une illustration de la maturité de sa ville natale et du potentiel transformateur de la construction de villes à grande échelle. L’expérience a laissé une impression durable dans son esprit.

Mark Sutcliffe pose avec son père, décédé d'un cancer en 2004.

Mark Sutcliffe pose avec son père, décédé d'un cancer en 2004. Même s'il n'était pas un enfant sportif, Mark Sutcliffe a toujours aimé le baseball et a déjà travaillé comme annonceur pour les Lynx d'Ottawa.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Mark Sutcliffe se décrit comme douloureusement timide en grandissant, et toujours le plus petit de la classe, en partie parce qu'il a sauté une classe à l'école primaire. Il n'était pas très sportif, enfant - il plaisante d’ailleurs en disant que son meilleur sport à l'école était le jeu télévisé, Reach for the Top — et il a donc lentement appris à se faire remarquer par d'autres moyens.

Après avoir obtenu son diplôme de l'école secondaire St-Pius X, M. Sutcliffe s'est inscrit à l'Université Carleton en pensant devenir journaliste. Il a rapidement abandonné ses études après avoir décroché un emploi à la station de radio rock Chez 106. Là, il a dû surmonter sa timidité à toute vitesse.

J'étais introverti et un peu ringard, mais j'adorais les médias, se souvient-il. J'ai dû apprendre la partie antenne et surmonter mes peurs et mon manque de confiance en moi.

Déjà à l'époque, il était conscient de ses atouts. Son grand-père maternel était chinois, mais avec un nom de famille et une apparence britanniques, son identité raciale n'a jamais été apparente pour le monde extérieur. Il a donc réussi à éviter les barrières qu'il aurait pu rencontrer autrement.

À l'époque, à la radio, on vous faisait changer votre nom de famille s'il n'était pas assez courant, se remémore-t-il. Les gens ne cherchaient pas la diversité, ils cherchaient l'homogénéité, donc ma vie aurait probablement été très différente.

Un jeune Mark Sutcliffe interviewe la légende du hockey Guy Lafleur.

Un jeune Mark Sutcliffe interviewe la légende du hockey Guy Lafleur pour Chez 106. M. Sutcliffe s'est inscrit à l'Université Carleton en vue d'une carrière en journalisme, mais la station de radio est venue l'appeler avant qu'il ne puisse obtenir son diplôme.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Nouveau regard sur le potentiel de la Ville

Au cours des années qui ont suivi, M. Sutcliffe a perfectionné ses compétences en ondes et sa personnalité publique à CFRA, 1310 News, CPAC et ce qui est maintenant Rogers TV.

Il a d'abord travaillé pour l'Ottawa Business News de Bruce Firestone, avant de cofonder l'Ottawa Business Journal en 1995, contribuant à la création des prix annuels Forty Under 40 et Best Ottawa Business en tant que rédacteur en chef, éditeur et PDG du journal.

M. Sutcliffe explique que le fait de diriger l'Ottawa Business Journal pendant le crescendo du boom technologique d'Ottawa lui a ouvert les yeux sur le potentiel de la ville sur la scène entrepreneuriale.

Je pense que ça a vraiment fait comprendre aux résidents de tout Ottawa qu'il y avait un secteur privé florissant dans la région, qu'il y a des entrepreneurs et des propriétaires d'entreprises vraiment cool qui font des choses vraiment intéressantes dans cette ville que nous considérons tous comme une ville gouvernementale.

Mark Sutcliffe interviewe l'ancien gouverneur général David Johnston.

Mark Sutcliffe interviewe l'ancien gouverneur général David Johnston lors d'un événement à l'hôtel de ville d'Ottawa.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

J'ai senti que je devais répandre la chance autour de moi

Mark Sutcliffe a siégé à de nombreux conseils d'administration, notamment ceux du Collège Algonquin, d'Investir Ottawa et de l'Ottawa Board of Trade. En tant que bénévole, il s'est beaucoup impliqué au sein d’organismes de bienfaisance et d'autres causes, dont Centraide, la Fondation de l'Hôpital d'Ottawa, la Fondation de santé mentale Royal Ottawa et la Société de Logement Communautaire d'Ottawa.

S'il y a une chose que mes parents nous ont inculquée, c'est que nous étions chanceux, car il y a d'autres personnes dans notre communauté qui ne sont pas aussi chanceuses, et je me suis toujours senti très reconnaissant, partage-t-il.

Mark Sutcliffe avec une médaille de coureur.

Après plusieurs tentatives et échecs pour se qualifier au marathon de Boston, Mark Sutcliffe a finalement couru la célèbre course en 2015.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

J'ai ressenti une responsabilité et un devoir, et j'ai senti que je devais répandre un peu la chance autour de moi. C'est aussi vraiment satisfaisant et gratifiant de contribuer, d'avoir la chance de faire une différence.

Il décrit sa décision de se présenter à la mairie avec des termes similaires. M. Sutcliffe explique que d'autres personnes l'ont exhorté au fil des ans à se présenter, mais ce n'est qu'après que d'autres candidats potentiels, dont les conseillers Diane Deans et Mathieu Fleury, aient annoncé qu'ils ne se lanceraient pas dans la course — et après de longues conversations avec Ginny tout en conduisant Jack à des tournois de baseball à travers l'Ontario — qu'il a décidé que la ville avait besoin d'un autre choix viable.

Beaucoup de gens m'ont dit avoir l'impression qu'il n'y avait pas de candidat centriste, de candidat qui puisse rassembler toute la communauté, ajoute-t-il.

Le maire sortant d'Ottawa, Jim Watson, décerne à Mark Sutcliffe l'Ordre d'Ottawa.

Le maire sortant d'Ottawa, Jim Watson, décerne à Mark Sutcliffe l'Ordre d'Ottawa, en 2016.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Une source d'énergie sans fin

En personne, M. Sutcliffe, 54 ans, est énergique et attachant, avec une silhouette de coureur et une vigueur juvénile. Le matin de son entrevue avec CBC News, alors que beaucoup étaient encore au lit, il venait de terminer un 10 km facile.

Grâce à la course à pied et à de nombreuses autres activités, j'ai appris ceci : je n'ai pas de variateur d'intensité. Je suis soit allumé, soit éteint, et rarement entre les deux, décrit-il dans son livre Why I Run.

Ceux qui le connaissent sont d'accord. Mark semble avoir une source d'énergie infinie, partage la fondatrice et directrice générale du Centre sportif Rideau, de The Bridge Public House et du Ottawa Sport & Social Club, Nicki Bridgland.

Mark Sutcliffe avec sa famille.

Mark Sutcliffe profite des grands espaces avec sa famille, dans le sens des aiguilles d'une montre à partir de la gauche : Jack, Erica, Ginny et Kate.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

À titre de coach et de conseiller en affaires pour le Stratford Group, Mark Sutcliffe a aidé Mme Bridgland et son équipe à traverser la pandémie.

Je considère Mark comme la colle qui a permis à l'équipe de rester soudée, alors qu'il y avait tant d'incertitude, confie Mme Bridgland. Il dirige avec son cœur, en grande partie parce qu'il est très gentil et compatissant [et] a une intégrité incroyable, mais il ne laisse pas ses émotions prendre le dessus, même dans les moments stressants.

L’ancien président par intérim de la Commission de la capitale nationale (CCN), ami de longue date et partenaire de course fréquent de M. Sutcliffe, Bob Plamondon, rejette l'idée que Mark Sutcliffe soit trop gentil pour la politique.

Je pense que la tendance de Mark est de penser le meilleur des gens, il est un résolveur de problèmes dans l'âme, affirme M. Plamondon.

Il est gentil dans le sens où si vous avez besoin de quelque chose, il est là pour vous. Il est prévenant. N’en reste pas moins que je n'ai jamais vu Mark reculer devant une dispute ou se faire bousculer.

Mark Sutcliffe à côté d'une de ses pancartes électorales.

Mark Sutcliffe a annoncé sa décision de se présenter à la mairie fin juin. "J'ai entendu beaucoup de gens dire qu'il n'y avait pas de candidat centriste qui pourrait rassembler toute la communauté", a-t-il expliqué.

Photo : Gracieuseté Mark Sutcliffe

Esprit de compétition

Lors du lancement de sa campagne, Mark Sutcliffe a qualifié la plupart des campagnes politiques de diviseuses et polarisantes, affirmant qu'il ne veut pas en faire partie.

Je ne veux pas gagner la bataille. Je ne veux pas qu'il y ait de bataille du tout, avait-il lancé à la foule.

Cela n’empêche pas M. Sutcliffe d’avoir un fort esprit de compétition. Il tient d’ailleurs à établir une distinction claire entre la campagne et le mandat politique qui suivra.

Mark Sutcliffe prend la parole lors du lancement de sa campagne, le 14 septembre 2022.

Mark Sutcliffe prend la parole lors du lancement de sa campagne, le 14 septembre 2022.

Photo : Radio-Canada / Joanne Chianello

La campagne, c’est clairement une compétition : quelqu'un gagne, quelqu'un perd, il n'y a pas deux façons de le faire. Donc vous devez être compétitif. Je ne pense pas que vous devez vous battre, mais vous devez être en compétition dans une campagne électorale.

Depuis le début de sa campagne, M. Sutcliffe a, à diverses reprises, pointé du doigt Catherine McKenney, qu'il considère comme son adversaire le plus considérable. Il ne mâche pas ses mots pour critiquer certaines de ses politiques.

M. Sutcliffe pense néanmoins qu'une fois le nouveau maire élu, la transformation pourra commencer.

J'espère qu'après cette élection, nous pourrons tous travailler ensemble parce que nous voulons tous les mêmes choses, au final : nous voulons tous une meilleure ville, nous voulons tous nous occuper des plus vulnérables, nous voulons tous que l'économie se porte bien.

Se forger une image

Malgré son engagement profond dans la communauté, M. Sutcliffe se considère toujours comme un outsider, car contrairement à Catherine McKenney et à l'ancien maire Bob Chiarelli, il n'a jamais occupé de poste d’élu.

Il a rassemblé une brochette de politiciens et de chefs d'entreprise bien établis à Ottawa pour servir de coprésidents de sa campagne. La liste comprend les anciens maires Jim Durrell et Jackie Holtzman, ainsi que les députées actuelles Jenna Sudds et Marie-France Lalonde.

Mark Sutcliffe serre la main d'un de ses partisans, autour d'autres partisans.

Mark Sutcliffe accueille ses partisans lors du lancement de sa campagne.

Photo : Radio-Canada / Joanne Chianello

Mark Sutcliffe s'est forgé une image de marque à Ottawa grâce à ses nombreuses apparitions publiques et à ses plateformes médiatiques, notamment ses chroniques de longue date dans les journaux et ses balados comme iRun et Digging Deep.

Alors que M. Sutcliffe quittait le café du Village Wellington, un homme assis à l'extérieur l'a interpellé.

Voilà le maire, a dit l'homme à sa femme lorsque Mark Sutcliffe s'est arrêté pour le saluer.

Avec les informations d'Alistair Steele, CBC News

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