Woman King est important pour l’avenir des femmes noires à Hollywood, selon Viola Davis

À quelques jours de la sortie du long métrage The Woman King (La femme roi), sa tête d'affiche, Viola Davis, y voit un baptême du feu pour l'avenir des films à gros budget hollywoodiens réalisés par des femmes noires.

Dans un entretien avec l'Agence France-Presse (AFP) qui a eu lieu mercredi, l'actrice oscarisée a dit ressentir une pression considérable, estimant que cette œuvre sera jugée différemment des films réalisés et interprétés en majorité par des personnes blanches.

Avant tout, le film doit rapporter de l'argent, et je suis divisée vis-à-vis de cela. [...] S'il ne rapporte pas d'argent, ça veut dire quoi? Que des femmes noires, des femmes à la peau foncée ne peuvent pas être en tête des recettes mondiales en salle? a soulevé la vedette de la série Murder (Meurtres à l’étude).

Après, ils auront des statistiques, disant que Woman King a fait ça, ça ou ça. Et c'est ce qui me pose problème, a avoué Viola Davis.

Parce que c'est tout simplement faux. On ne fait pas ça avec des films blancs. Quand un film échoue, vous en faites un autre, et encore un autre, a-t-elle ajouté.

L’histoire réelle des Amazones du Dahomey

Le film The Woman King, qui dépeint la vie des guerrières du royaume du Dahomey – situé dans l'actuel Bénin – au 19e siècle, est à bien des égards un saut dans l'inconnu pour un grand studio hollywoodien, dans ce cas-ci Sony.

Viola Davis, seule Afro-Américaine à avoir remporté un Oscar, un Emmy et un prix Tony, a passé six ans à essayer de convaincre des studios réticents de miser sur le projet.

Le film au budget de 100 millions de dollars américains (132 millions de dollars canadiens) est réalisé par l’Afro-Américaine Gina Prince-Bythewood. Il compte sur une distribution majoritairement noire et féminine.

Viola Davis y joue Nanisca, une guerrière chevronnée qui forme la prochaine génération de recrues chargée de lutter contre un royaume rival africain plus puissant et des marchands d'esclaves européens.

L'armée féminine du royaume de Dahomey a d'ailleurs inspiré les combattantes de Black Panther (Panthère noire), un film qui a généré 1,3 milliard de dollars américains (1,72 milliard de dollars canadiens) de revenus dans le monde.

Appel au public

Viola Davis souhaite que le public démontre qu'il est possible d’atteindre un succès commercial, même sans une machine derrière telle que Marvel.

Si vous pouvez dépenser votre argent pour voir Avatar ou Titanic, vous pouvez dépenser votre argent pour aller voir The Woman King, a affirmé l'actrice, oscarisée pour sa performance d'épouse bafouée dans Fences. Et si nous sommes vraiment égaux, alors je vous mets au défi de le prouver.

Le film a été bien reçu à sa première mondiale au Festival international du film de Toronto, le magazine spécialisé Variety louant une démonstration convaincante de la puissance noire avec Viola Davis dans son rôle le plus féroce.

Toutefois, l'actrice a regretté que les scènes de combat du film aient attiré des critiques qu'elle juge misogynes.

Il y a même des gens, parmi la population noire, qui disent : "Ah, c'est un film avec des femmes à la peau foncée; pourquoi sont-elles si masculines? Pourquoi ne sont-elles pas plus jolies? Pourquoi ça ne pourrait pas être une comédie romantique?" a souligné l'actrice à l'AFP.

Si ce film ne rapporte pas d'argent, vous ne nous verrez plus du tout, a dit Viola Davis avec regret. C'est la vérité. J'aimerais qu'elle soit différente.