Une opération en branle pour valoriser l’oursin, le « foie gras de la mer »

Cette opération vise à promouvoir ce hérisson des mers pour qu'il se retrouve davantage dans les assiettes des Québécois (archives).
Photo : Radio-Canada
Après « l’opération crabe », lancée en août dernier, c’est maintenant au tour de l’oursin d’être mis de l’avant dans les assiettes des Québécois. Ce projet pilote de valorisation et de promotion de l’espèce regroupe une soixantaine de poissonneries et de restaurants dans la province.
L’objectif est de promouvoir auprès des Québécois les espèces marines moins connues vivant dans le golfe du Saint-Laurent, dont fait partie l’oursin. Habituellement, cette espèce est principalement vouée à l'exportation, mentionne la fondatrice de la certification Fourchette bleue, Sandra Gauthier, qui intervient à titre de facilitatrice pour le projet.
Cette mission de développer la gastronomie québécoise a été mise sur pied par La table ronde, un collectif de restaurateurs du Québec fondé ce printemps.
L'organisme souhaite valoriser les produits québécois, en partenariat avec la Fourchette bleue.
On veut mettre les produits marins du Québec dans l’assiette des Québécois avant qu’ils soient exportés vers l’étranger, donc leur permettre de se servir d'abord dans le Saint-Laurent et de l’utiliser comme un garde-manger, plutôt que comme un outil d’exportation.
Ce qui nous facilite la vie avec l’oursin, c'est que, cette année, les Américains ont annulé auprès des Premières Nations malécites [les Wolastoqiyik] une bonne partie de leur commande. Ces gens-là se retrouvaient donc avec des surplus d’oursins. Ainsi, le marché intra-Québec vient sauver la mise à ce niveau-là
, constate Mme Gauthier, qui croit que cette campagne de l’oursin sera plus facile à mener que celle du crabe commun.
Cet article a été modifié pour préciser le rôle de l'entreprise Norref dans ce projet.
Agissant également à titre d'initiatrice du projet, l'entreprise en pêcheries Norref, pour sa part, s'occupe de la logistique de transport et de la mise en marché de l'oursin à travers la province.
La première cargaison d'oursins de plusieurs milliers de livres est arrivée au port de Gros-Cacouna lundi. Ils seront ensuite livrés dans les établissements participants au cours des prochains jours. La liste complète des restaurants participant à ce projet pilote sera révélée par la Fourchette bleue plus tard dans la semaine.
L’opération [qui durera de 8 à 10 semaines] prendra fin lorsque la météo empêchera les pêcheurs de récolter la ressource. La pêche aux oursins reste extrêmement durable et ne menace pas les fonds marins, puisqu’elle est manuelle; ce sont des plongeurs qui vont directement dans la mer les chercher
, explique celle qui est aussi derrière le musée Exploramer.

Sandra Gauthier souhaite favoriser la commercialisation locale des poissons et des fruits de mer du Saint-Laurent (archives).
Photo : Radio-Canada / Roxanne Langlois
Cette espèce surnommée le foie gras de la mer
Pour la cheffe d’origine matanaise Chloé Ouellet, le goût de l'oursin se compare beaucoup à celui des autres fruits de mer, avec sa touche iodée. Ce que j’adore de l’oursin est sa texture, soit le côté crémeux de la gonade [leurs organes reproducteurs] qui est vraiment unique
, commente Chloé Ouellet, qui a également fait partie de la brigade de la populaire émission Les Chefs! en 2019.
Près de 90 % des gens ignorent que des oursins vivent dans le fleuve Saint-Laurent, affirme celle qui possède aussi une poissonnerie. C’est pourquoi elle croit que de l'éducation est à faire au sujet de l'oursin : à son avis, beaucoup ignorent que ce fruit de mer se mange et possède un fort potentiel.
Si l’oursin est moins connu, ce n’est pas à cause de son goût, c’est surtout parce que c’est un produit plus difficile à préparer qu’une huître, par exemple. Il faut l’ouvrir, le laver et le rincer... il y a plus de préparation.
C’est une espèce qui peut être intimidante.

Une récolte d'oursins (archives)
Photo : Radio-Canada / Gaston Beaulieu
L'arrivée du temps frais marque le début de la pêche à l’oursin. Plus l'eau du Saint-Laurent est froide, plus c’est la saison pour manger les oursins. [...] Là, ça commence! Plus on va avancer dans le temps, plus les gonades seront grosses, donc le rendement en chair sera plus intéressant
, explique Sandra Gauthier.
Pour le moment, ces découvertes de la faune marine du Saint-Laurent suscitent un bel enthousiasme chez les restaurateurs et les consommateurs, indique-t-elle.
D'autres campagnes de promotion de produits marins moins connus, comme les algues, pourraient avoir lieu dans les prochaines semaines, ajoute Mme Gauthier.
Avec les informations d'Isabelle Lévesque