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Élections municipales à Toronto : un renouveau garanti dans 7 quartiers

Deux électrices, munies d'une carte de vote, se dirigent vers l'entrée d'un bureau de scrutin à Toronto.

Les élections municipales ont lieu le 24 octobre à Toronto et partout ailleurs en Ontario.

Photo : Radio-Canada

À Toronto, les statistiques montrent qu’il est très difficile de se faire élire sur la scène municipale lorsqu’on affronte un candidat sortant. Cette année toutefois, les conseillers de 7 des 25 quartiers électoraux ont décidé de ne pas se représenter, ce qui offre une occasion de renouvellement à l’Hôtel de Ville.

C’est un facteur qui a pesé dans la balance pour Alejandra Bravo, candidate dans le quartier Davenport. C'était une surprise pour moi que la conseillère ait décidé de partir, comme plein de conseillers municipaux à Toronto. C'est beaucoup plus facile de faire une élection dans ces circonstances, confie-t-elle.

La candidate n’en est pas à son premier tour de piste : il s’agit en réalité de sa cinquième campagne électorale. La plus récente – sur la scène fédérale pour le NPD en 2021 – lui a permis de se faire davantage connaître, même si elle souligne qu'elle travaille depuis plus de 20 ans au sein de sa communauté.

Étant donné qu’il n’y a pas de partis politiques municipaux en Ontario, c’est bien souvent la reconnaissance du nom qui aide à se faire élire à ce niveau, reconnaît Mme Bravo.

Alejandra Bravo, souriante, dans son local de campagne.

Alejandra Bravo est parmi les 9 candidats à se présenter dans le quartier Davenport de Toronto.

Photo : Radio-Canada / Peter Turek

Dans le quartier voisin de University-Rosedale, parmi les 13 candidats en lice, un nom paraîtra aussi familier. L’ancienne commissaire à l’environnement de l’Ontario Dianne Saxe y tente sa chance, quelques mois seulement après une campagne électorale provinciale sous la bannière du Parti vert. Cette dernière expérience n’a pas porté fruit (elle est arrivée quatrième), mais lui a au moins servi à gagner en notoriété, estime-t-elle.

Beaucoup de gens connaissent mon visage et m’ont rencontrée pendant les deux années passées. J'étais à presque toutes les portes du quartier.

La candidate le dit clairement elle aussi : si le conseiller sortant Mike Layton était dans la course, elle ne se serait pas présentée. Elle voit maintenant dans cette campagne municipale une occasion d'approfondir des enjeux qui lui tiennent à cœur : logement, transport, climat.

J'ai des petits-enfants. Je veux faire ce que je peux pour leur donner une chance d'une bonne vie future.

Dianne Saxe, assise sur un banc dans un parc.

Dianne Saxe est candidate dans le quartier University-Rosedale.

Photo : Radio-Canada / Greg Bruce

Plus grande diversité

Chris Moise, lui, a carrément décidé d’abandonner sa campagne aux dernières élections municipales de 2018, lorsqu’en raison d’un redécoupage électoral imposé par le gouvernement de Doug Ford (qui a fait passer le nombre de quartiers torontois de 47 à 25), il s’est retrouvé à affronter la conseillère sortante Kristyn Wong-Tam.

Il s’est plutôt fait élire comme conseiller scolaire et fort de cette expérience, il retente sa chance au municipal cette année pour obtenir le siège de Toronto Centre.

Kristyn Wong-Tam, pour sa part, a été élue comme députée provinciale pour le NPD en juin et appuie la candidature de Chris Moise – un avantage pour lui.

Chris Moise parlant avec plusieurs citoyens, devant une épicerie.

Chris Moise (au centre), en discussion avec des résidents du quartier Toronto Centre où il se présente.

Photo : Radio-Canada / Mark Bochsler

Je connais bien la communauté parce que je vis ici, j’ai travaillé ici toute ma vie, je suis propriétaire d’une entreprise dans le quartier, et je l’ai vu à travers diverses lentilles. Je connais les gens, leurs inquiétudes, leurs espoirs. J’ai travaillé à l’hôpital St. Michael’s, j’ai une expertise en santé mentale et dépendances que je peux apporter, dit le candidat.

Il note que toute possibilité de renouveau politique est importante.

« Ça apporte une nouvelle énergie, une nouvelle perspective. Si vous êtes dans un rôle pendant trop longtemps, vous aurez tendance à vous perdre en cours de route. »

— Une citation de  Chris Moise

C’est aussi l’occasion d’apporter plus de diversité au conseil, renchérit Alejandra Bravo, dans une ville où plus de la moitié de la population est née à l’extérieur du Canada.

C’est bien d’avoir des candidats plus jeunes, plus de femmes. Moi je suis née au Chili, alors j'appartiens à la communauté latino-américaine, je parle espagnol. Mais aussi, j'ai fait l'effort il y a plus de 30 ans d'apprendre le portugais. La communauté portugaise est la plus grande communauté à Davenport. Pour communiquer, la langue est très importante.

Conseillers sortants : avantage renforcé

Si l’avantage des candidats sortants face aux nouveaux venus était déjà un phénomène connu à Toronto, la réduction de la taille du conseil municipal en 2018 a sans doute contribué à le renforcer cette situation, croit Peter Graefe, professeur au département de sciences politiques de l'Université McMaster. Les quartiers électoraux sont maintenant deux fois plus grands, rappelle-t-il.

« C'est difficile pour quelqu'un d'autre de rentrer et d'aller chercher les votes de 100 000 personnes. Il faut toute une équipe pour avoir la capacité d'aller prendre le contact avec les électeurs, pour les convaincre de changer de conseiller.  »

— Une citation de  Peter Graefe

Et il faut ajouter que ça coûte très cher aussi de monter une campagne de cette envergure. Aux élections provinciales ou fédérales, les candidats ont l'avantage des campagnes au niveau national pour aider à pousser leur message.

En même temps, il croit que redécoupage est aussi, en partie, ce qui a motivé autant de candidats à quitter la vie municipale cette année. Le fait que ça arrive à la fin d'un premier cycle à seulement 25 conseillers suggère que le travail de conseiller est quand même assez ardu et que les gens cherchent à travailler ailleurs.

Peter Graefe, dans son bureau chez lui, en visioconférence.

Peter Graefe, politologue à l'Université McMaster.

Photo : Zoom

Dans les districts où il y a des courses ouvertes, Peter Graefe confirme que ce sont souvent les candidats impliqués depuis longtemps dans leur quartier, et ceux qui ont déjà bénéficié des machines politiques à d’autres niveaux qui ont le plus de chances de l’emporter.

On a tendance à avoir des candidats qui sont soit très liés au secteur corporatif ou du droit, donc qui ont des réseaux très forts, ou surtout des candidats qui sont liés à des partis politiques. Parce qu'en fin de compte, la capacité de monter une équipe et aller chercher des fonds, et même le fait d'avoir déjà des idées, à la suite d'élections provinciales ou fédérales, c’est aussi très important.

Ce déséquilibre entre conseillers sortants et nouveaux candidats relance aussi, périodiquement, la question d’une possible limite de mandats. Chris Moise est favorable à l'idée. Le siège ne vous appartient pas. Vous faites ce que vous pouvez pour aider votre communauté et peut-être qu’après, c’est le temps de passer à autre chose.

Un panneau jaune qui indique l'emplacement d'un bureau de vote dans un centre communautaire de Toronto.

Le vote par anticipation a débuté le 7 octobre à Toronto.

Photo : Radio-Canada

C'est quelque chose d'assez américain comme solution, note Peter Graefe.

Il y a une perte au niveau de la mémoire institutionnelle si les gens doivent partir après huit ans, poursuit le politologue. Mais s’il y a un très grand roulement, cela peut aider soit la bureaucratie municipale à bien contrôler les politiciens, ou à voir d'autres intérêts entrer à l'Hôtel de Ville.

Une autre solution serait de changer la loi électorale au niveau municipal pour laisser la place aux partis politiques. On voit par exemple à Montréal ou à Québec que quand même, il y a cette capacité de faire sortir plusieurs conseillers à la fois quand un parti politique en place perd la confiance des gens.

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