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« Pas humain » : des aînés ontariens ne décolèrent pas à l’idée des transferts forcés

Certains croient cependant que la nouvelle mesure est nécessaire pour libérer des lits dans les hôpitaux.

La directive du gouvernement Ford de transférer des aînés hospitalisés vers d'autres types d'établissements suscite des réactions partagées.

Les directives du gouvernement Ford sur le transfert de patients hospitalisés vers des centres de soins de longue durée n’ont rien pour rassurer ses détracteurs. Des regroupements d’aînés craignent que les francophones ne se retrouvent ainsi doublement isolés.

À partir du 21 septembre, les aînés hospitalisés qui attendent une place dans un centre de soins de longue durée devront accepter d’être placés dans un autre établissement, choisi pour eux par le personnel de l’hôpital.

Cet établissement peut se trouver jusqu’à 70 kilomètres de chez eux dans le Sud de l’Ontario et jusqu’à 150 kilomètres dans le Nord, en vertu des directives que le gouvernement a révélées mercredi.

Ceux qui refusent et restent à l'hôpital recevront une facture de 400 $ par jour.

C’est pas mal stupide, commente sans détour Pierre Brochu, président du Club Action de Hearst.

Il explique que sa propre mère a été hospitalisée pendant trois ans avant de finalement obtenir une place au Foyer des pionniers, un établissement francophone de Hearst.

Elle aurait été une des premières à partir, croit-il.

On a été élevés à Hearst et elle aussi. [...] Aujourd’hui, à 94 ans, ils voudraient l’envoyer à 150 ou 200 kilomètres de chez elle! C’est pas faisable. C’est pas humain.

« Ils ont payé des taxes toute leur vie et quand ils arrivent à la fin, on veut leur charger [400 $ par jour]. Quant à moi, c’est vraiment stupide. »

— Une citation de  Pierre Brochu, président du Club Action de Hearst

Le gouvernement indique, dans les lignes directrices publiées mercredi, que les coordonnateurs de placement doivent tenter de respecter les préférences linguistiques, culturelles et religieuses des patients.

Il ne garantit cependant pas que cela se fera.

Peu de choix du côté francophone

Des lits francophones, il n’y en a pas beaucoup, remarque le directeur de la Fédération des aînés et retraités francophones de l’Ontario, Michel Tremblay.

Or, être loin de ses proches et de sa communauté, et de surcroît plongés dans une langue qui n’est pas la nôtre peut être particulièrement difficile pour les aînés, souligne-t-il.

Si on mange chaque jour avec des gens qu’on ne comprend pas, ce n’est pas agréable. On a des activités sociales, il y a des programmes de vie pour que les gens se désennuient. Si tout ça se fait dans une autre langue, ça ne donne pas un milieu de vie agréable.

Des médecins inquiets

Le Dr Samir Sinha, directeur des services de gériatrie du Centre de santé Sinaï et du Réseau de santé universitaire, se dit horrifié à l’idée de brimer ainsi la liberté de choix de ses patients.

J’ai des patients qui m’ont dit qu’ils préféreraient mourir que [...] d’être forcés de passer potentiellement le reste de leur vie dans un endroit où ils ne voulaient pas aller, confie-t-il. Je ne pense vraiment pas que ce soit la bonne approche.

Il décrit l’approche du gouvernement comme de la coercition structurelle qui nuira à la relation entre les patients et les professionnels de la santé.

Techniquement [les patients] peuvent dire non, mais l’alternative qu’ils ont est un hébergement qui leur coûterait probablement plus cher qu’un hôtel Four Seasons [un hôtel de luxe, NDLR].

Des administrateurs d’hôpitaux soulagés

Alors que divers hôpitaux sont aux prises avec d’importants manques de personnel et de ressources, certains administrateurs poussent cependant un soupir de soulagement.

À l’Hôpital régional de Windsor, par exemple, une trentaine de lits sont occupés par des patients en attente d’une place dans un centre de soins ou un autre type d’établissement.

C’est environ 5 % des lits de l’hôpital.

On en a à peu près autant de patients qui attendent dans nos urgences [...] parce qu’ils ne peuvent pas avoir un lit dans une unité, explique le PDG, David Musyj.

Il dit que de plus, dans les trois derniers jours, 11 interventions chirurgicales ont dû être annulées parce qu’il n’y avait nulle part où garder les patients après l’opération.

Nous devons regarder l’ensemble de la situation ici et essayer d’aider tout le monde.

Le ministère de la Santé estime qu’environ 400 lits d’hôpitaux pourront être libérés dans un avenir proche à travers la province grâce à cette mesure.

Il y a environ 6000 lits d’hôpitaux occupés par des patients qui attendent une place dans un établissement autre, incluant des foyers de soins, en Ontario.

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