Mission spatiale DART : éviter l’ultime catastrophe
Dévier un astéroïde avec une sonde spatiale? Jamais dans l’histoire n'a-t-on tenté pareille mission. Mais la NASA compte y parvenir le lundi 26 septembre. L’impact se produira à 11 millions de kilomètres de la Terre et la Québécoise Julie Bellerose sera aux commandes de la sonde.

Illustration de la sonde DART, de la NASA, s'approchant de l'astéroïde binaire Didymos-Dimorphos.
Photo : NASA/Johns Hopkins APL/Steve Gribben
Comment dévier un astéroïde qui menacerait la Terre? C’est la question à laquelle répondra la mission DART. Si tout se déroule bien, une sonde de 570 kilos ira s'écraser sur un petit astéroïde le lundi 26 septembre à 19 heures, 14 minutes et 23 secondes, heure avancée de l’Est.
L'astéroïde visé se nomme Dimorphos. N’ayez crainte. Il ne présente aucune menace pour la Terre. Il fait 160 mètres de diamètre et orbite autour d’un astéroïde cinq fois plus gros. Imaginez. C’est comme si on lançait une voiturette de golf sur la pyramide de Khéops.
« On veut savoir à quel point on est capable de pousser l'astéroïde, de changer son orbite. La communauté scientifique voulait cette mission pour savoir quelles méthodes utiliser pour se défendre. »
L'idée de la NASA, c’est de se préparer au pire des scénarios : la fin du monde. Rien de moins. On l’oublie, mais la Terre est constamment bombardée. L’atmosphère, c’est notre bouclier de protection. Si cette enveloppe gazeuse permet la désintégration d’objets célestes, elle n’est pas infaillible, comme l’a démontré l’extinction des dinosaures.
« Même si aucune menace ne plane sur la planète d’ici les 100 prochaines années, on se dit que c'est quand même mieux d’être préparé. »
La sonde voyage dans l’espace depuis neuf mois déjà. Sa destinée repose entre les mains de Julie Bellerose.
« Notre travail, c'était d'évaluer la trajectoire de la sonde pour s’assurer qu’elle percute sa cible. On n’a pas de GPS pour nous guider. Alors, on fait des calculs et des simulations. Tout le travail de navigation se déroule devant l’ordinateur. »
Étonnamment, durant le voyage, la position de la sonde et de l'astéroïde reste imprécise. La fenêtre d’incertitude fait quelques dizaines de kilomètres. Pas simple comme conditions de tir! Heureusement, durant son voyage, la sonde envoie des photos de sa cible, plus de 130 000 au total. De l’information essentielle pour que Julie Bellerose puisse diriger la sonde vers Dimorphos.
Malgré trois ans de préparation, l’hiver dernier, l’équipe du JPL
a constaté que ses chances de succès n'étaient que de 50 %. Mauvaise nouvelle. Elle a donc dû apporter plusieurs changements, notamment corriger six fois sa trajectoire. Des manœuvres rendues possibles grâce aux propulseurs de la sonde.La semaine dernière, un nanosatellite de conception italienne s’est détaché de la sonde. En retrait, à quelques kilomètres de distance, le petit satellite agit comme un caméraman. Il fournira, en temps réel, des images et des données de l’impact.
La mission de Julie Bellerose et de son équipe se terminera quatre heures avant la collision. À ce moment-là, il sera trop tard pour effectuer une manœuvre de correction. La cheffe de navigation devra donc s’en remettre au système de guidage automatique à bord de la sonde. C’est lui qui prendra la relève jusqu’à l’impact.

La sonde spatiale en route vers un astéroïde.
Photo : NASA
À quelques heures du rendez-vous spatial, on estime à 99 % les chances de succès de la mission. Même si Julie Bellerose réussit ce tour de force, on saura seulement à la mi-octobre si l'astéroïde a été dévié. En ce moment, Dimorphos met 11 heures et 55 minutes pour faire le tour du gros astéroïde. Si la NASA parvient à le dévier, l'astéroïde effectuera son tour plus rapidement, d’une dizaine de minutes à peine.
Le reportage de Danny Lemieux et de Christine Campestre est diffusé à l'émission Découverte le dimanche à 18 h 30 sur ICI Radio-Canada Télé.