Opposés au régime, des Iraniens au Canada ont peur des représailles pour leurs familles
Une manifestation en appui au mouvement de contestation en Iran s’est déroulée à Moncton.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s'est déroulée samedi à Moncton.
Photo : Gracieuseté
Le mouvement de contestation, qui dure depuis plus de trois semaines en Iran après la mort de Mahsa Amini, entraîne ailleurs dans le monde des manifestations de soutien. Dans la diaspora iranienne, il existe chez certains une crainte à l’idée d’exprimer leur appui, en particulier hors des plus grandes villes, selon une Néo-Brunswickoise.
Malgré cela, des gens se sont rassemblés samedi à Moncton, au Nouveau-Brunswick, pour appuyer le mouvement actuel. Fariba Breau, une Iranienne d’origine, souligne qu’il était important pour toutes les personnes réunies d’à tout prix montrer leur solidarité avec leurs compatriotes en Iran
.
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Le soutien au mouvement de contestation est réel dans la diaspora iranienne, dit Mme Breau, qui a quitté l’Iran il y a des décennies et vit à Moncton. Il est cependant difficile de convaincre certains Iraniens d’origine d’afficher ouvertement leur opposition au régime, même à des milliers de kilomètres de leur pays natal.
À Vancouver, à Toronto et dans les grandes villes, il y a tellement d’Iraniens qu’on ne peut pas vraiment les identifier
, explique Mme Breau.
Dans les petites villes comme Moncton, on a essayé d’appeler des Iraniens pour venir se joindre à cette manifestation, et il y en a beaucoup qui nous ont dit qu’ils avaient peur des représailles pour leur famille en Iran.
Cela incite certains à se camoufler le visage lorsqu’ils participent à une manifestation, par crainte d'être reconnus et dénoncés en Iran.

Une personne masquée manifeste le 9 octobre 2022 devant l'ambassade d'Iran à Londres. Sur son masque, on lit les mots « Woman Life Freedom » (« femme, vie, liberté »), qui est un slogan kurde.
Photo : Reuters / Henry Nicholls
Fariba Breau dit ne plus avoir de famille immédiate en Iran, mais elle a des amis qui font le voyage entre ce pays et le Canada. La désobéissance civile que l’on observe depuis la mi-septembre n’est pas la première révolte ces dernières années, mais celle-ci semble être d’un autre ordre, observe-t-elle.
Après la mort de Mahsa Amini, tout le monde est en colère et il y a une union de tous les opposants
, dit-elle.

Une manifestation de soutien au mouvement de contestation actuel en Iran s'est déroulée samedi, à Moncton.
Photo : Gracieuseté
« Ça pourrait être la fille de n'importe qui »
Après avoir été arrêtée par l’escouade de la moralité pour avoir supposément porté son hijab incorrectement, Mahsa Amini, 22 ans, est morte dans un hôpital de Téhéran le 16 septembre. Des témoins ont dit qu’elle avait été brutalisée et tuée par la police.
Le régime, qui affirme que la jeune femme a simplement fait une crise cardiaque, s’efforce de brutalement réprimer des manifestations qui ne s’essoufflent pas et qui ont éclaté par centaines dans plus de 80 villes d’Iran.
Ce n’est pas la première fois que le régime iranien assassine ou torture des opposants, mais, dans le cas de Mahsa Amini, ce n’était pas une opposante, elle n’avait rien fait. C’était une fille de 22 ans qui venait de descendre du métro et visitait Téhéran
, dit Fariba Breau.
Ça pourrait être la fille de n’importe qui, poursuit-elle. Si je vivais en Iran, cette fille-là, ça pourrait être ma fille. C’est pour cela que tout le monde s’identifie un petit peu à cela.

Pendant une manifestation d'appui au mouvement de contestation en Iran, samedi à Vancouver, une femme qui brandit une pancarte réclame des gestes, et non de simples paroles, pour l'Iran.
Photo : La Presse canadienne / Darryl Dyck
La Monctonienne ne s’avance pas sur l’ampleur du danger que cela représente pour le régime en place depuis la fin de la Révolution islamique, en 1979. Je ne sais pas si ça va les faire partir, mais en tout cas, ils vont partir à un moment ou à un autre. Je ne sais simplement pas combien de temps ils vont tenir
, déclare Mme Breau.
Des sanctions insuffisantes
Le Canada a annoncé des sanctions la semaine dernière contre des entités et des individus iraniens.
Selon Fariba Breau, il s'agit d’un bon premier pas
, mais ce n'est pas assez.
Depuis plusieurs années déjà, les hauts dirigeants [iraniens] envoient leurs familles et leurs enfants vivre au Canada. Comme ils arrivent avec beaucoup d’argent, on les accueille
, dénonce-t-elle.
Le régime islamiste en Iran est indécrottable, estime la Monctonienne. Des réformes ne serviraient à rien, car la façon de gouverner ne changera fondamentalement jamais tant que ce régime sera au pouvoir, croit-elle.
Dans l’ADN de ce gouvernement, il y a un fanatisme qu’on ne peut pas changer.
Pour que les choses changent réellement en Iran, dit-elle, c’est tout le régime qui doit disparaître.
Avec des renseignements de Pascale Savoie-Brideau, Janic Godin et L'heure de pointe Acadie