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AnalysePLQ : la difficile autocritique

Dominique Anglade lors d'un point de presse.

En 2018 comme aujourd'hui, les bilans semblent difficiles à faire au Parti libéral du Québec.

Photo : La Presse canadienne / Paul Chiasson

L’exercice se répète de manière systématique. Chaque fois qu’un parti est recalé par les électeurs dans les urnes, ses dirigeants promettent de faire un examen de conscience et de déterminer ce qui n’a pas fonctionné pendant leur campagne. C’est le cas, cette année, du Parti libéral du Québec.

Il va falloir se poser les questions [afin de savoir] comment on peut à la fois maintenir nos valeurs et être plus près des préoccupations des francophones des régions, qui ont cette fois-ci choisi la Coalition avenir Québec. Il faut surtout savoir comment se différencier, a analysé le député sortant Pierre Arcand.

Sauf que. Cette déclaration n’a pas été faite lors du caucus postélectoral du PLQ, tenu mercredi dernier à Yamachiche, mais bien au lendemain des élections du… 1er octobre 2018. Elle demeure pourtant tout aussi d’actualité aujourd’hui.

D’ailleurs, qu’est-il advenu de cet examen de conscience promis en 2018? Et, surtout, quels gestes concrets ont été faits pour corriger le tir? On ne l’a jamais trop su.

C’est que la séquence est souvent la même : au cours des jours qui suivent la défaite, on encaisse le coup, on émet quelques hypothèses sur ce qui s’est passé, mais on soutient du même souffle qu’il est trop tôt pour tirer quelque conclusion définitive que ce soit. On promet surtout de mener de grandes réflexions et de procéder à de grands changements, mais le processus n’aboutit souvent jamais. La vie reprend peu à peu son cours et on n’en entend plus parler.

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Des fleurs devant l'édifice du Parlement, à Québec.

Dès 2016 pourtant, un rapport préparé par le président de la commission politique du PLQ et dévoilé par La Presse avait sonné l’alarme au sujet du piètre état de la vie militante au sein du parti. Son auteur y parlait d’une base militante en chute libre et dénonçait le peu de cas que faisait l’aile parlementaire du travail effectué par les membres du parti. Le PLQ avait promis de passer à l’action, mais six ans plus tard, les résultats se font toujours attendre.

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Uniquement un problème d’organisation?

Mercredi à Yamachiche, les candidats libéraux – élus comme défaits – semblaient s’être passé le mot pour blâmer l’organisation du parti.

Il n’y a pas de doute : l’organisation libérale a échoué sur plusieurs fronts. Le recrutement des candidats s’est effectué en catastrophe, à la dernière minute. C’est sans compter l’itinéraire parfois erratique qu’a emprunté la caravane de la cheffe.

Des sources décrivent un climat de tension entre certains membres de l’équipe. D'autres à l'interne ne se sont toujours pas remis du fait que le dossier du candidat dans Matane–Matapédia soit passé à un cheveu d’être rejeté.

Toutefois, mettre toute la faute sur les membres de l’organisation du parti serait trop facile. Il ne faudrait pas oublier que c’est Dominique Anglade qui a nommé ou confirmé à leur poste ceux qui ont orchestré la campagne de son parti.

C’est aussi elle qui a mis en avant le projet ÉCO et la Charte des régions, deux engagements phares du PLQ, qui ne lui ont cependant pas permis de s’illustrer.

Sur le plan de la défense de l’identité québécoise, le parti a souvent soufflé le chaud et le froid, assurant vouloir défendre la langue française tout en faisant machine arrière sur une de ses propositions clés : l’ajout de cours de français obligatoires dans les cégeps anglophones.

On a beau vouloir faire renaître le militantisme libéral en région, ce n’est pas le genre de chose qui s’improvise à la veille d’un scrutin. Pour mobiliser, encore faut-il susciter l’intérêt avec des projets concrets et des idées fortes. Cela ne semble pas évident pour le PLQ.

À la CAQ et ailleurs aussi

Le Parti libéral n’est toutefois pas le seul à avoir de la difficulté à se regarder dans le miroir.

Même si l’ambiance était beaucoup plus festive au caucus postélectoral de la CAQ qu’à celui du PLQ, on constate pourtant la même difficulté à faire preuve d’autocritique.

Interrogés sur le faible score obtenu à Montréal, nombre d’élus caquistes ont balayé sous le tapis toute responsabilité. À les croire, les nombreuses déclarations de leur équipe sur la question de l’immigration n’ont pas vraiment eu d’impact sur le score obtenu.

On va rétablir les choses, a tenté la ministre de la Métropole sortante, Chantal Rouleau, avant de nuancer quelques heures plus tard. Il n’y a pas de ponts à rétablir, c’est le discours qu’il faut rétablir, a-t-elle plaidé. La plupart de ses collègues n’ont même pas osé en dire autant.

Chantal Rouleau au caucus de la Coalition avenir Québec à Brossard.

Chantal Rouleau a promis de «rétablir les choses» à la suite des propos tenus par des membres de son parti au sujet de l'immigration.

Photo : Radio-Canada / Ivanoh Demers

Pourtant, même si elle a obtenu une confortable majorité à l’échelle du Québec, la CAQ aurait elle aussi intérêt à s’interroger sur les aspects les moins réussis de sa campagne électorale. En effet, les résultats pourraient être plus serrés en 2026.

Les prochaines élections semblent certes bien loin, mais quatre années sont vite passées en politique. Cela vaut aussi pour Québec solidaire, pour le Parti québécois et pour le Parti conservateur, qui n’ont pas encore tenu de caucus depuis la défaite.

Aucune des cinq grandes formations politiques québécoises n’a intérêt à ce que son bilan postélectoral finisse en queue de poisson, comme c’est trop souvent le cas.

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