L’aggravation de l’itinérance à Québec bientôt confirmée?

Selon différents intervenants et organismes communautaires, le phénomène de l’itinérance gagne en importance au centre-ville de Québec (archives).
Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers
Les organismes et intervenants en itinérance ont beau répéter depuis plusieurs années que le phénomène s’aggrave à Québec, aucune statistique n’a encore permis de confirmer leurs observations. Une situation qui est appelée à changer avec le deuxième dénombrement des personnes en situation d’itinérance, organisé mardi soir par le ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS).
Nommée Tout le monde compte, l’initiative se déroule simultanément dans 13 régions du Québec. Elle vise à mieux comprendre l’évolution du phénomène d’itinérance au cours des quatre dernières années, soit depuis le premier dénombrement mené en 2018. L’exercice prévu en 2020 avait été annulé en raison de la pandémie de COVID-19.
Ça va nous permettre d'avoir plus d'informations sur le profil des gens, leur parcours [et] les difficultés qu'ils rencontrent
, explique en entrevue à l’émission Première heure Frédéric Keck, adjoint à la Direction des programmes santé mentale et dépendances du CIUSSS de la Capitale-Nationale.

Des résidents du quartier Saint-Roch affirment que les personnes en situation d’itinérance sont plus visibles depuis que l'organisme Lauberivière a inauguré ses nouveaux locaux, sur la rue du Pont (archives).
Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin
Il ajoute que les données recueillies aideront également le CIUSSS et ses partenaires du milieu communautaire et de la Ville de Québec à adapter leur offre de services pour mieux répondre aux besoins des personnes en situation d’itinérance.
Questionnaire
De 18 h à minuit, mardi, une armée de bénévoles s'est rendu à la rencontre de personnes sans-abri dans des lieux extérieurs de la capitale ou à l’intérieur d’organismes communautaires pour leur faire remplir un questionnaire.
En 2018, les répondants avaient entre autres été invités à répondre à des questions portant sur leur historique d’itinérance, leurs sources de revenus, les services qu’ils utilisent et ceux qu’ils aimeraient recevoir. On leur avait également demandé d’indiquer leur identité de genre, leur orientation sexuelle, leur groupe d’âge et de dire s’ils étaient autochtones ou non.

Frédérick Keck affirme que l’itinérance à Québec est beaucoup plus visible aujourd’hui qu’elle ne l’était à une certaine époque, où on parlait davantage d’itinérance cachée.
Photo : Radio-Canada
Le dénombrement de 2022 sera en outre l’occasion d’évaluer les conséquences de la pandémie sur le phénomène d’itinérance dans la capitale.
Les échos qu'on a de nos organismes communautaires, de nos partenaires, de nos équipes, c'est que le phénomène augmente en visibilité et en nombre. C’est sûr que le dénombrement va nous permettre de mieux objectiver cette réalité-là pour la suite
, précise Frédérick Keck.
Approche volontaire
L’idée n’est pas de dénombrer l’ensemble des personnes sans-abri, une tâche pour ainsi dire impossible, mais d’avoir une idée de grandeur du phénomène.
L’opération se fait de façon volontaire. Les répondants peuvent choisir de répondre ou non au questionnaire d’une vingtaine de questions.

Prévu initialement en 2020, le deuxième dénombrement des personnes en situation d’itinérance avait été reporté en raison de la pandémie (archives).
Photo : Radio-Canada / Daniel Coulombe
Ceux qui acceptent de se prêter à l’exercice ont le loisir de répondre uniquement à celles avec lesquelles ils sont à l’aise. Pas question, ici, d’aller débusquer ni de traquer les personnes qui ont choisi de vivre leur itinérance à l’abri des regards.
On est vraiment dans les espaces publics, les espaces communs et dans les organismes communautaires. C'est vraiment la stratégie qui est utilisée.
L’itinérance étant un phénomène très complexe
, difficile à saisir
et influencé par de multiples facteurs, définir un profil type n’est pas chose aisée, précise M. Keck. Il est toutefois possible de dégager certaines tendances.
Accès au logement
À titre d’exemple, la difficulté d’accéder à un logement abordable est un enjeu assez central
. Le problème est encore plus criant pour les personnes aux prises avec des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie, lesquels augmentent leur vulnérabilité.

En 2018, le dénombrement effectué dans la région de la Capitale-Nationale avait permis de recenser 545 personnes en situation d’itinérance (archives).
Photo : Radio-Canada / Guillaume Croteau-Langevin
En 2018, le dénombrement avait permis de recenser 545 personnes en situation d’itinérance à Québec. L’opération s’était tenue au printemps et non à l’automne, comme c’est le cas cette année.
Selon le CIUSSS de la Capitale-Nationale, 125 bénévoles ont répondu à l’appel lancé par le MSSS pour la distribution des questionnaires.
Avec la collaboration d’Alex Boissonneault