Où est l’appétit des Torontois pour les élections municipales?
L'indifférence semble très répandue chez les Torontois au moment où plusieurs observateurs estiment que John Tory se dirige vers la victoire.

Les Torontois peuvent voter par anticipation du 7 au 14 octobre plutôt que le jour du scrutin municipal, le 24 octobre.
Photo : Radio-Canada / Michael Wilson
À deux semaines du scrutin municipal, les électeurs torontois ont visiblement très peu d'appétit pour la campagne électorale en cours. Du moins, c’est ce que ressentent des candidats sur le terrain alors qu'ils tentent de décrocher un siège à l’hôtel de ville.
Bonjour, je m'appelle Gil, je veux devenir le prochain maire!
Gil Penalosa interpelle les passants dans le quartier The Junction à Toronto. L'urbaniste essaie de déloger John Tory et certains médias l’ont désigné comme le plus proche rival du maire sortant.
C’est dommage qu’il n’y ait pas davantage d’intérêt pour les élections municipales. Elles sont pourtant cruciales
, pense Gil Penalosa sans toutefois se laisser abattre par les pronostics. Il est d’avis qu’une réforme du système électoral pourrait convaincre davantage d'électeurs de s’intéresser aux élections municipales. Or, lors d'une décision controversée, Doug Ford a empêché les villes de la province d'adopter le vote préférentiel.
Il reste que Gil Penalosa s'inquiète du manque d'intérêt des électeurs à l'approche du scrutin du 24 octobre, d’autant plus que la tendance est lourde. En 2018, le taux de participation n'avait atteint que 41 %, un recul par rapport aux 54 % de Torontois inscrits qui avaient exercé leur droit de vote quatre ans plus tôt.
Les résultats n’ont guère été plus glorieux lors de la victoire de Doug Ford, en juin dernier. Le taux de participation a à peine dépassé les 43 %, le taux le plus faible jamais enregistré lors d’un scrutin provincial en Ontario.
Le politologue Peter Graefe ne s'attend pas à ce que la tendance soit inversée cette fois-ci.
Tout indique que le maire sortant John Tory file vers la victoire. Ses adversaires peinent à s'imposer comme des solutions de rechange crédibles.
Selon M. Graefe, la domination de John Tory ne pousse pas les électeurs à la curiosité. Quand il y a ce qui semble être un couronnement en cours, il est normal que cela ait des répercussions. La campagne électorale est beaucoup moins [couverte] dans les médias, donc les gens la suivent beaucoup moins
, indique ce professeur à l’Université McMaster.
« Il ne semble pas y avoir beaucoup [de raisons] pour faire sortir les gens. Je pense que ça s'explique en partie par le fait que cette course à la mairie est peut-être un peu ennuyeuse. »
Pourtant, avec les nouveaux pouvoirs dont hériteront les prochains maires de Toronto et d’Ottawa, le choix est déterminant cette année, estime Peter Graefe.
Selon lui, l’absence de formations politiques au niveau municipal n’encourage pas non plus la participation des électeurs. Les courses à la mairie prennent parfois la forme de concours de personnalités
plutôt que de devenir des débats d’idées. La mobilisation des électeurs est plus difficile qu’au niveau provincial ou fédéral : Il y a moins de machines partisanes qui sollicitent et qui contactent les gens
, rappelle M. Graefe.
« Je n'ai pas vu de candidature où il y avait une organisation capable de vraiment faire face à M. Tory. »
Au quartier général d’Alejandra Bravo, les bénévoles préparent le prochain blitz de porte-à-porte. Cette candidate dans le quartier de Davenport travaille d’arrache-pied pour convaincre les résidents de se déplacer pour voter.
Beaucoup de personnes ne savent pas que le vote va avoir lieu le 24 octobre
, s’étonne Alejandra Bravo. Les pancartes font leur apparition depuis quelques semaines déjà, mais certains électeurs ne se rendent pas compte que le scrutin approche.
Tout le monde pense en réalité qu'il va y avoir peu de participation électorale, et ça, c'est dommage. Ce n'est pas bon pour la démocratie au moment où elle vit une crise ici au Canada.
C’est à nous, les candidats, d'inspirer, et c’est ce qu'on essaie de faire chaque jour avec nos bénévoles
, lance Alejandra Bravo.
À l’autre extrémité de la ville, dans le quartier Beaches-East York, l’entrepreneur Sébastien Auger essaie lui aussi d’accumuler les votes en persuadant ses voisins un à la fois. Jusqu'ici, son aventure électorale lui a permis de constater que le cynisme est bien présent dans sa ville. Il y a beaucoup de choses comme ça : ‘’Qu'est-ce que ça donne, qu'est-ce que ça va changer?’’
, explique-t-il.
« J'espère pouvoir raviver l'intérêt, étant moi-même quelqu'un qui a déjà été pas intéressé du tout. »
Le conseiller municipal, c'est le personnage politique qui est le plus accessible au public
, lance Sébastien Auger. Selon lui, les Torontois ont tout intérêt à participer à la sélection de leurs élus.
Les élections municipales en Ontario auront lieu le 24 octobre.
Les élections en chiffres :
Il y a plus de 1,89 million d'électeurs admissibles à Toronto.
Les Torontois éliront un maire, 25 conseillers et 39 conseillers scolaires répartis dans quatre conseils scolaires.
Au total, 372 candidats ont été certifiés par le greffier municipal.
Les citoyens ont 9 jours pour voter en personne (8 jours de vote par anticipation et le jour même de l'élection).
Le coût de l'organisation de l'élection municipale à Toronto en 2018 : 11,9 millions $.